Vendredi dernier, nous avions rendez-vous dans les locaux de Sony pour la présentation de la nouvelle gamme. Clairement orientée haut de gamme, dans la philosophie de Sony, le marché français va bientôt accueillir deux nouveaux readers, le PRS-350 et le PRS-650 (respectivement, le Pocket Edition, 179€ et le Touch Edition, 249€). Ils remplacent les deux modèles du même nom et auront fort à faire : réaffirmer la place de Sony et montrer son savoir-faire technologique, en particulier avec ce nouvel écran tactile dont nous vous parlerons en détails.
En Europe, ainsi qu’en France, Sony reste leader sur le marché des readers. Visiblement peu inquiété par la concurrence (sauf une arrivée éventuelle d’Amazon…), Sony présente une gamme dans la droite lignée de ses quatre précédentes générations de readers. Une gamme mature qui devrait particulièrement séduire les consommateurs européens. Passage en revue.
Un design qui a fait ses preuves
Le Sony Reader Touch Edition (PRS-650)
Sony est toujours une marque de référence en design. Depuis les premiers readers de la marque, cette griffe est sensible. En effet, Sony a longtemps été l’un des seuls fabricants de readers à faire du design un argument de vente. Le PRS-350 et le PRS-650 sont dans cette lignée. Le Touch Edition ressemble à s’y méprendre à l’ancienne génération même si quelques éléments font la différence : les boutons en bas de l’écran ont été revus, les coloris ont été améliorés, le rouge est moins criard et le noir très masculin, tandis que l’argenté convaincra un maximum d’utilisateurs. Même éteint, le nouvel écran E-Ink Pearl surprend, avec un ton gris peu habituel sur les Vizplex de nos readers. Patience, nous allons y venir.
Le reader le plus surprenant est sans aucun doute le PRS-350, ou Pocket Edition. L’adoption d’un écran tactile a permis de faire disparaître le pad de navigation qui occupait une bonne partie de la face avant du reader. Le Pocket Edition est étonnamment léger, Sony nous ayant habitué à des readers souvent plus lourds, et denses, que le reste du marché. Ce nouveau modèle fait aussi bien que le reader de référence pour les “poids-plume”, le Cybook Opus, avec seulement 155 grammes sur la balance.
Le dos en plastique caoutchouteux est renforcé par une coque avant en aluminium au toucher agréable. Avec une bonne prise en main, le Pocket Edition renvoie une vraie impression de solidité qui n’a pas été tout le temps au rendez-vous chez Bookeen. En revanche, les coloris proposés sont au nombre de trois (contre 8 pour l’Opus) : bleu nuit, argent et rose. Un appareil déjà séduisant, qui le devient encore plus après un premier essai de son nouvel écran tactile.
Sony et le tactile, un deuxième essai réussi
On peut laisser entendre beaucoup de choses avec un communiqué de presse vague : “un meilleur écran”, “moins de reflets” etc. Pourtant, une fois les premiers appareils livrés, le défaut (si il y a) ne pourra pas être longtemps caché.
Alors, reflets ou pas reflets, sur cette nouvelle gamme de readers Sony? Le firme japonaise a-t-elle écouté les remarques de ses utilisateurs? Et bien cette fois-ci, Sony a réussi à concevoir un écran tactile sans reflets et sans perte de contraste.
Depuis quelques temps, Sony s’est penché sur l’intégration d’interfaces tactiles sur des écrans en papier électronique. Après un premier essai mitigé (pour le PRS-600), ses équipes ont travaillé d’arrache-pied sur une solution innovante, sans devoir se séparer de son fournisseur d’écran d’origine, E-Ink. D’autant plus que la dernière génération d’écran E-Ink, les fameux Pearl, a de quoi séduire, avec un contraste en nette amélioration et une vitesse de rafraîchissement étonnante. Sony a donc développé sa propre solution tactile qui peut s’adjoindre à n’importe quel écran E-Ink.
Pas d’écran résistif ni capacitif (comme sur les écrans SiPix) mais un système à base de rayons infrarouges. En effet, l’écran E-Ink est entouré d’une bordure noire visible sur l’image ci-dessus. C’est à l’intérieure de celle-ci que se trouve l’ensemble des capteurs infrarouges qui permettent de contrôler le reader, au doigt ou au stylet. Le résultat est bluffant, la réactivité est vraiment au rendez-vous. De plus, cette technologie permet de ne pas avoir d’impact sur la qualité d’affichage de l’écran epaper Pearl. D’ailleurs, Sony est le premier fabricant à proposer, en France, un reader équipé du nouvel écran E-Ink.
