Dans quel but Dieu attribua-t-il,
A ses fils le don de parole ?
Le maniement de l'art subtil,
De permettre aux mots leur envol ?
Dans quel but Dieu accorda-t-il,
Aux humains l'imagination ?
Un esprit vif et versatile,
Le précieux pouvoir d'invention ?
Dans quel but Dieu instilla-t-il,
Au coeur de ses enfants, l'ennui ?
Ce désert sec et infertile,
Qui chaque matin s'agrandit ?
Dans quel dessein Dieu permit-il,
Que naisse la crédulité ?
Cet état propre aux imbéciles,
Ainsi qu'aux naïfs patentés ?
La clé des interrogations,
Est d'une évidente clarté,
Fort applicable, à condition,
De cultiver l'habileté.
S'entraîner régulièrement,
Chaque jour polir tous ses masques,
Le large sourire innocent,
Qui dissimulera nos frasques.
Puis libérer dans la confiance,
Les mots fallacieux et charmeurs,
Qu'attend l'autre avec espérance,
Pour s'endormir dans la candeur.
Le mensonge est la panacée,
Qui anesthésie les tourments,
Un bienfait pour désamorcer,
L'angoisse ou le ressentiment.
Dans cet acte nous contribuons,
Au maintien d'une auguste paix,
Et conjointement nous servons,
Du grand Seigneur la volonté.
Car il paraît fort évident
Que la parole fut donnée
A l'être humain balbutiant,
Pour dissimuler sa pensée !