Ils sont nombreux, les artistes et groupes britanniques à vouloir tenter de faire revivre les années 1980. Si, pour le public lambda qui ne s’intéresse pas particulièrement à la musique pop et à son histoire, années 80 rime souvent avec Africa, Eve Lève-toi et Rouge & noir, l’héritage de cette décennie est pourtant immense et va au-delà des soirées karaoké.
Outre-Manche, les références ne sont pas les mêmes. Alors, bien sûr, eux aussi ont eu droit à leurs Rick Astley ou à leurs Samantha Fox qui, s’ils ont à coup sûr marqué leur époque, reviennent assez peu fréquemment dans les sources d’inspiration des artistes actuels. Tout le contraire de groupes comme les Pet Shop Boys, Orchestral Manœuvres in the Dark (qui prépare activement son retour), Depeche Mode, ou pour les non-Britanniques, A-ha, Alphaville…
Dans ce revival 80’s, certains artistes s’empêtrent complètement dans la caricature d’une décennie. D’autres parviennent à s’en inspirer, s’y baigner, et n’en sortir que le meilleur. C’est le cas de Hurts, duo atypique que nous suivons depuis plusieurs mois, sur Hall-Musique, en attendant avec hâte leur premier opus : Happiness. Hurts, c’est Adam et Theo, deux garçons debouts derrière un synthé et un micro, comme à la grande époque des Pet Shop Boys. Un charisme sans fioriture. Des mélodies puissantes et imparables.
L’album s’ouvre avec Silver Lining, certainement une de ses chansons les plus puissantes. Mêlant musique classique, opéra, et sonorités électroniques dans un ensemble très froid, quasiment glacial, Silver lining était, très clairement, le meilleur choix pour ouvrir l’album tant cette chanson en est représentative. Et ce ne sont pas les premières notes de Wonderful life qui diront le contraire. Gros tube européen (Allemagne, Autriche et Suisse lui ont fait un pont d’or vers les sommets des charts, le Royaume-Uni est plus sceptique), Wonderful life s’est très rapidement imposé comme un des incontournables de l’année 2010. Racontant l’histoire d’un homme désespéré, sauvé par l’amour (oui, c’est beau), Wonderful life est de ces titres qui ne sacrifient pas le sens et la beauté des paroles sur l’autel de l’efficacité musicale. Certainement une des plus belles pop songs de ces dernières années, osons le dire. On aurait pu croire qu’après un Wonderful Life, Hurts aurait du mal à remplir un album avec des chansons aussi puissantes. Et pourtant…
Happiness est en fait un concentré de mélodies poignantes, autour de paroles tantôt sombres, tantôt pleines d’espoir. Des paroles qui tombent parfois dans la facilité (Stay est rempli d’un certain nombre de petits clichés-oh-c’est-triste : la pluie qui tombe, le monsieur qui est triste dans son pardessus et demande à la madame qui s’en va froidement, de rester, tout ça...), mais c’est tellement rare que l’on passe dessus sans s’y arrêter vraiment. Parmi les ballades, on signalera sans aucun doute Blood, tears and gold, Illuminated, le merveilleux Unspoken (avec son passage instrumental complètement jouissif), Evelyn ou encore Devotion. Avec un petit bémol pour ce dernier titre, cependant. Là où beaucoup de personnes s’attendaient à un véritable duo avec Kylie, permettant à cette dernière de faire un clin d’œil à son ère Impossible princess, Devotion s’avère finalement être un vrai featuring, avec ce que cela implique principalement : une participation limitée de Kylie. Mais l’argument commercial est là, cette chanson doit donc absolument être un single. Et puis au-delà de ça, avoir Kylie sur son premier album, c’est déjà la grande classe, mais inviter Kylie sur un titre aussi somptueux, c’est le petit diamant sur la bague en or massif.
Attention cependant, Happiness n’en oublie pas les petits uptempos bien efficaces. Better than love est connu depuis longtemps, Sunday est tout aussi démoniaque. Il est juste dommage que l’équilibre « ballades » / « uptempos » n’ait pas été un peu plus respecté, car dans les deux cas, le tandem fait de très belles choses.
Voilà donc pour cette longue critique d’un album qui m’a, vous l’aurez compris, complètement convaincu, là où Wonderful life avait déjà mis la barre très haute. Si le public ne s’y trompe pas, c’est un avenir radieux qui s’annonce, pour le groupe. Et si le public s’y trompe, et bien tant pis pour lui : il passera juste à côté d’un bijou.
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