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Hyper-, omni-

Publié le 18 décembre 2007 par Omelette Seizeoeufs

Depuis les premières semaines de ce glorieux quinquennat, la presse mais aussi l'opposition, et, dans une certaine mesure la blogosphère de gauche, nous ont habitués à ces appellations pour notre Très Grand Homme (TGH) : hyperprésident, omniprésidence, et même hyperactivité. Quand on les considère sérieusement, on voit bien qu'ils renvoient au débordement de la fonction présidentielle et à l'usurpation de la plupart des rôles traditionnellement réservés au gouvernement. Dans un univers "normal", ces termes auraient été des critiques, autant de rappels d'une dérive potentiellement dangereux et sûrement anti-démocratique de notre chef d'état.

Ces termes évoquent aussi l'appétit médiatique du TGH, sa capacité à occuper en permanence le devant de la scène, d'éclipser quiconque qui oserait rivaliser avec sa Sainte Grandeur. (Il reste des choses à dire sur la religiosité de Sarkozy.) Dans un univers normal, le fait d'ainsi caractériser le comportement du président constituerait aussi une critique.

Le problème, évidemment, c'est que nous ne sommes plus dans un univers normal. Nous vivons désormais dans un cirque médiatique où l'image a pris définitivement le dessus sur la réalité, où Bruni peut, incroyablement, servir de contrepoids à Kadhafi. Quand on le dit avec des mots, c'est complètement ridicule, mais dans l'enchaînement des images cela passe très bien, cela fonctionne même à merveille.

Et dans cet univers, dire que le président est un "hyperprésident" ou qu'il instaure "l'omniprésidence", ou même, dans un rare instant de perspicacité hollandienne, dénoncer "le coup d'éclat permanent", ce ne sont plus des critiques, mais des hommages. Quand nous disons hyperprésident, nous rendons hommage à la puissance du Lider, nous réaffirmons sa toute-puissance médiatique, nous confirmons la perception populaire que "Sarkozy, il bosse". Car, comme dans la grande distribution, il vaut mieux, désormais, être hyper- que bêtement super-.

La résistance en images doit se concentrer sur des significations anti-médiatiques, qui brisent les superlatifs. Dire que Kadhafi a "humilié" Sarkozy, ça fait mal. Du coup il sort Carla. A ce titre, il faut saluer Libé pour leur papier sur les techniques sarkozyënnes pour manipuler l'actualité en ramenant le débat sur la personne du président, sur sa vie privée. Ce type d'analyse peut, aussi, faire mal, car elle nous sort des expressions permanentes d'un étonnement devant Sarkozy qui, pour finir, renforce son pouvoir. Mais quand lirons-nous dans la presse que Sarkozy est un beauf?


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