Le piège

Julien Dray ne laisse jamais indifférent, ni à droite, ni à gauche ! Chacun peut se rappeler ses ennuis de " montres " pour lesquels il n'avait pas enregistré le soutien massif de son parti et chacun se remémore également les mots parfois très durs avec lesquels il a souvent salué ses adversaires politiques de droite.
Il vient de délivrer une petite phrase qui "touche vrai " :
"L'antisarkozsyme ne fait pas un programme" ... Evidence qui se prolonge en ajoutant : "il y a un manque de travail dans les propositions" [...]"L'unité du parti est nécessaire, mais ne peut pas être un programme" [...]"Quand le PS n'a pas affiné son projet politique, même s'il a un bon candidat, cela explose dans la campagne électorale" Il parle en connaisseur !

L'analyse est bonne, le diagnostic sérieux, le traitement plus compliqué à mettre en œuvre. Certes le mécontentement, la désillusion sont souvent au rendez-vous d'une fin de mandat sans pour autant déclencher un enthousiasme dirigé vers ceux qui revendiquent l'alternance.

Toutes les enquêtes d'opinion actuelles, bien sûr éloignées de la phase finale de 2012, témoignent du hiatus. Cette attitude de l'opinion n'est d'ailleurs pas étrangère au climat délétère : réprobation, mais absence d'espoir d'alternance. Il est très frappant d'enregistrer dans ces mêmes enquêtes qualitatives, qu'aucune personnalité n'est considérée comme véritablement opposable au sortant. Marine Le Pen se retrouve sur la même ligne que de Villepin, un peu derrière Martine Aubry et DSK, pourtant au top des sondages de popularité par ailleurs, n'enregistre qu'un petit 6% quand il s'agit de tester son aura d'opposant. En fait les Français ne distinguent absolument pas celle ou celui qui pourrait véritablement incarner une " envie " Il n'y a pas de rêve ... L'opposition ne fait pas rêver.

La raison du désarroi m'apparaît assez simple. En acceptant l'organisation de la société telle qu'elle est, en reconnaissant la suprématie absolue du " libre échange ", en ne remettant pas en cause la mondialisation des échanges (l'Organisation Mondiale du Commerce 'OMC' est dirigée par un socialiste tout comme le FMI), la gauche n'a plus aucune chance de faire rêver, ne serait-ce qu'un instant. Elle n'exerce plus sa suprématie relative que sur des "marges" sociétales le plus souvent d'ailleurs contestées !

C'est heureux, diront les pragmatiques sans solutions de rechange... C'est heureux que la gauche devienne " réaliste ", en phase avec le monde tel qu'il va. Heureux pour ceux qui exercent les responsabilités !

Le PS oublie que le thème gagnant d'un François Mitterrand fut d'une simplicité à hauteur de " Changer la Vie " avec une "Force tranquille". La seule qui, semble-t-il, a très bien compris cette emblématique illusion est Ségolène Royal. Elle sait que le rêve doit être au rendez-vous, quitte à devenir rapidement un mirage décevant. Elle trouve souvent les mots d'une ébauche, mais l'emballage trop transparent masque difficilement un produit mal fini. Il n'est pas étonnant que Julien Dray, qui fut un des plus fidèles supporters de la dame du Poitou commence à faire entendre à nouveau la petite musique.
Pourtant le PS sait qu'il doit passer de la critique uniforme à la formulation de véritables propositions, et ce n'est pas facile. Immédiatement en effet, il s'expose à des mécontentements dans ses propres troupes sans parler des autres composantes de la gauche.
Certes les sondages sont prometteurs, mais si "Nicolas Sarkozy est battable il est encore loin d'être battu", mettait en garde Jean-Louis Bianco à La Rochelle. Pour les socialistes, l'antisarkozysme est un piège. Ils le connaissent bien. Ils sont déjà tombés dedans en 2007.

Share this article

À propos de Le Chat!

Mon adresse e-mail perso est: jlhuss@free.fr cordialement

Cette entrée a été publiée dans "Chronique du Chat". Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. |