RENTREE LITTERAIRE 2010
Editions Sabine Wespieser
En cette rentrée, les romans historiques tournant autour du thème de l'exil ont le vent en poupe. Les réfugiés espagnols du régime franquiste dans Antoine et Isabelle de Vincent Borel, les exilés chinois internés dans l'Italie fasciste dans Cente-seize chinois et quelques de Thomas Haims-Ogus...et les exilés roumains d'origine française du roman de Jean Mattern.
J'avais découvert Jean Mattern et son premier roman, Les bains de Kiraly, ce fut un réel coup de coeur. Ecriture très sobre évoquant les sentiments humains avec beaucoup de subtilité.
Son deuxième roman nous plonge également dans un récit des origines ; il donne voix à son père, originaire du Banat, province roumaine reconquise sur les turcs et peuplée au XVIIIe siècle d'Allemands, d'Alsaciens et de Slovènes. En 1944, lorsque la Roumanie est libérée du joug allemand par les russes, le jeune homme suit les allemands dans leur retraite et rejoint la France. Il laisse en Allemagne son meilleur ami, Stefan, le violoncelliste virtuose, qui lui préfère partir pour l'Allemagne.
Soixante ans plus tard, au seuil de sa mort, il raconte à son fils son exil, son installation en France, son mariage avec une exilée hongroise ...et lui demande de retrouver Stefan.
Un récit racontant l'exil et le déracinement, d'une très grande sobriété ; le titre très poétique évoque ce que comptait offrir le narrateur à sa femme hongroise, une vie "de lait et de miel". Malheureusement, le destin en décidera autrement puisqu'ils perdront un enfant. Mais l'écriture s'en tient à la chronologie des faits ; il s'agit de dire ce qui a été longtemps tu, sans recourir à un quelconque lyrisme.
Une belle plongée dans un pan ignoré de l'Histoire de l'Europe de l'Est et surtout de ces Français de Roumanie, rapatriés par le Général de Gaulle. Moins marquant que Les bains de Kiralymais Jean Mattern confirme tout de même un talent tout en épure.