Je le dis et le répète, il n’était pas dans nos intentions d’entamer des démarches judiciaires après l’accident qui coûta la vie de nos enfants. En ce qui me concerne, en tout cas, lorsque les gendarmes vinrent rapporter les quelques objets de Guillaume et nous demandèrent si nous envisagions de déposer plainte, ma réponse fut négative, ajoutant —mais cela je l’ai écrit précédemment— sur les conseils de l’un des deux adjudants plus honnête et soucieux des règles que l’autre, que je m’en réservais la faculté.
Ce n’est qu’après, lorsque nous rencontrâmes le général Puget développant son unique hypothèse à charge pour Guillaume, que je contactai M° Rappaport. Tant d’invraisemblances me paraissaient suspectes, surtout cette précipitation à ne considérer que le seul aspect de la faute de pilotage, alors que les débris de l’avion n’étaient pas encore analysés, et l’accusation, sans délicatesse, d’en rendre responsable Guillaume. Mais peut-on demander de la délicatesse à un général? A quelques uns sans doute à la culture élaborée, plus respectueux de l’Homme, mais combien sont-ils? J’en connais certains, si rares.
Tout comme à celui, inconnu de moi, qui m’aborda lors des funérailles à Mont de Marsan pour me dire, alors que je n’étais demandeur de rien, qu’aucun message de détresse n’avait été émis. Je connais désormais le nom de ce général, appris tout à fait par hasard aujourd’hui et je ne m’étonne plus de sa démarche. Or nous savons qu’il y eut réception d’un mayday.
Le dossier, après avoir été classé par le procureur auprès du Tribunal aux Armées de Paris, est donc ouvert à nouveau. La plainte que les cinq familles ont déposée suit désormais son cours. Le juge d’instruction a pratiquement tous les éléments en sa possession. Nous attendons la demande de caution que le doyen des juges doit fixer.
Nous en reparlerons. La justice est en marche, laissons-la accomplir ce qui doit être fait, pour leur mémoire.
9 décembre 2009
Médiatisation
Après l’article paru dans Sud-Ouest du 4 décembre relatant notre dépôt de plainte (l’article est visible sur le site de l’ADEFAVAAM), je reçus un appel téléphonique de Sud-Radio me proposant d’intervenir en direct dans l’émission matinale d’Eric Mazet, “Sud info matin”. Ce que j’acceptai.
Lundi dernier, donc, à 7h.30, le téléphone sonna afin que je réponde aux questions d’Eric Mazet, quelques minutes plus tard:
Il est difficile, en si peu de temps, de dire tout ce que l’on voudrait. Mais c’était une première et si une intervention de ce type doit se reproduire, je pense que je commencerai ainsi:
“Tout d’abord un bref rappel des faits:
— le 6 mai, jour de l’élection de N. Sarkozy, le Twin s’écrase. L’avion ne possède aucun enregistreur de vol.
— le 18 mai, jour des funérailles, un général 4 étoiles se dirige vers moi pour me dire qu’il n’y a jamais eu de message d’urgence.
— le 30 mai, un autre général 4 étoiles invite à déjeuner mon fils Olivier pour lui demander, entre deux plats, ce que serait notre réaction si l’armée découvrait qu’il s’était agi d’une faute de pilotage.
— le 22 juin le directeur du BEAD, général 2 étoiles, nous assène pendant deux longues heures sa conviction que Guillaume, en spécialiste, a fait du rase-mottes. L’enquête technique est à peine ébauchée.
Ensuite tout s’enchaîne et au fur à mesure de l’avancement d’une enquête technique relancée par Hervé Morin, nous découvrons une multitude d’invraisemblances, d’omissions et de mensonges qui nous incite à agir.
— le 6 mai 2008, sur les lieux de l’impact avec le camion, nous sommes certains des mensonges de l’armée. Cela n’a pas pu se passer comme ils disent. Conviction partagée par des militaires qui nous accompagnent...”
