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Brice Hortefeux futur maire de Vichy ? Retour «aux sources» !

Publié le 06 septembre 2010 par Kamizole

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Tout un symbole ! Pour celui qui fut avant Eric Besson le ministre de «la Rafle et du Drapeau» pourchassant les étrangers sans papiers avant de s’en prendre aujourd’hui avec la même rage contre les Roms et les «gens du voyage» en général. Symbolique de surcroît pour moi dont les parents ont vécu pendant tout le temps de l’Occupation à Clermont-Ferrand. Résistants de la première heure, il n’étaient sûrement pas du côté du Régime de Vichy de sinistre mémoire. Même s’ils se connus à Vichy mais… bien avant la guerre ! Brice Hortefeux se chercherait donc un “point de chute” pour les élections municipales de 2014… Au passage cela n’en dirait-il pas assez long sur la chronique annoncée d’une débâcle de Nicolas Sarkozy en 2012 ? Ou quand les rats quittent le navire…

N’ayant vraisemblablement aucune chance de l’empor-ter à Clermont-Ferrand, il jette donc son dévolu sur la ville d’eaux où Pétain avait installé la capitale de l’Etat Français… Si peu Etat qu’il fut entièrement soumis à la botte allemande ! - notamment après 1942 et la disparition de la «zone non occupée» (autrement dite : “No-no”). Il ne lui manquerait plus que d’installer la mairie dans le trop tristement célèbre Hôtel du Parc ! Là, où se concoctèrent notamment toutes les lois anti-juives, abominable illustration de la Collaboration acceptée par Philippe Pétain lors de la non moins ignoble entrevue de Montoire avec Hitler (24 octobre 1940).

  • Brice Hortefeux est un “nomade” qui s’ignore !
  • En effet, pour justifier ce choix, Hortefeux pense à la mairie de Vichy (Libération du 1er septembre) il excipe de sa qualité d’Auvergnat attaché à sa région et «sa volonté de poursuivre son implantation électorale dans la région : Je suis Auvergnat, mes racines, mes souvenirs et ma famille sont ici et j’y tiens, même si je n’ai pas choisi la facilité sur le plan politique».

    Soit. Mais Vichy est dans l’Allier et non dans le Puy-de-Dôme… Mon père, Bourbonnais de pure souche (né à Souvigny près de Moulins) et lui aussi fortement attaché à ses racines refusait avec la dernière énergie que le Bourbonnais fît partie de l’Auvergne. J’avoue que je ne partage pas cette prévention paternelle ! Ni du point de vue géographique ni moins encore historique.

    En effet, quand bien même l’Allier agricole serait-il fort proche du Nivernais et de la Saône-et-Loire – notamment pour les charolais : mon grand-père en élevait et j’ai visité avec plaisir cette région, notamment le marché de Saint-Christophe en Brionnais (Sâone-et-Loire) où mon père dut l’accompagner souventes fois car il parlait de son fameux “mur d’argent” : un muret de pierre où avaient lieu les transactions - ce serait néanmoins une hérésie historique que de rattacher le Bourbonnais - patrie de la lignée des Bourbons qui régna sur la France - à la Bourgogne puisque les Ducs de Bourgogne furent alliés de l’Angleterre contre la France pendant la Guerre de Cent Ans alors que les Bourbons combattirent du côté des Rois de France.

    Sur ce plan, je qualifierais plus volontiers le Bourbonnais de “marche” au sens historique de province frontière entre deux Etats chargée de constituer la première ligne de défense contre une invasion ennemie. Pour Brice Hortefeux, ce ne seront plus la maison de Bourgogne et les Anglais mais les immigrés sans papier, les Roms et les gens du voyage en général.

    Ce n’est donc pas sans raison que je parle de “nomade” qui s’ignore mais mon propos ira plus loin. Je suis en effet outrée de lire sur Le Figaro du 1er septembre 2010 que Marine Le Pen qualifie Eva Joly de «sans patrie fixe» ! Le racisme et la xénophobie s’en donnent à cœur joie dans la France selon Sarko… Haro sur les nomades ! crient avec un bel ensemble Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Eric Besson et les Le Pen, père et fille.