Qui dit absence de surcouche tactile, veut aussi dire absence de reflets. En plein soleil, l’écran est parfaitement lisible, comme n’importe quel autre écran en papier électronique. Quoiqu’en dise Amazon, il est aujourd’hui possible de faire un reader tactile avec un écran en papier électronique. Le contact avec l’objet est bien plus agréable qu’avec un reader à boutons (souvent nombreux sur les anciens readers Sony). Les habitués aux appareils tactiles Apple apprécieront aussi cette nouvelle interface réactive avec une qualité d’affichage hors-pair. Rien de mieux qu’une vidéo (en HD s’il vous plaît!) pour se faire un avis.
Un logiciel remis à neuf
Autre nouveauté de cette gamme 2010, une révision du logiciel interne. Très attendue, elle touche plusieurs fonctionnalités du programme. On garde le style Sony (certains préféreront les interfaces de Bookeen) et on peaufine certains éléments qui nécessitaient une mise à jour.
L’écran d’accueil est réorganisé. La dernière lecture s’affiche désormais en haut de l’écran, pour reprendre le fil d’un glissement de doigts. La catégorie Collections et Notes ne changent pas mais apparaît une nouvelle section appelée Applications. Attention, il s’agit que d’une catégorie dans laquelle on retrouve les images stockées sur le reader (qui s’affiche lors de la mise en veille du reader) et les notes manuscrites. La section Périodiques laisse également songeur au premier abord mais il s’agit uniquement d’une partie à destination des utilisateurs américains. En effet, le Sony eBook Store propose à l’achat des quotidiens et des magazines. Pour l’instant, aucun projet de ce type est prévu en France donc l’onglet restera vide (à moins que l’on puisse glisser ses journaux en PDF grâce au stockage de masse en USB).
L’outil de prise de notes a aussi été mis à jour. Il est plus stable qu’auparavant et on navigue de manière plus fluide dans un ouvrage lourdement annoté. L’export des notes est toujours possible, avec comme format de sortie un fichier RTF comprenant un extrait et la note associée. L’écran Pearl, plus réactif permet de surligner en toute facilité. Il n’y a plus de temps de retard lorsque l’on passe le stylet sur le texte. On attend de pouvoir tester ce système de manière plus intensive, tout comme la prise de notes sur PDF.
Désormais, la création de collection se fait directement depuis le reader. Plus besoin de passer par le logiciel de bureau (PC/Mac) Sony eBook Library qui est assez instable (ou Calibre pour les amateurs). D’ailleurs, un mise à jour de Sony eBook Library serait dans les tuyaux… On l’attend avec impatience. En attendant, le Touch et le Pocket Edition peuvent être des appareils quasiment autonomes, sauf quand il s’agira de remplir le reader d’ebooks.
Au niveau du moteur de lecture, Sony a intégré Adobe Reader Mobile qui propose un rendu suffisant des ebooks actuellement commercialisés. L’ergonomie est au rendez-vous avec une fonction de défilement rapide encore bluffante avec le nouvel écran Pearl. De plus, les plus observateurs auront déjà remarqué que le texte est maintenant justifié sur les readers Sony. Il n’est jamais trop tard !
Enfin, l’outil dictionnaire est particulièrement bien intégré. En tapant deux fois sur le mot, le dictionnaire apparaît. Il est dommage qu’il n’y ait pas de dictionnaire français mais seulement un bilingue anglais vers français (et les autres langues supportées par le reader). En attendant l’arrivée d’une éventuelle mise à jour, l’intégration du dictionnaire est réussie et performante (notamment l’outil de recherche dans le dico).
Malheureusement, l’ensemble de ces nouvelles fonctionnalités logicielles n’arriveront pas sur les anciens readers de Sony. Dommage car si les PRS-505 ou PRS-300 semble un peu ancien ou mal optimisés pour la nouvelle interface, le PRS-600 aurait connu une nouvelle jeunesse avec ce nouveau système. Visiblement, les changements hardware (en particulier au niveau du processeur et de la mémoire, améliorés sur le PRS-650 et le PRS-350) ne permettent pas la mise à jour.
