Je lis Les vies extraordinaires d'Eugène d'Isabelle Monnin. Pourquoi dire" je lis" alors que je fais une pause dans ma lecture.
Trop d'émotions, trop de souvenirs douloureux qui remontent. Non, je n'ai pas perdu un enfant. Mais quelqu'un qui m'est très proche, oui.
Alors qu'elle était toujours hospitalisée suite à l'accouchement ( les 4 ou 5 jours post-accouchement ), j'ai dû franchir pour la première fois les portes d'une entreprise de pompes funèbres. Etrange impression d'entrer dans ce lieu à 29 ans. C'était la première fois. Il en faut une mais pas pour des formalités concernant un petit garçon qui n'aura vécu que quelques heures. Angoissée, la voix temblante, j'ai répondu à leurs questions. Sauf une. Il fallait l'heure exacte du décès. Et merde, je ne l'avais pas. Je l'ai appelé de mon portable. Elle a décroché et j'étais là, ne sachant pas comment le lui demander. Elle s'est mise à pleurer. Il y avait déjà la peine d'avoir porté un enfant à terme, d'avoir choisi son prénom et d'avoi bâti des rêves.
Le monde s'est s'écroulé le jour de l'accouchement, on a détecté que le bébé avait de gros problèmes.
Tout le staff médical vient, assiste. Des silences pesants coupés par le bruit du monitoring, des termes médicaux, des examens et des visages fermés.
"Non, madame... le bébé ne va pas bien du tout ".
La panique. L'effroi, la peur...
"Mais tout était normal"
"Oui, mais.. "
Un "Oui mais "qui vous anéantit en moins d'une minute, qui réduit à néant votre grossesse.
"Vous n'avez rien remarqué d'anormal ces derniers jours ?
"Non, le bébé bougeait"
"En êtes-vous certaine? "
Une question qui amène le doute et bien pire. La culpabilité.
Elle sur son lit d'hôpital se débattait avec sa douleur et surtout l'incompréhension. Et moi, je devais choisir une urne dans un catalogue...
Alors, je ne sais pas si j'aurai la force, le courage de continuer cette lecture...