C’est immédiat. On ne sait pas comment ça vient. On se dit que c’est le batteur qui impose son rythme en nous. Et puis, on entend cette voix féminine qui vient poser des mots rares dans le rock et qui vous prend là et vous secoue, parce que les mots sont portés par cette énergie profonde qui monte du sol. Et le guitariste, d’abord discret, fait entendre le son qui s’envole, et l’attrape par le poignet qu’il lève au-dessus des têtes. Pas de complaisance dans ce jeu. Nehr crée une musique qui ne cherche pas la connivence et ne s’aligne pas sur les modèles. Ce trio fait vibrer ses sonorités et ses mots en chacun de nous, et j’entends : Laissez-moi, restez… Chaque jour comme le dernier… Dégage moi de là… Dégage toi de là… Rien ne change, tu n’es que de passage… Concentre toi là où le soleil ne va pas… S’il y a de l’obscur dans cette transe moderne, c’est le monde qui est obscur. Dans la puissance de ce groupe, on entend une poésie originale, une musique tellurique. Pour preuve, un de leurs titres, Rester, est l’anagramme de Terres.