Une gamme réussie mais sans WiFi/3G et offre d’ebooks liée
Nous devons avouer que nous étions dubitatif à l’arrivée de cette nouvelle gamme mais, en ayant pu tester les readers, nous avons été très agréablement surpris. Malgré tout, ils ne sont pas exempts de défauts. Tout d’abord, l’absence de connexion sans-fil. Ni WiFi, ni 3G pour le Touch Edition. Si vous cherchez un reader connecté, l’Orizon de Bookeen sera une meilleure alternative et un concurrent direct du reader haut de gamme de Sony. De plus, Sony ne propose pas d’accès direct à une librairie numérique. Les utilisateurs devront donc se contenter du processus habituel (et souvent fastidieux) de se rendre sur une boutique en ligne, acheter l’ebook puis passer par Adobe Digital Editions pour le transférer sur le reader. Si le Daily Edition finit par arriver en France, nous aurons alors un reader Sony connecté directement à une offre de contenu. En attendant, si vous cherchez un reader de ce type, il faut se rabattre sur le Kindle ou le futur Orizon…
Cependant, c’est sur le créneau entrée de gamme que Sony frappe fort avec le nouveau Pocket Edition. Il a toutes les fonctionnalités du Touch Edition (sauf le port mémoire, mais avec 2Go de stockage, cette absence ne se fera pas ressentir, et le lecteur MP3). Vendu à seulement 179€, il séduira facilement. A côté du Cybook Opus, l’écran tactile du PRS-350 sera pour beaucoup un meilleur choix. Bookeen va donc devoir riposter et continuer à baisser ses prix pour s’aligner sur celui de Sony. A moins que le patriotisme économique protège l’entreprise français. Rien n’est moins sûr car Sony propose un reader plus séduisant, complet et abordable. Il ne manque plus qu’une puce 3G et il serait parfait… Mais pour cela, il va falloir encore attendre…
D’ailleurs pour avoir le Touch Edition et le Pocket Edition entre les mains, il va aussi falloir attendre quelques semaines. Il devrait être en stock et référencé chez les distributeurs d’ici la fin du mois de septembre. Les plus impatients peuvent déjà précommander le reader sur le site de Sony France à cette adresse.
convaincant…
reste à surmonter l'amertume des 440 dollars payés il y a exactement 12 mois pour le PRS-600 dépassé…
et pourtant avec quelques centaines d'heures lecture dense au quotidien toute cette année Québec où il a constitué ma bibliothèque principale
Effectivement, nous qui avons acheté un PRS-600, et bien, on se retrouve B..ananés.
Je ne suis pas prêt de racheter un produit Sony. MA batterie a une autonomie lamentable, dont les performances se sont effondrées au fil de l'utilisation.
Alan: September 7, 2010 at 19:42Je trouve que ça reste un peu cher. J'avais sauté l'occasion d'une promo Fnac pour un prs-505 à 150 €. 250 € c'est plutôt le prix que je serais prêt à payer pour le Daily Edition mais celui-ci n'est même pas commercialisé chez nous…
Des Esseintes: September 7, 2010 at 20:11Merci pour cette présentation exhaustive en langue française.
Certaines fonctionnalités me séduisent, comme le nouvel écran au contraste amélioré et les dictionnaires bilingues. Dommage qu'un dictionnaire français ne soit pas intégré. Il me semble que le corpus du Littré est désormais libre de droit ; même si ce dictionnaire est quelque peu désuet, il apporterait une plus-value littéraire appréciable à ces appareils. Un partenariat avec Le Robert serait très agréable aussi. Le dictionnaire bilingue me permettrait en revanche d'affronter la littérature anglophone avec plus de courage.
L'interface tactile me laisse en revanche perplexe. Les diodes infra-rouges situées en bordure consomment nécessairement de l'énergie, et je n'ai guère confiance dans les communiqués officiels qui en minimisent l'impact sur l'autonomie finale. C'est à l'usage que la vérité surgira. Les traces de doigts liées à cette interface sont cependant inévitables, ce qui gâte le plaisir de la lecture à mon sens, déjà compromis avec l'encre électronique (faible définition, contraste au mieux moyen, texte mal composé).