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France : le suicide par l'impôt.

Publié le 07 septembre 2010 par Copeau @Contrepoints
France : le suicide par l'impôt.

« Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts, moi. Si on veut augmenter les impôts dans notre pays, il y a tellement de candidats pour les augmenter, vous aurez l'embarras du choix aux prochaines élections ! » Telle était l'annonce tonitruante lancée par Nicolas Sarkozy le 17 mars 2009 devant les ouvriers de l'usine Alstom d'Ornans (Doubs).

Malheureusement, comme le souligne l'expression si souvent usitée par les hommes politiques français : les promesses n'engagent que ceux qui y croient. C'est dans ce cadre que le gouvernement a annoncé il y a une dizaine de jours que dix milliards d'euros de recettes supplémentaires allait être trouvée au gré de la réduction de nombreuses niches fiscales. Certes, le sacro-saint principe de la non-augmentation des impôts se voulait apparemment préservé. Cependant, personne n'est dupe et chacun sait que supprimer les niches fiscales revient mécaniquement à aggraver la pression fiscale. Pour autant grâce à des efforts considérables de marketing, la pilule est plus ou moins passée sans trop de difficultés.

Fort de ce « succès », une nouvelle étape a donc été franchie cette semaine, avec l'annonce d'une augmentation des ponctions sur les assurances pour un montant d'au moins 3,2 milliards d'euros. Cette fois-ci, la dissimulation est évidemment beaucoup plus difficile et les Français commencent à comprendre que lorsqu'on leur parle de réduction des niches, il s'agit bien d'une augmentation pure et simple de la ponction fiscale.

Pourtant, comme si cela ne suffisait pas, le Ministre du Budget, François Baroin, en a rajouté une couche, en annonçant qu'après les élections présidentielles, les impôts allaient forcément augmenter. Il se rapproche ainsi de la position du parti socialiste qui, en cas de victoire en 2012, prévoit d'augmenter massivement les impôts sans réduire les dépenses publiques. En d'autres termes, si certains Français osaient encore ne pas y croire, c'est désormais une certitude : après 2012, quelle que soit l'issue des élections présidentielles, la France se lancera dans une phase d'augmentation de sa pression fiscale.

Dans la mesure où cette dernière est d'ores et déjà l'une des plus élevées du monde, il est de notre devoir, en tant qu'économistes indépendants, de souligner que cette perspective constitue un important danger pour l'avenir de notre « douce France ». En effet, depuis une vingtaine d'années, les différents gouvernements français ont apporté la même réponse à l'ensemble des problèmes économiques hexagonaux : une augmentation conjointe des dépenses publiques et de la pression fiscale. Et même lorsque l'on a voulu baisser certains impôts, par exemple l'impôt sur le revenu, sous la présidence de Jacques Chirac, cette baisse a été plus que compensée par une augmentation des autres impôts et taxes, notamment sur le plan local et régional.

Bien loin des promesses de lendemains meilleurs, les résultats de cette politique laxiste et court-termiste sont sans appel. Tout d'abord, la croissance structurelle a fondu comme neige au soleil, passant de 2,5 % en 1990 à environ 1,5 % aujourd'hui. Ensuite, le taux de chômage structurel est resté élevé, aux alentours des 9,5 %, et ce en dépit du fort ralentissement de la population active qui aurait dû réduire mécaniquement ce taux. Enfin, le taux de pauvreté est passé de 12 % au début des années 2000 à 13,4 % en 2007 (dernier chiffre officiel publié) et autour des 14 % en 2009. Autrement dit, il y a aujourd'hui plus de 8 millions de personnes en France qui vivent sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire qui ont un revenu inférieur à 900 euros par mois. A l'évidence, il n'est pas nécessaire d'être agrégé d'économie pour comprendre l'évidence : la politique d'augmentation des dépenses publiques et de la pression fiscale menée depuis plus de vingt ans est un échec.

Pourtant, en dépit de ce bon sens, les dirigeants politiques français persistent dans leur erreur et continuent de préconiser les mêmes mesures, en l'occurrence une augmentation des impôts. Or, au-delà de l'adage bien connu « trop d'impôts tue l'impôt », il est clair que, compte tenu d'une pression fiscale et réglementaire trop pesante, une nouvelle hausse de cette dernière engendrera de nombreuses délocalisations de capitaux, d'entreprises et de personnes. Il s'en suivra une baisse mécanique des recettes fiscales, donc plus de déficits publics et plus de dette. La France perdra alors rapidement son AAA et subira une forte augmentation des taux d'intérêt à long terme. L'investissement et la consommation en pâtiront, ce qui ne manquera d'amputer la croissance économique et surtout l'emploi.

Autant d'évolutions qui réduiront encore les recettes fiscales et accroîtront le poids des dépenses publiques par rapport au PIB, ce qui entraînera un nouveau dérapage des déficits publics… et le cercle pernicieux se terminera avec l'explosion sociétale du pays. En d'autres termes : augmenter les impôts après 2012 (et a fortiori avant) serait suicidaire pour l'économie et la société française.

Est-ce cela que nous souhaitons proposer à nos enfants ? Voulons-nous vraiment laisser végéter la croissance structurelle hexagonale autour des 1,5 % et le taux de chômage vers les 9,5 % ? Sommes-nous d'accord pour que la France reste définitivement une économie sous perfusion qui pratique la fuite en avant perpétuelle en proposant comme seules solutions à nos difficultés la hausse des dépenses publiques et l'augmentation des impôts ? A toutes ces questions, et à l'instar de millions de Français, nous répondons clairement et depuis des années « NON ! ».

Alors Mesdames et Messieurs les dirigeants politiques, tous bords confondus, il serait donc grand temps d'arrêter la démagogie, l'irresponsabilité économique et le manque de courage politique. La France est proche du point de non-retour, il est indispensable de réagir avant qu'il ne soit trop tard.

Article repris depuis ACDEFI

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