Animé d’une grande gaité de cœur, après que Livre-Homme-(Main), héraut aux supers pouvoirs, me l’a si justement et amicalement proposé à la lecture, je viens donc vous parler, à ma façon (désolé le cas échéant) de may le monde, de Michel Jeury, qui sort aujourd’hui, le zéro six zéro neuf deux zéro un zéro, en France, un peu partout. N’oubliez pas cette combinaison, elle pourrait bien vous ouvrir l’insoupçonné de votre propre monde.
M’est avis qu’existent autant de lectures d’un seul livre qu’il y aurait de mondes parallèles. Non. Qu’il y a de mondes parallèles. A la physique propre, la même une autre. Par exemple l'œuf monde Grandora où s’échangent des rires air-eau, tout gloutants. Où les apprentis-vivants nagent-volent à la rencontre du Mal, la foire aux proies. Les mondes 1 et 2 et celui de la lunatic fringe, marge et théâtre, hors du temps… Ces mondes ont l’air inventé, ce pourrait être ceux des rêves, dont on sait formellement qu’ils sont réels. Je vous les laisse découvrir par vous-même de la façon qu’il vous plaira. La particularité des parallèles est qu’elles ne se croisent pas. On passe de l’une à l’autre en sautant. Sautons à une autre lecture, voulez-vous ?
may le monde à n’en pas douter est un livre de SF. Il est une œuvre d’anticipation. Sa langue est déjà la nôtre, celle de nos enfants, de nos petits enfants, qui sait ? On pourrait la croire décalée, elle est logiquement (et joyeusement) futuriste. C’est dire si elle est attentive, ici et maintenant, à ce qui se dit dans le monde bonobo et alentour. Je ne vais pas vous la faire bonzarchic, voyez par vous-même.
may le monde à n’en pas douter est un livre de SF. Il est une œuvre d’imagination. De toute évidence ses personnages sont tous vrais, ils sont attachants, on les aime aussitôt. Pour autant ils changent d’identité tout le temps, font des sauts de côté, se forment puis se déforment dans un miroitement infini, de monde en monde. Changer/ ne pas est la grande affaire humaine, vous n’êtes pas d’accord ? Nous sommes ici en plein tourbillon. Qui est qui, on ne sait plus qui l’on suit. Filez les personnages, vous comprendrez.
may le monde à n’en pas douter est un livre de SF. Il est une œuvre d’idées. Sur le(s) monde(s), l’humanité, la vie et la mort, les êtres, tous les êtres, homme femme enfant, plantes et bêtes. Il est une œuvre de forêt, de foisonnement, d’ensemencement.
may le monde à n’en pas douter est une œuvre de Science-Fiction. Un auteur, Michel Jeury, y joue de tout son savoir, qui n’est pas mince, pour vous transporter de l’intérieur de votre quotidien vers la fiction. Rien ici n’est bizarre mais tout est étrange. Il tient du Docteur Goldberg autant que de Panthéra la panthère.
Autant de lectures que de mondes parallèles. Il y aurait tant et tant à dire. Lisez, à vous de jouer, à vous de sauter. Dans may le monde, bien sûr, il y a may. Comme joli mois de. Comme peut-être. Peut être, je devrais dire. Une fillette charmante, vivante à un point. C’est une autre lecture ici tout à coup, faite par un homme à une fillette malade, délicatement, chaleureusement, une lecture de chevet, un souffle dans la nuit, un espoir et une élévation, un calme et une rage, une réinvention… Et vice et versa.
On nous dit que Michel Jeury, auteur prolixe, fait retour à la Science-Fiction. Il me semble moi bien plutôt qu’il ouvre des perspectives le long desquelles j’espère me laisser changer à nouveau. Le plus tôt sera le mieux.
Merci aux éditions Robert Laffont et à Blog-O-Book pour cette lecture.
may le monde, Michel Jeury, éditions Robert Laffont (Ailleurs et demain), 403 p.