Guillaume de Thieulloy, directeur des 4 Vérités-Hebdo, et Muller Edition, ont eu la bonne idée de publier en un recueil de quelque 330 pages l’intégralité des chroniques données à ce journal, depuis le 13 novembre 1999, par Christian Lambert, ancien ambassadeur de France.
On est tout d’abord frappé, en relisant ces textes, de leur pertinence, même plusieurs années après leur rédaction. Même si les situations évoquées ont évidemment un peu changé.
Le premier article donné au journal concernait l’ex-Yougoslavie, où Christian Lambert avait été ambassadeur (1992-1993) et chef de la délégation française au sein de la Mission européenne de contrôle. Il considérait comme «justes» les bombardements de l’OTAN sur Belgrade. Position qui n’était certainement pas partagée par la majorité des lecteurs…
Sur tous les autres sujets qu’il a ensuite abordé, je crois pouvoir dire qu’il a toujours été en phase avec la sensibilité de droite libérale des 4 Vérités-Hebdo.
Sa collaboration fut d’abord assez espacée. Et portait sur des sujets pour lesquels sa compétence était d’ordre «professionnel». Une chronique le 4 octobre 2000 sur la France vue par les étrangers : nous nous imaginons souvent être admirés par tous ; nous sommes en fait regardés avec méfiance, avec nos grèves à répétition et nos ministres communistes (à l’époque). Une autre le 30 juin 2001 sur la décolonisation : la faillite de tous les régimes issus de l’indépendance explique la pression de plus en plus forte des Africains à émigrer en Europe. Le 24 novembre 2001 : «il sera très difficile de reconstruire l’Afghanistan»…
A partir de 2002, ses chroniques portent aussi bien sur la situation internationale que sur la situation intérieure. Si le bilan de notre pays est si désastreux, c’est à cause de la médiocrité de notre personnel politique… (qui «pratique une mauvaise gestion, une démagogie permanente, un aventurisme financier affairiste, et qui cède à toutes les revendications syndicales» (25 février 2009).
Depuis que ces chroniques ont été écrites, la situation analysée par l’auteur a sans doute évolué, mais pas dans le bon sens, plutôt dans celui des Cassandre… comme l’ambassadeur Lambert !…
Dès l’élection de Nicolas Sarkozy, il avertit ses lecteurs : «Le président ne pourra pas tenir le dixième de ses promesses sans augmenter encore les impôts» (27 juillet 2007). «La guerre ethnique est engagée» (19 septembre 2007). «L’Europe va disparaître» sous l’effet de l’immigration ( 12 décembre 2007).
Le 9 avril 2008, il pose la question politique la plus grave : «Qu’a-t-on fait» (depuis 2007) ? Rien ! «Sinon quelques réformettes tellement compliquées que seuls les experts peuvent les comprendre»… Et de préciser, le 10 septembre 2008 : la sécurité, où est la réforme ? Fiscalité, où est la réforme ? Immigration, où est la réforme ? Emploi, où est la réforme ?
Le 15 octobre 2008 : «Cette crise financière va accélérer la paupérisation de la France qui, depuis des décennies, vit bien au-dessus de ses moyens»…
Le 12 novembre 2008, sur Obama : «Il y a quelque chose de pitoyable et de pathétique chez ceux qui mettent tant d’espoir dans un homme parce qu’il est noir»…
Chacun des textes repris par cet ouvrage conserve, hélas ! une actualité parfaite. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. Et les causes du mal français restent les mêmes, avant ou après Sarkozy : l’extrême complexité d’un Etat tentaculaire ; le poids d’une fiscalité multiforme et écrasante ; la fin de l’identité française, avec la perspective d’une France à majorité africaine, orientale et musulmane.
Comme on lui faisait un jour remarquer que le constat établi n’était pas très réjouissant, et les perspectives d’avenir qui en résultaient pas optimistes, l’ambassadeur Christian Lambert répondit qu’il n’envoyait pas ses articles à un journal qui s’appellerait «les 4-mensonges»…
Vous avez déjà lu ces textes, au fur et à mesure qu’ils ont été publiés ? Les relire aujourd’hui vous permettra de vérifier leur pertinence. Vous en prenez connaissance pour la première fois ? Vous conviendrez avec moi que Monsieur Christian Lambert exprime mieux que personne dans la presse française, ce que pense et ce qu’attend le peuple de droite. Ce qu’il pense et ce qu’il attend (ou attendait) de Nicolas Sarkozy. Tout en considérant qu’avec la gauche ce serait pire, simplement d’une couleur rouge un peu plus foncée…