Automne 0079. Le projet V de la Fédération a enfanté des modèles de mobile suits qui ont tous vu le champ de bataille. Mais Zeon conserve sa supériorité tactique grâce à l’expérience de ses pilotes, aussi la Fédération décide-t-elle de confier des unités de test à une équipe des forces spéciales pour recueillir le plus de données possible sur le combat de mobile suits : la troisième section se retrouve ainsi dans le sud-ouest du Canada, prête à en découdre avec une compagnie adverse dirigée par des mercenaires de la légion étrangère…
Et voilà un autre récit situé au cours de cette Guerre d’Un An qui, décidément, n’en finit pas. Au départ un jeu vidéo pour la PS2 sorti à l’été 2002 au Japon, Lost War Chronicles donne toutes les apparences d’une novélisation – ou plutôt devrais-je peut-être dire une « mangaisation » – dont les principales qualités semblent empruntées à The 08th MS Team mais sans les points forts d’un récit développé pour un média destiné à raconter effectivement une histoire au lieu de procurer un simple divertissement – c’est le problème, assez récurrent, des jeux vidéo qui sortent de l’ornière dans laquelle ils excellent : ils trouvent assez vite leurs limites sur d’autres médias…
Nous voilà donc dans une histoire de guerre. Hélas, et en dépit de la gravité de son sujet, cette première moitié du récit se montre assez simple, tant dans son scénario que dans ses personnages – au contraire de l’œuvre originale qui l’a inspirée – et même, sous certains aspects, assez caricaturale : prenez les archétypes des militaires les plus représentés dans des œuvres de fiction populaires, quel que soit leur support, ajoutez une pincée d’intrigue pour le moins linéaire mais généreuse en scènes d’action dont l’intérêt pour faire avancer l’histoire reste discutable, et vous obtiendrez quelque chose d’assez peu éloigné de ce premier volume de Lost War Chronicles ; non un tome tout à fait inutile, mais néanmoins une moitié d’histoire aux forts accents militaristes et donc relativement peu intéressante sur le plan humain.
Cette production se rattrape malgré tout sur le plan artistique, où Masato Natsumoto nous montre une facette de son talent que les lecteurs de manga ne connaissent pas forcément : passer de la splendeur baroque de l’heroïc fantasy à la fureur des champs de bataille futuristes exige un talent certain ; du reste, certains auteurs semblent naturellement prédisposés à illustrer les histoires des autres – ce qui n’est en aucun cas péjoratif ni même une critique, bien au contraire. De leur côté, Koji Aisaka et Toshihiro Kawamoto – qui semble sans rapport avec l’artiste derrière les personnages de Cowboy Bebop – nous proposent des chara designs plutôt réussis mais hélas assez peu charismatiques : en clair, ils remplissent tout juste leur rôle.
Bref, avec son action clairement orientée « shônen de base », ce premier volume de Lost War Chronicles ne brille pas par ses qualités narratives et encore moins psychologiques mais bel et bien par ses « effets spéciaux » et ses abondantes scènes de combat qui laissent bien peu de répit au lecteur – comme dans un jeu vidéo, justement. L’aspect non manichéen de First Gundam reste néanmoins présent, même s’il est assez édulcoré, et le fan confirmé apercevra avec plaisir certains personnages qu’il a appris à aimer.
Pour aficionados de préférence, donc, et surtout ceux qui n’ont pas eu la possibilité de s’adonner au jeu vidéo original – signalons malgré tout que le récit et ses protagonistes prendront une tournure plus sophistiquée dans le tome suivant, ce qui donne ainsi à celui-là des airs d’introduction à une histoire plus vaste et plus profonde qu’elle y paraît au premier abord…
Mobile Suit Gundam: Lost War Chronicles, vol.1
Tomohiro Chiba & Masato Natsumoto, 2002
Tokyopop, 2006
130 pages, pas d’édition française à ce jour
- chronique du tome suivant (à venir)
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