Etat chronique de poésie 989

Publié le 06 septembre 2010 par Xavierlaine081

989

Lorsque les yeux se posent 

Au revers du paysage 

Ce qu'ils voient

Va bien au-delà

*

Toujours ils contemplent l’indicible

L’invisible leur saute aux yeux

Nous sentons bien au-delà de nos sens

.

Car, si nous nous contentions de ce que notre conscience perçoit, nous n’aurions guère de raisons d’espérer.

Si notre horizon se bornait à ce que nous voulons bien voir, il n’embrasserait qu’un univers réduit et nous empêcherait tout contact avec l’autre.

Nous n’accepterions de rapport qu’avec les êtres déjà connus, limitant ainsi nos capacités d’apprendre et de découvrir.

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Notre attention va bien au-delà de ce que nos intentions nous prêtent.

C’est la condition de notre survie.

Limiter ici notre univers nous pousserait à l’enferment dans le seul espace connu et nous interdirait toute exploration au-delà de nos murs.

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Le refus des différences et les peurs de l’étranger relèvent de cet enfermement.

C’est une pathologie liée à l’avoir.

Car plus je possède, et plus j’ai de craindre de perdre ma possession.

Plus alors il me faut de droits, de polices et d’armées pour protéger ce que je considère comme mon bien inaliénable.

L’avoir est le ferment des guerres, la possession le début d’une déshumanisation.

*

Qu’il en soit désormais à rejeter l’autre au motif de sa misère qui le pousse à prendre ce qui lui revient au titre du partage, n’est donc pas étonnant.

Ceux-là possèdent : argent, pouvoir, biens meubles et immeubles.

Partager est un terme exclu de leur vocabulaire tant la peur de manquer les anime.

Ils en viennent à en vouloir toujours plus sur le seul principe que le moindre manque leur serait insupportable.

Non qu’ils ne soient pas animés, parfois d’un sursaut d’humanisme, mais la présence à leurs côtés d’une humanité de perdants quand eux s’imaginent vainqueurs est pour eux suprême insulte, danger de voir celui-là pénétrer par effraction dans un univers lisse et dénué de tout risque.

Alors, il demande au pouvoir qui le représente de le protéger, toujours plus, au risque de commettre crime contre le reste de l’humanité.

*

Celui-là dont la chance, l’héritage, le savoir faire a favorisé la fortune, est.

Il est d’autant plus qu’il lui faut jouer des coudes dans le pré carré des possédants.

Il n’est jamais assez de richesses à ces êtres avides.

Il leur faut développer une capacité à faire tourner le monde autour de leurs seuls désirs.

Ils sont.

Et, tels qu’ils sont, ils façonnent le monde à leur image : il faut « être » pour avoir droit à la parade, s’affirmer comme dominant dans la jungle des possessions infinies, insatiables.

Du moment que « je » m’affirme, je sais pouvoir bénéficier du soutien de mes semblables qui m’admirent et des forces à leur service.

Pour cacher ce sein peu glorieux, je prône ici et là la nécessité d’une qualité d’être, je vais en de multiples lieux cultiver mon bien, sans un regard pour celui qui crève, sur le trottoir d’en face.

Je montre une belle carrosserie, une Rolex à mon poignet gauche, n’écris mes romans salués par mes amis critiques qu’avec un stylo Mont Blanc, fréquente les saunas, salles de gymnastique, cours de yoga en vogue, travaille à mon développement personnel et ponctue tous mes discours d’un généreux bien être.

Rentré chez moi, je prétends que ce système est amendable puisqu’il me profite et que j’ai su m’infiltrer parmi les élites de décideurs.

*

J’allume ma télévision.

Un omni président explique qu’il faudra épurer un peu l’espèce classée comme française.

Je trouve ça normal, parce que j’en ai marre de devoir sans cesse protéger mes biens de ces yeux miséreux qui attendent que j’ai tourné les talons pour s’immiscer dans mes affaires et se servir.

Mon surplus est abondant.

Que ce soit dans celui-là que viennent piocher mes voleurs est une infâmie qu’enfin un dirigeant digne de ce nom va punir de la dégradation.

Mon ancêtre avait retiré à Dreyfus ses médailles, j’ai enfin trouvé le représentant opérant qui va accepter de faire le ménage.

*

Bien être est le strict pendant de bien avoir

Bien vivre est une autre affaire

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Manosque, 1er août 2010

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