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Réforme hospitalière : le piège des élections municipales
Publié le 26 décembre 2007 par Christophe Laurent
Le président de la République Nicolas Sarkozy a confirmé lors d’une déclaration lundi 24 décembre que la réforme et le financement
des hôpitaux seraient l'une des priorités de l'année 2008.
Il a visité lundi en cette veille de Noël, presque de manière symbolique, pendant environ une heure l'hôpital parisien
Necker-Enfants malades (AP-HP) au moment même où les personnels hospitaliers manifestent leurs inquiétudes au sujet des d'heures supplémentaires effectuées et non payées à l'hôpital (environ 23
millions ! les personnels hospitaliers auraient-ils anticipé le slogan cher au chef de l’Etat ?)
Les médecins urgentistes ont appelé à une grève illimitée à partir de lundi soir sur cette question et pour obtenir une revalorisation des gardes, laquelle si elle se voulait symbolique n’en a
pas moins permis de pointer le cœur du problème : l’argent. En effet, selon Roselyne Bachelot, ministre de la santé, a annoncé disposer d’une enveloppe budgétaire de 572 millions d’euros,
annonce que les syndicats se sont empressés de dénoncer compte tenu de la situation budgétaire des hôpitaux publics lesquels depuis la réforme de leur financement (mise en œuvre progressive de la
tarification à l’activité et alignement entre le financement du secteur public et du secteur privé) sont pour leur grande majorité passés en situation déficitaire. Cette situation conduit bien
évidemment les établissements à reculer leurs projets d’investissements mais aussi parfois à devoir faire des annonces symboliquement fortes comme la suspension de la prise des journées de RTT,
sans évoquer que ces situations qui se multiplient relèveraient dans le domaine public de la cessation de paiement.
Dans ce contexte, l’annonce du chef de l’Etat : « En 2008, la question de la gouvernance des hôpitaux, des moyens de l'hôpital et de la carte hospitalière sera une question
prioritaire » relève de la provocation auprès des professionnels ou de l’inconscience politique auprès des élus qui siègent aux conseils d’administration des hôpitaux publics qui mesurent
chaque jour les difficultés de gestion des hôpitaux, en cette veille des élections locales.
Dans ces conditions, comment croire à ses effets d’annonce : « je consacrerai tous mes efforts, toute mon énergie, à donner à l'hôpital les moyens de son développement et de son
ambition, à donner aux personnels la rémunération naturelle qu'ils méritent en fonction des efforts qui sont les leurs et qui sont grands » ?
Au passage, on constatera une nouvelle fois de la difficulté de communiquer sur l’hôpital quand Nicolas Sarkozy a annoncé souhaiter que « sur l'ensemble du territoire national il y ait la
meilleure carte hospitalière possible », semblant là aussi contredire les propos de son ministre de la santé (cf. Réforme
hospitalière : le poker menteur !)
Le Monde – article « Les médecins urgentistes menacent de durcir le mouvement social déjà
fort »