Le livre que je lis en ce moment s’intitule « La Chinafrique ». Je n’aime pas la couverture parce que l’africain ressemble à un esclave moderne et que le chinois est devenu le nouveau colon. Je suppose que c’est un peu ce que voulait faire ressortir Serge Michel et Michel Beuret – les deux journalistes français qui ont écrit le livre.
Avec ce livre, je me rends compte que j’ai, sans le savoir, été témoin de l’ouverture d’une grande page de l’histoire.
En Afrique, j’ai vécu dans un quartier où tout le monde était français. Et puis un matin, on se lève et on se rend compte que le vent a tourné à l’Est.
Du jour au lendemain, les français ont fait place aux cadres chinois ou malaisiens supervisant des ouvriers africains mais aussi philippins ou indonésiens. Beaucoup de compagnies françaises perdent des contrats et ferment au profit d’initiatives chinoises.
Pourquoi la France perd du terrain
Une raison parmi tant d’autres serait l’attitude du président français. En parlant de rupture entre la France et ses anciennes colonies, Nicolas Sarkozy avait outrée l’Afrique, qui ne supporte pas qu’on fasse semblant de l’aider sans intérêt. Mais ce n’est pas tout, cet incident diplomatique n’était que la suite d’autres signes inquiétants.
Ce que les africains reprochent aussi aux français c’est le traitement que l’on leur réserve dans les consulats. La plupart des grosses fortunes souhaitent que leurs enfants s’instruisent à l’étranger pour acquérir une éducation crédible et solide. La France a longtemps été la destination de choix. Cependant, la frustration de ceux à qui ont refuse les visas d’études devient désormais aussi grande que les files d’attente aux consulats français.
Quand je vois comment les Nigérians qui demandent un visa se font humilier au consulat (français)! C’est pas malin, certains sont vraiment très riches. Il (le consulat chinois) trie les bons et les mauvais. (…) Si le mec est important, s’il a de bonnes affaires, il aura son visa sur un plateau.
Au Cameroun, on rapporte que les centre culturels chinois mènent une rude concurrence aux centres culturels français. Dans d’autres pays en Afrique également, les étudiants apprennent le chinois dans le but d’aller étudier en Asie. Las de se faire traiter comme des moins que rien, ses gosses de riches vont désormais dépenser leur argent en Chine.
La Chine aurait accueilli plus de 20.000 étudiants africains. Parmi eux, 60% ont reçu des bourses attribuées par le gouvernement chinois.
Métis sino-africain
Je ne crois pas que les africains se leurrent sur la teneur de leur relation avec les chinois. Ce n’est pas une histoire d’amour et à part quelques bâtards afro-chinois qui traînent dans les quartiers, on parle surtout business…
Je vais vous dire la vérité. La Chine utilise l’Afrique pour arriver au niveau des États-Unis, puis les dépasser.
Jacob Wood, homme d’affaires chinois vivant au Nigeria.
Ce n’est donc pas un mariage fait d’amour mais d’intérêts. La Chine ne fait pas semblant de faire de l’humanitaire, une pratique maintenant jugée paternaliste par certains. Pas de morale non plus. Avec sa bonne expertise en matière de droit de l’homme, la Chine n’a rien a apprendre à l’Afrique des corruptions et vice-versa.
Mauro De Lorenzo, VP de Freedom and Free Enterprise
Les chinois sont entrain de montrer qu’on peut faire des affaires en Afrique, des affaires rentables, alors que nous, Occidentaux, sommes enfermés dans une vision humanitariste. C’est la mode: Bono le chanteur et toute sa troupe, veulent aller panser les plaies des Africains, les aider, pleurer avec eux parce qu’ils ont le sida, parce qu’ils sont pauvres et purs. Mais l’humanitarisme est aussi une méthode de contrôle: il maintient un rapport de domination.
Mauro de Lorenzo fait partie d’une fondation qui cherche en autres des solutions pour éradiquer la pauvreté.
Jean Ping, homme politique sino-gabonais
L’Afrique a un besoin impérieux de partenaires. Or la Chine investit considérablement sur le continent. Quelles que soient ses arrière-pensées ou l’aspect critiquable de certaines de ses méthodes, elle, au moins, est présente à nos côtés. Elle s’installe là où les autres puissances refusent de venir. (…) Les Africains rêvent d’Europe ou d’Amérique, parlent le français, l’anglais, l’espagnol ou le portugais. Pas le chinois. Mais qui refuse nos étudiants? Qui rechigne à s’engager en Afrique?- Jean Ping, – homme politique sino-africain ayant représenté le Gabon lors du forum de la Chine Afrique.
Mais pourquoi la Chine s’engage en Afrique?
Le livre l’explique de but en blanc. La Chine et sa croissance démesurée ont besoin de tout ce dont l’Afrique regorge: minerais, bois, poissons et produits agricoles.
De son côté, l’Afrique n’a jamais pu s’asseoir sur les sièges réservés aux membres de l’ONU. En s’alliant avec un pays asiatique qui est membre de sécurité, le continent noir espère entrer dans l’histoire.
Point commun entre la Chinafrique et la Francafrique?
Ces deux noms trahissent la supériorité d’un seul pays sur tout un contient. À eux seuls, les chinois ou les français, réussissent à diriger le continent noir d’une main de fer. L’Afrique continuera donc à se faire éternellement exploiter. C’est juste que cette fois-ci, elle y consent…
Picture Source:
- Vedoluce
- Paolo Woods
- Southafrica pig
Note: À l’exception de la dernière image, toutes les photos sur cette page ont été tronquées ou légèrement modifiées pour correspondre à des dimensions spécifiques et/ou au thème de l’article.