- Monsieur, changer !
- Changer quoi ?
- liv’ !
La seule transformation de la phrase habituelle « monsieur, liv’ » en un
« monsieur, changer liv’ » en deux parties, certes beaucoup plus correcte, n’est quand même pas de nature à me cogner de joie au plafond. Les exigences ont beau être réduites au strict
minimum syndical, il ne faut quand même pas exagérer.
Je réprime donc péniblement un soupir, tout en indiquant machinalement du doigt la magnifique affiche dont tu as eu
dernièrement l’honneur et l’avantage de découvrir l’existence (et l’utilité ?).
- Est-ce que tu peux au moins me lire ceci ?
Le regard complètement désorienté et le silence éloquent qui s’en suivi ne me laissa que peu d’espoir quant à une issue satisfaisante à
cette demande incongrue.
J’abrégeai charitablement les souffrances du petit d’homme :
- C’est le livre que tu as emprunté en français, avec Madame Gérard ?
- ^^.
- Tu l’as lu ?
- ^^.
- Tu ne dois pas le rendre maintenant. Madame Gérard vous a dit de le garder, pour en parler en classe.
- Meuh-sieur ! Trop de pages !
- Ah… Tu ne l’as pas lu, alors…
- ^^. J’ai lu… jusque 2 pages.