    Nicolas Sarkozy a ouvert la boîte de Pandorre avec son répugnant débat sur l’identité nationale. Préoccupation uniquement électoraliste. Il s’en échappe d’inquiétants remugles d’Entre-deux-Guerres et de Régime de Vichy. Il poursuit dans la même veine du «gros rouge qui tache» pour essayer de reconquérir – sans doute en vain - l’électorat de Le Pen en prévision de la présidentielle de 2012 en lançant l’offensive ultra-sécuritaire et la “chasse aux Roms”. A côté de cela la prétendue «chasse au Woerth» n’est que pure roupie de sansonnet ! Je souhaite que Sarkozy soit le perdant – vaincu et bien solitaire ! – de la «Route du Rom».

    Pourquoi cette offensive du FN ? Tout simplement parce qu’Eva Joly bénéficie de la double nationalité franco-norvégienne. Acquise par son mariage avec un Français. Laquelle dépend d’une convention – dite de réciprocité - entre la Norvège et la France. Elle est donc aussi légalement française que Marine Le Pen, sinon elle n’eût jamais pu être magistrate en France. Rien dans les textes constitutionnels ne lui interdit donc d’être candidate à l’élection présidentielle. Contrairement aux dérives sémantiques de Nicolas Sarkozy – qui valent bien les dérapages racistes et xénophobes incessants de Jean-Marie Le Pen ! – il ne saurait y avoir deux catégories de citoyens français : «de souche» et par naturalisation ou autre moyen d’acquisition de la nationalité française.

  • Cela me fait d’autant plus bondir que ma mère qui était Ecossaise avait elle-même opté pour la nationalité française au moment de son mariage et qu’elle conserva de la même manière sa qualité de sujet britannique.
  • Elle passa toute la guerre en France au risque de se faire interner dans un camp en tant que ressortissante d’un pays en guerre contre l’Allemagne. Malgré les bienfaisants auspices d’un commissaire de police patriote qui avait maquillé ses papiers en francisant le nom d’Aberdeen et situant fort opportunément sa ville de naissance dans le Pas-de-Calais : les archives y avaient été détruites par les bombardements lors de l’évacuation de Calais par les forces alliées. Elle eut sans doute de la chance car nombre de Clermontois la désignaient comme “L’Anglaise” : la nationalité de papier n’effaçant pas l’accent…

    Restée en France aux côtés de mon père et partageant tout à fait l’esprit de la Résistance, ma mère était certainement autrement patriote que grand nombre de “bons Français” qui collaborèrent sans vergogne avec l’Allemagne Nazie. Les mêmes – prétendus “nationalistes” – qui osaient dire : réflexe de capitalistes effrayés par le Front Populaire «plutôt Hitler que Blum»… J’en veux pour preuve l’admirable ouvrage d’Henri Guillemin «Nationalistes et nationaux (1870-1940)» qui vient de la bibliothèque paternelle.

    Ainsi que quelques épisodes de l’Occupation qu’elle racontait avec la même émotion qu’alors. Une Marseillaise qui avait échappé dans un film à la censure allemande et toute la salle la reprenant debout, le drapeau tricolore qu’elle confectionna avec les moyens du bord lors de la libération de Clermont-Ferrand : elle avait bien trouvé des étoffes rouge et blanche mais pour le bleu, elle prit un pantalon de mon père… Las ! une jambe pendouillait, ce qui fit rire nombre de passants !

    C’est bien pour cela que j’étais tout à fait d’accord avec Ségolène Royal quand elle parlait de réhabiliter ces deux emblèmes : nous ne devons pas en laisser l’apanage – dévoyé - au FN ! Mon père m’apprit très tôt la saine distinction entre le patriotisme – défendre la patrie quand elle est menacée – et le nationalisme : la haine de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître sur le territoire de la France et des étrangers en général.