Puisque je ne l’ai pas dit, je l’écris. Mais, à l’évidence, nous en reparlerons avec le juge d’instruction si celui-ci ne referme pas le dossier.
Si tel était le cas, nous ferons appel.
NOTES: 1) La date erronée des funérailles indiquée dans l’article S-O et citée par E.Mazet est de mon fait. Lorsque Thomas Brosset m’a appelé pour écrire son papier j’ai commis l’erreur —malgré les gestes de dénégation de mon épouse, que je n’ai pas compris— d’indiquer le 19 juin. Cette date est celle où nous eûmes confirmation —3 jours avant l’entretien avec le directeur du BEAD— que l’enquête s’acheminait vers les “facteurs humains”.
Cela prouve —felix culpa— que les journalistes n’inventent rien et répètent scrupuleusement ce qui leur a été dit. Ainsi de la dépêche de l’AFP rapportant les propos d’un militaire de la MFO ayant capté le message de détresse. Volens nolens!
1) La photo qui illustre l’interview est celle des débris du Twin le jour de l’accident. Sous les bâches, les corps.
24 mai 2010
QUELQUES REFLEXIONS
J'emprunterai une réflexion d'un journaliste canadien, Louis Dubé, qui, dans sa conclusion d'un article critique concernant les thèses d'un complot qui serait à l'origine des attentats du 11 septembre, écrivait que:
"Analogies et justifications circonstancielles ne constituent pas des preuves suffisantes". (http://www.sceptiques.qc.ca/assets/docs/Qs61_p5.pdf)
Or, si on lit avec attention le rapport du BEAD-air sur le crash du Sinaï, nous assistons à la même démonstration que les "conspirationnistes", de la part des enquêteurs, dans l'explication de cet accident.
Aucune preuve n'est apportée, seules les conjectures sont développées étayées par une série de faits montés en épingle, circonstanciels voire mensongers. Je pense à cette remarque des pilotes discutant en aparté avec les passagers quelques minutes avant le décollage, rapportée par quelqu'un dont on ignore tout jusqu'à son identité, et qui se voudrait la preuve d'une volonté de faire du rases-mottes; je pense à la description, là aussi faite par un parfait inconnu, d'un décollage non orthodoxe et d'emblée à basse altitude; je pense à la révélation d'un suivi par radar de l'avion, tout d'abord d'El Gorah, ensuite Egyptien puisqu'il s'est avéré qu'aucun radar, à l'époque, n'était en fonction sur la base, puis finalement Israélien bien facile à développer car apparemment fantôme; je pense encore aux vidéos incriminées de vols bas trouvées dans les affaires personnelles des disparus apportées comme une preuve (ce n'est pas parce que quelqu'un conduit souvent à 240 km/h que son dernier accident est forcément imputable à ce fait) etc… etc…
En revanche on passe sous silence un may-day; on oublie les réservoirs en baudruche rafistolés de rustines; on évite de rappeler que, quinze jours avant, l'arrivée sur la base d'El Gorah s'est effectuée sous une tempête de sable calamiteuse ayant pu provoquer des avaries sur l'appareil (le sable est au moins aussi dangereux que des cendres volcaniques); on tente, avant même que les restes du Twin soient rapatriés, d'influencer les familles en insinuant une faute de pilotage; dès le lendemain du crash un général est allé à la rencontre des radios, dont l'un des leurs est mort lors du crash, pour leur parler et certainement les conditionner; avant de savoir quoi que ce soit, on a instauré une véritable chasse aux sorcières auprès des pilotes et mécanos digne des méthodes de l'inquisition et de la torture mentale éhontée etc… etc…
Ma conclusion est que la démonstration de la volonté d'accuser pilotes et passagers est patente et seule motivation de la démarche des experts du BEAD-air.
Tout simplement parce que, nul enregistreur de vol n'étant à bord, nulle certitude ne peut être développée.
D'autre part les photos des débris du Twin montrent à l'évidence que toute reconstitution de l'appareil en vue d'une expertise est improbable.