Ce daguerréotype (H. 12,7 ; L. 10,4 cm) de la révolution de 1848, d'un intérêt patrimonial exceptionnel, a été prise au cours de l'une des quatre journées de Juin qui firent plusieurs milliers de morts à Paris, parmi les insurgés et les forces gouvernementales. On connaît sa datation précise et le nom de l'auteur (un amateur habitant le quartier Popincourt ?) en se référant à la reproduction sous la forme de gravures sur bois parue dans L'Illustration du 1er-8 juillet 1848 et dans un numéro spécial de la revue Journées illustrées de la révolution de 1848, publié en août 1848.
Avec une autre image du même auteur datée du 25 juin 1848, cette scène passe pour avoir été la première illustration photographique d'un reportage dans les journaux. Sur l'image, les personnages vus de loin deviennent de simples petites taches sombres, comme assez souvent dans les photographies de l'époque. Cette représentation a certainement marqué, a leur insu, la vision des peintres qui allaient aborder leur métier vers le milieu des années 1860, qu'ils soient ou non d'avant-garde. Telle est sans doute la principale dette de la peinture envers la photographie au XIXe siècle. Elle est cependant difficile à cerner, car les artistes nés au moment de l'invention du médium photographique ne pouvant se souvenir des multiples images qui ont frappé leur oeil dans leur enfance et leur adolescence, sont muets sur ce sujet et franchement dédaigneux à l'égard de la photographie.
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