En janvier 1946, Malcolm Lowry écrit une longue lettre à Jonathan Cape, l’éditeur qui vient de lui adresser diverses critiques à la lecture du manuscrit de « Under the Volcano ». Cet extrait, ici, tiré de « Merci infiniment », aux éditions Allia : « Tout ceci entre parenthèses. J'ai déjà précisé voir mon livre comme une sorte de cathédrale mexicaine churrigueresque mais l'analogie doit prêter à confusion, d'autant plus que je n'ai cessé de vous renvoyer Aristote au visage et qu'à sa manière bien à lui, le livre possède une armature rigoureusement classique - on pourrait même voir les officiers du sous-marin allemand qui se vengent du Consul dans la figure des Sinaquirtas et des brutes quasi fascistes de la fin, comme je l'ai déjà suggéré ... Oh, et puis non: mettez tout ceci sur le compte de la fièvre tropicale qui vient de faire grimper en flèche ma température. Non, il faut que le livre soit essentiellement perçu sous forme rotative, comme une roue, je le répète car en parvenant à la fin, si on a lu avec attention, on devrait avoir envie de retourner au début pour s'arrêter éventuellement sur l'épigraphe de Sophocle, qui n'est jamais là que pour nous réconforter: "II est bien des merveilles en ce monde, mais il n'en est pas de plus grande que l'homme." Car le livre aura été monté, remonté et soudé en sorte de permettre un nombre infini de lectures qui n'épuiseraient jamais ses significations, sa portée romanesque ou sa poésie. C'est en ce sens que je lui voue mes espoirs et en dépit de tous ses défauts, en dépit de toutes les redondances de cette lettre, c'est aussi dans cet espoir que j'ai voulu vous l'offrir. Très sincèrement. »