Greg Egan : un moraliste dans l'ère du choix (5)
Publié le 05 septembre 2010 par Zebrain
On peut se demander, après ce survol d'une partie de l'œuvre de Greg Egan si, non content de ne pas être un romantique, il n'est pas aussi un pessimiste forcené. Y a-t-il quelque chose à attendre d'un monde d'égoïstes dont on ne peut être sûr q'ils auront assez de jugement moral pour inventer l'humanité sans s'auto-détruire et sans devenir des monstres ? En d'autres termes, si votre père, ou votre voisin, se révèle être Adolf Hitler et qu'il n'y a pas de chevalier armé d'un sabre laser pour le rameber du bon côté de la Fore, qui sauve l'humanité de sa tendance à l'aveuglement et à l'auto-destruction ?
Dans « La caresse, le policier kidnappé par Lindhquist, le créateur de tableaux vivants, n'a d'autre justification pour l'exercice de son léter que son sens inné de la justice. Harold, le sienifique de « La Cuve », est amoureux. D'un amour non partagé et qui empoisonne ses jours au point qu'il voudrait, à défaut de le comprendre, s'en débarrasser — être libre. Mais « quelque chose dans son génome, ou dans son passé a décaré que cela ne devait pas être. Ou peut-être que le dé quantique a été lancé en sa faveur. Pour cette fois. » Il ne commet pas le crime. De façon inexplicable et irrationnelle, parce qu'il se trouve doté d'un certain sens de la morale et de la justice… mais il aurait pu en être autrement.
La solution se trouve peut-être dans L'Énigme de l'univers, où Andrew North se rend sur une île corallienne artificielle située en plein Pacifique… un territoire créé par un groupe de bioingénieurs anarchistes. Non pas que Greg Egan exprime ouvertement sa sympathie pour les anarchistes… mais c'est le seul système politique qu'il ait jamais pris la peine de décrire un peu en détail. Et quand les problèmes ne peuvent pas être résolus par des héros dans la dimension mythique; il faut bien qu'ils le soient par des humains dans la dimension politique. À moins que ne s'opère, toujours comme dans L'Énigme de l'uinvers, une transformation de l'univers au niveau mathématique, physique et métaphysique. Un aspect de l'œuvre de Greg Egan qui mériterait un article à lui tout seul.
En attendant, il ne nous reste plus qu'à recommander au lecteur de lire ses textes. Ils expriment, mieux que les navrantes imbécillités de « penseurs » incapables de comprendre la nature de cette étrange époque, ce qu'il en est de la vie à la fin du XXe siècle.
Sylvie Denis