    Or, si beaucoup de ceux qui approuvèrent la Collaboration – quand ils n’y participèrent pas activement ! - sont morts aujourd’hui la plupart n’ont nullement répudié cet héritage et firent partie de la clientèle électorale – voire des cadres - du Front National. Ce sont tous ces bas instincts racistes et xénophobes que continuent de flatter Jean-Marie (n’ayons garde d’oublier son répugnant «Durafour crématoire» !) et Marine Le Pen. Oublieux au passage que nombre d’étrangers et d’apatrides ont risqué et souvent perdu la vie – comme Manouchian et autres résistants du mouvement MOI (Main d’œuvre immigrée) en combattant les Allemands…

    L’analyse de Guillaume Perrault dans Le Figaro est pertinente : «En se solidarisant avec son père, Marine Le Pen espère rasséréner les vétérans du FN qui craignent de la voir, si elle est élue à la présidence du mouvement, se séparer sans ménagement des cadres historiques et proposer à l’UMP un “Épinay des droites” en contrepartie de l’abandon du programme initial de leur parti. Une perspective inacceptable pour eux».

    En l’état actuel, je ne saurais dire si la perspective évoquée par certains journalistes d’un rapprochement entre le FN et l’UMP – Nicolas Sarkozy ne devrait répugner à aucune basse manœuvre pour tenter d’être élu en 2012 mais il n’a pas assez d’intelligence politique pour comprendre qu’il ruinerait ses chances du côté d’une partie de la droite républicaine et plus encore centriste ! – sera d’actualité d’ici 2012. Les choses changeant avec la vitesse de la lumière, je refuse de tirer des plans sur la comète aussi bien du côté de la droite que de la gauche et tous les petits délires sur les chances respectives de Martine Aubry, Ségolène Royal ou Dominique Strauss-Kahn me gonflent formidablement les nichons.

    Je ne m’y intéresse que du coin de l’œil. Il y a des choses qui me paraissent autrement importantes d’ici là : l’unité – vraie - du parti socialiste pour qu’il soit en ordre de marche pour lutter contre la réforme des retraites avec les syndicats (important pour l’électorat de gauche au premier chef, les ouvriers, les employés et les fonctionnaires) et les élections cantonales de mars 2011. Je me bats complètement l’œil des états d’âme et autres querelles d’ego de la “Valls des prétendants” à l’investiture !

    Le 2 septembre 2010 Laurence Equy dans Libération Les écologistes jugent «odieuses» les attaques du FN contre Eva Joly rapporte les propos de Marine Le Pen : «soutenir la candidature de quelqu’un qui, tous les cinq ans, décide d’aller un coup dans un des pays dont elle a la nationalité, un coup dans l’autre, me paraît tout de même assez particulier (…) M. Cohn-Bendit a été élu député européen en Allemagne puis en France (…) les Verts sont les nomades de la politique». Bruno Gollnisch - autre prétendant à la succession de Le Pen à la tête du FN - soutien la même position : «Il n’est pas injurieux envers Mme Joly de constater que ses éléments concrets de rattachement à la France sont assez fragiles (…) Ce n’est pas un problème juridique, mais de savoir-vivre»

  • Savoir-Vivre ! Jusqu’où n’irait-il pas se nicher ?
  • Si le problème n’était si grave ce serait proprement risible venant d’un parti dont le chef n’a pas hésité à se commettre en novembre à un spectacle de Dieudonné où celui-ci fit remettre en novembre 2009 – par un artiste revêtu de la tenue rayée des prisonniers des camps de concentration ! - une décoration au négationniste Faurisson pour preuve de sa liberté d’expression ! L’antisémitisme du prétendu humoriste – qui ne fait plus rire du tout – n’est pas une légende. Comme Le Pen, il ne répugne à aucun dérapage.

    Ne croyez pas que l’antisémitisme ne règne qu’à l’extrême droite ! Ancien 1er ministre de Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre s’est illustré à plusieurs reprises par des déclarations qui eussent sûrement été condamnées avec la dernière énergie par Simone Veil qui fut ministre de la Santé du même gouvernement si elles avaient été proférées par Le Pen ou autres dirigeants d’extrême droite.

    D’abord au moment de l’attentat contre la synagogue de la Rue Copernic (3 oct. 1980) quand il fit cette malencontreuse déclaration sur les «victimes française innocentes» ! Comme si les juifs qui fréquentaient la synagogue n’étaient pas aussi Français et innocents : ce quoi seraient-ils coupables ?

