L'AFP a bien voulu me poser quelques questions sur le développement des énergies renouvelables. D'autres journalistes également : petite revue de presse.
A lire donc :
"Energie : Chambardement de la fiscalité de l’énergie propre", Journal de l'Environnement
"Photovoltaïque et éolien dans le collimateur du Gouvernement", Usine Nouvelle
"Energies renouvelables : une dérive inquiétante du vocabulaire ?", Le Moniteur
"Ce que le Gouvernement veut changer aux niches vertes", L'Expansion
Dépêche AFP : Renouvelables: le ton change, loin de l'enthousiasme du Grenelle
PARIS - Avantages fiscaux "verts" réduits, le solaire décrit dans un rapport officiel comme une source d'électricité "coûteuse" et une filière en "manque de maturité"... Les renouvelables semblent descendues de leur piédestal, où le Grenelle de l'Environnement les avait hissées.
"On ne parle plus de leviers de croissance verte mais de niches fiscales, de coûts pour les finances publiques, pour le consommateur...", constate Arnaud Gossement, de l'ONG Réseau droit et environnement, regrettant qu'on ne se pose pas la même question sur le nucléaire "que le contribuable finance plein pot".
"Il y a eu un changement de vocabulaire depuis fin 2009", note-t-il.
André Joffre, vice-président d'Enerplan, association des professionnels de l'énergie solaire, "ressent très fortement" ce changement de ton.
"Les discours qu'on a pu tenir sur la croissance verte ont totalement disparu aujourd'hui... La crise est passée par là, mais il faut les remettre à l'ordre du jour, notamment parce que le prix de l'énergie continuera à augmenter et il faut lutter contre les gaz à effet de serre", poursuit-il.
Sur le fond, la croissance des énergies renouvelables est-elle contrariée alors que le gouvernement s'est fixé comme objectif de les hisser à 23% de la consommation énergétique en 2020, contre 14% aujourd'hui (essentiellement hydroélectricité et biomasse) ?
"Aujourd'hui, elles continuent de se développer mais c'est peut-être la queue de la comète, peut-être encore les conséquences positives d'une période heureuse après le Grenelle", redoute Arnaud Gossement.
Pour l'heure, le photovoltaïque se porte bien. Trop bien. Alors que la France vise 5.400 mégawatts (MW) de capacités de production d'ici 2020, les projets en attente atteignent déjà 4.800 MW.
Selon le quotidien les Echos, le gouvernement entend réduire de moitié le crédit d'impôt proposé aux particuliers. Et depuis le 1er septembre, les tarifs de rachat ont baissé de 12%, le deuxième ajustement cette année.
Autant de mesures pour maîtriser l'énorme engouement pour cette énergie, qui bénéficie surtout aux industriels étrangers, producteurs de panneaux.
"Il y a un consensus autour de ces baisses de tarifs", assure M. Joffre, mais "il faut que les entreprises aient confiance en l'avenir, et ces tarifs qui changent tous les six mois, c'est presque comme un contre-signal envoyé aux industriels".
Dans un rapport publié il y a quelques jours, l'Inspection générale des finances (IGF) estime que, sur le solaire, "ne pas trop en faire aujourd'hui" permettrait de se donner "des marges de manoeuvre pour pouvoir en faire davantage demain avec des technologies moins onéreuses, plus efficaces et plus propres".
Au ministère, on assure que l'objectif de 23% pour les renouvelables reste "complètement d'actualité".
Pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), "on est dans un rythme de croissance un peu en-dessous de ce qu'il faudrait observer pour atteindre cet objectif", selon son président, André Antolini.
La puissance de production d'électricité des éoliennes a atteint le seuil des 5.000 MW en juin, soit 1,7% de la consommation. L'objectif est de 25.000 MW en 2020.
"On n'en prend pas le bon chemin", juge Arnaud Gossement, mettant notamment en avant les nombreux recours devant la justice pour empêcher l'installation de nouveaux mats.
Pour certains, il ne pourrait cependant s'agir que d'une mauvaisse passe.
"Le balancier ne va pas dans le sens des énergies renouvelables en ce moment, mais la période qu'on vient de vivre a permis de les ancrer dans l'opinion publique", conclut, confiant, André Joffre.
(©AFP / 06 septembre 2010 18h08)