Critique en avant-première : Benda Bilili ! (par Jango)

Par Jango


Synopsis :

Ricky avait un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo.
Roger, enfant des rues, désirait plus que tout rejoindre ces stars du ghetto kinois qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max. Mais avant tout il faut survivre, déjouer les pièges de la rue de Kinshasa, chanter et danser pour s'évader. Pendant cinq ans, des premières chansons à leur triomphe dans les festivals du monde entier, BENDA BILILI nous raconte ce rêve devenu réalité.

Critique :
Leur histoire est un conte. Un conte loin d’être facile comme ceux de Disney mais un conte quand même. A moins que cela ne soit que le fruit d’un travail acharné…Peut-être un miracle… Il y a surement un peu de tout cela dans l’histoire des Benda Bilili, un groupe de musiciens Congolais qui connaissent aujourd’hui une renommée internationale. Pourtant, le parcours était loin d’être tracé lorsque l’on revient 5 ans en arrière, au moment de la rencontre des deux réalisateurs Renaud Barret et Florent de La Tullaye avec Ricky, fondateur du groupe. Ricky, comme les autres membres du « Staff » de l’époque est handicapé physique. Il écrit des chansons qui parlent de sa vie, de leur vie, de la vie. Les problèmes deviennent des vers, les malheurs des rimes, les joies des refrains.
De ce fourmillement créatif, nos réalisateurs initialement venus pour faire un film sur la musique de rue vont en tomber amoureux. Au jour le jour, leur caméra suit le STAFF Benda Bilili dans leur vie du quotidien. Les conditions de vie semblent misérables vues de nos yeux d’Occidentaux et pourtant, ils font face, avec le sourire et sans jamais se démotiver. Lorsqu’un incendie réduit leur lieu d’enregistrement en cendres, ils rétorqueront que « c’est la vie ». Un fatalisme entrecroisé d’un pragmatisme qui fera et sans effort relativiser nos propres problèmes qui ne peuvent évidemment jamais être mis en comparaison.
Fidèle à sa motivation, le STAFF repart de plus belle avec un projet en tête, faire un CD. Un projet aidé par les réalisateurs qui chercheront des producteurs pour que cet album de 11 titres se fasse. Au fur et à mesure, la machine prend forme. Le son s’enregistre, les répétitions en plein air s’intensifient. Le rêve de l’Europe semble désormais accessible. Le plus jeune du groupe, Roger, joueur de monocorde n’y croit d’ailleurs pas vraiment jusqu’à ce que l’opportunité ne se présente. Que de chemin parcouru...

Le CD « Très très fort » sort et s’est le succès, la tournée démarre. En 2009, ils euphorisent l’une des scènes des eurockéennes, eux, les musiciens de Kinshasa qui deux ans auparavant mangeaient et couchaient dehors. Incroyable ! Brillants sur scène, brillants dans l’image. A tel point que le documentaire fut sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs cette année. L’un des réalisateurs me confiait qu’il avait envoyé la maquette du film sans y croire un seul instant. Mais la magie a une nouvelle fois opéré les propulsant sur le devant de la scène médiatique Cannoise, à la fois pour leur musique mais également pour le film. Une juste récompense.
La caméra des réalisateurs témoignent plus que ne dirige cette aventure de 5 ans. Le montage, au plus proche de la réalité reflète le quotidien sans chercher la mise en scène outrancière. Il n’en est nul d’ailleurs, leur vie suffit à déclencher ce que certains n’obtiennent jamais, une émotion véritable. Partis de rien et arrivés au succès par le travail, la persévérance et beaucoup d’espoir, les Benda Bilili méritent amplement l’accueil qui leur est fait à chacun de leur concert.
Leur histoire, c’est tout sauf du cinéma et c'est à découvrir en salles dès demain !
A venir très prochainement sur le blog, mon interview du réalisateur Renaud Barret et des musiciens du groupe avec Roger (le plus jeune) et Montana le batteur lors d'une rencontre-concert avec l'équipe la semaine passée.

L'album "Très très fort" est disponible sur amazon ou en écoute légale sur Spotify à ce lien : Staff Benda Bilili – Très Très Fort


Sortie officielle française : 8 septembre 2010