    Plus près de nous, il devait récidiver début mars 2007 peu de temps avant sa mort quand sur France Culture, il défendit Papon et Gollnisch tout en fustigeant “le lobby juif” (Le Monde du 3 mars 2008). Je soulignai dans un article Raymond Barre soutient Bayrou, Papon, Gollnisch qu’il considérait Maurice Papon comme «un grand commis de l’Etat» en occultant totalement son rôle dans la déportation des juifs de Bordeaux – même les femmes et les enfants ! – de même que lors des meurtres d’Algériens perpétrés le 17 octobre 1961 jusque dans la cour de la Préfecture de police de Paris (Maurice Papon étant alors le Préfet).

    Je fis remarquer dans un article du 8 mars 2007 sur Raymond Barre et le lobby juif en général et l’antisémitisme en particulier que si aux Etats-Unis il était tout à fait admis de parler ouvertement du lobby juif – d’autant qu’ils ne s’en cachent pas du tout, notamment en ce qui concerne la défense d’Israël – la situation était fort différente en France, quand bien même existerait-il dans les faits.

    C’est absolument évident s’agissant, comme aux Etats-Unis, de la défense d’Israël mais en ce qui concerne une prétendue “main-mise” sur la presse cela relève de la pure mauvaise foi, à peu près aussi digne de foi que le “Protocole des Sages de Sion”, inepte tissu de mensonges concocté par des antisémites.

    Ou, comme le disait récemment une amie (non juive) pendant un déjeuner : on leur reproche tout simplement d’être brillants ! Pour la raison - l’accent mis sur les études et les connaissances intellectuelles - je ne peux que conseiller de se référer à l’approche sociologique de Robert Ezra Park (Ecole de Chicago) sur l’intégration des immigrants juifs aux Etats-Unis. Lors même qu’il existe tout autant d’excellents journalistes qui ne sont point juifs. Cela va devenir encore plus coton pour les racistes et xénophobes de tout poil car les bons journalistes black ou beurs ne manquent pas ! A quel sein - uniquement nourri de lait bien franchouille ! - vont-ils désormais pouvoir se nourrir ?

    :)

    La raison pour laquelle on se garde bien en France d’invoquer le prétendu “lobby juif” est plus qu’évidente du fait précisément de l’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale et de la participation des fonctionnaires du Régime de Vichy à cette monstrueuse entreprise. Cela nous renverrait précisément à la propagande fasciste de l’Entre-deux-Guerres et de l’Occupation quand les antisémites s’en donnaient à cœur joie dans les colonnes de «Je suis partout» - où Céline déversa des tombereaux d’ordures – et «Gringoire» notamment.

    D’écœurants remugles sont remontés des mêmes égouts lors du funeste débat sur l’identité nationale et continuent aujourd’hui avec les discours sécuritaires et les charges contre les Roms. Il nous appartient – les citoyens qui n’entendent pas manger de ce pain vénéneux – de dire : «stop ou encore» !

    Au-delà de ce très important débat, il est bien trop tôt pour savoir si Brice Hortefeux sera candidat à Vichy. Il prétendait que l’actuel maire Claude Malhuret aurait pris la décision de ne pas briguer un cinquième mandat en 2014, ce que l’intéressé dément selon un article de La Montagne (2 septembre 2010) «Je n’ai encore pris aucune décision» pour Vichy en 2014… Sandrine Thomas concluant : «Brice Hortefeux n’a pas renoncé à devenir président du nouveau Conseil territorial en 2014 qui fusionnera les Conseils régional et général. Et si cette rumeur persistante cachait la volonté du ministre de l’Intérieur de se présenter aux Législatives de 2012 sur la circonscription de Vichy ?»

  • Soit. Mais en règle générale les électeurs de quelque bord qu’ils fussent n’apprécient guère les “parachutés” – doit-on dire aujourd’hui les «nomades» ?
    :)
  • Il resterait donc à Brice Hortefeux cette formalité – encore ? – essentielle : se faire élire en 2012 comme député de Vichy ou en 2014 comme maire de Vichy pour autant que Claude Malhuret ne soit pas candidat à sa réélection. Ce n’est pas du tout couru d’avance et encore faudrait-il de surcroît que Brice Hortefeux soit en capacité de se présenter…

    A cet égard, l’œil de l’infirmière aurait plutôt tendance à m’inspirer une réponse négative… Il “décolle” et à une mine de déterré. Je ne saurais dire si c’est la mauvaiseté qui est en lui qui ressort ou quelque autre cancer, “de l’esprit” ou non.


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