Si le combat contre les contenus pédo-pornographiques est absolument indispensable, encore faut-il utiliser les bons outils techniques pour lutter contre ce fléau. Or, deux écoles s’affrontent sur la question. D’un côté, il y a les partisans du filtrage du web qui estiment que le blocage des contenus au niveau des fournisseurs d’accès à Internet est la meilleure méthode. C’est notamment la position des promoteurs de la Loppsi.
De l’autre, nous retrouvons les défenseurs du principe de la suppression des fichiers à la source, pour éviter qu’ils restent accessibles grâce à des moyens de contournement comme l’utilisation d’un serveur mandataire (proxy) ou d’un VPN (réseau virtuel privé). Bien évidemment, ces deux méthodes n’ont absolument pas les mêmes résultats sur le terrain, et n’engendrent pas les mêmes conséquences.
L’exemple australien est particulièrement criant. En mars 2009, nous avions mis en lumière les risques de dommages collatéraux entraînés par le blocage des URL. Sur 8 000 adresses Internet recensées sans contrôle judiciaire par la police, seules 1,37 % de ces URL contenaient véritablement des contenus pédo-pornographiques. Et sur ces URL, il aura fallu deux semaines pour retirer 93 % de ces adresses.
Or, le site allemand Netzpolitik a révélé le 1er septembre dernier les chiffres concernant la lutte contre la pédo-pornographie en Allemagne. Une lutte qui a fait le choix de la suppression des contenus à la source, plutôt que le filtrage au niveau des opérateurs. Et manifestement, le procédé est particulièrement efficace.
« Des 197 sites qui ont été signalés au cours du premier semestre 2010 au bureau des plaintes d’eco, 194 ont pu être supprimés dans le délai d’une semaine. Des contenus pédophiles qui étaient hébergés sur des serveurs allemands étaient hors ligne en une journée » a expliqué le site, dans une traduction réalisée par Vasistas. Cela représente un taux de suppression de 98 % en une semaine.
Fin novembre, l’ancien président allemand Horst Köhler avait d’ailleurs refusé de promulguer la loi Internet Restriction Act, qui aurait du poser les fondations juridiques pour obtenir blocage des sites web. L’hostilité du filtrage des contenus pédo-pornographiques se retrouve jusque dans les associations de protection de l’enfance.