Ô euphorie de la pensée positive! Ô ivresse de la joie excessive! Ô aveuglement du soleil flamboyant! Vous nous étourdissez, nous exaltez, nous calcinez le sang. Quoi de mieux qu’un nuage de négatif, de peine ou d’obscurité pour calmer nos nerfs exacerbés? Bye bye canicule et compagnie! Bienvenue ombrage et pluie!
Si vous habitez, comme moi, une région accablée par la sécheresse et la chaleur, vous aurez deviné ce qui motive aujourd’hui mon ardeur. Devant la complainte de tout bout de toundra idolâtrant le froid, je me faisais un facétieux devoir de vanter ma nature de plante tropicale. Tiens, toi!
Ah! Mais qui connaît de l’Univers les lois sait que nous n’en resterions pas là.
Jusqu’à juin dernier, j’accueillais les bras tout verts cette période bénie de soleil et d’humidité. Ayant souvent payé pour me retrouver dans un pays où abondent ces conditions, j’étais à des années-lumière de me douter qu’un jour, je paierais encore plus cher pour climatiser le moindre centimètre de ma réalité.
De façon inattendue, après deux mois d’assauts continus, je finis par succomber aux vagues colossales de Mme Canicule et M. Humidex. Quel couple infernal!
C’est le genre d’union dont on souhaite l’élimination du compagnon. Dont on prie pour que la particule de la fin se retrouve au début. Pour faire de ce conjoint, comme l’ont fait tant d’autres, un ex-quelque chose…
C’est ainsi. Je le déclare enfin à l’entière bogosphère. Ma folie tropicale est terminée. En ce jour de ciel couvert, de fraîcheur et de pluie, je me suis, contre toute attente, attiédie.
Reconnaissante, je rends hommage aux nuages. Nuages qui nous protègent vaillamment des rayons parfois trop dardants d’un soleil permanent. Nuages qui nous rafraîchissent les idées, quand l’extase nous échauffe les pensées.
Parce qu’aucun être humain ne pourrait supporter constamment les tensions du plaisir, la vie lui concocte des moments de douleur. Pauses nécessaires pour réfléchir. Mettre de l’ordre dans ses affaires. Supprimer des valeurs désuètes. Prendre des décisions concrètes.
Les nuages prennent aussi la forme de mon prochain. Ceux qui m’entourent climatisent mes bouffées superlatives. Une fois assise dans la fraîcheur de mon cœur conscient, j’ai le loisir d’entendre ma petite voix. Celle qui perçoit en toute chose la beauté inaltérable. La perfection inégalable.
Amis de près ou de loin, vous êtes témoins! Nous nous engageons désormais, mon gazon jaune et moi, à honorer les nuages et leurs louables bienfaits.
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