Herbie Hancock - "Secrets" 1976 Columbia

Publié le 07 septembre 2010 par Audiocity

Quelle belle et enrichissante période que celle des années 70. Le jazz et ses prinicipaux représentants, sous l'influence des nouveaux courants émergents tels que le rock, le funk, ou le R&B, tentent alors d'imprégner leurs musiques de toutes ces nouvelles sonorités qui cartonnent auprès du public et qui sont très appréciées par la jeune génération qui trouve en elles une nouvelle forme d'expression communicative, libertaire, et festive, faisant de groupes tels que Sly & The Family Stone, Bob Dylan, Jimmy Hendrix ou James Brown, les nouveaux porte-paroles d'une jeunesse à peine libérée du carcan conservateur et passéiste qui régnait jusqu'à la fin des années 60.

Le jazz n'échappe pas à cette révolution. Les ventes s'essouflent, et certains artistes sentant le vent changer, et soucieux de voir les ventes de leurs albums remonter, entrent à pieds joints dans la danse. Forts de leurs connaissances musicales variées et suffisamment ouverts d'esprit, ils produisent pour l'occasion quelques chefs-d'oeuvres rythmiques que les critiques qualifient déjà de fusion, mêlant leurs influences classiques avec le funk ou le rock, et n'hésitant plus à user d'artifices électriques avec l'emploi de claviers modernes (ARP Odyssey-Minimoog-Fender Rhodes) ou de guitares saturées.

Herbie Hancock sera de la partie, notamment depuis la parution de son tryptique publié par Warner entre 69 et 71 (Fat Albert Rotunda-Mwandishi-Crossings), mais également au sein du très groovy Headhunters de 1973, qui s'imposera rapidement comme un groupe de référence à l'origine de beaucoup de vocations chez les jeunes musiciens d'hier et d'aujourd'hui.

Pour vous parler de ce pianiste de génie qu'est H.Hancock (il joue son 1er concerto, le N°5 en ré majeur de Mozart à 11 ans, et découvre durant son adolescence les subtilités du jazz en reprenant certaines compositions de ses artistes préférés comme Oscar Peterson, Wynton Kelly, ou Bill Evans), décider de savoir par ou commencer n'a pas été évident. Finalement, parmi les nombreux disques que je possède de lui, mon choix s'est porté sur "Secrets", album publié en 1976 par Columbia. Contrairement à d'autres albums écrits un peu plus tôt ("Thrust"-"Sextant"), albums quelques peu expérimentaux mais qui n'en sont pour autant pas moins réussis, "Secrets" se veut plus abordable. A l'exception du batteur Harvey Mason remplacé par James Levi, on retrouve les musiciens de Headhunters (Bennie Maupin au sax et Paul Jackson à la basse), ainsi que le très funky guitariste Wah Wah Watson épaulé par Ray Parker, également à la guitare.

Aucune réelle surprise donc pour ce nouvel opus de 7 titres d'une durée de 48 minutes. Les connaisseurs ne seront pas étonnés de retrouver un thème déjà abordé mais revisité pour l'occasion (Cantaloupe Island), et les novices apprécieront la fraicheur et la qualité du travail bien fait que nous propose la formation. Rythmé, entrainant et funky, tout y est. Un cocktail idéal pour booster le corps et l'esprit. J'aime particulièrement le jeu du bassiste Paul Jackson, toujours aussi efficace et à la pointe de la groovitude, capable de faire se trémousser n'importe quel auditeur de ses riffs sourds et saccadés. Herbie se fait plaisir en utilisant pas moins de 10 claviers différents joués en parfaite harmonie rythmique avec le batteur et la basse, truffés de gimmicks survoltés et frénétiques dont il nous a déjà habitués avec le Headhunters. On regrettera tout de même le côté commercial qui se dégage de l'ensemble, pas vraiment dérangeant à l'écoute mais manquant par moments de quelques complications d'arrangements pour obtenir un album idéal (sutout quand on connait les capacités du groupe). Toutefois, en considérant la carrière ultra productive du pianiste, j'aurai très bientôt l'occasion de revenir sur d'autres disques, souvent différents, mais tout aussi intéressants et jouissifs.

Avant un éventuel achat, plus d'écoute ici.

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