Par Hong Kong Fou-Fou
J'ai passé une grande partie de mon été à lire tous les albums de Théodore Poussin. Ben oui, à l'époque de leur sortie, j'étais jeune et con, et je n'avais pas su apprécier la substantifique moelle de cette série, je m'étais donc arrêté après le premier volume. Aujourd'hui je suis plus vieux (et peut-être moins con). Et Goudurix nous a conseillé cette BD dans un article avant les vacances. Et moi, Goudurix, c'est mon mentor. J'ai une confiance aveugle dans ses goûts très sûrs. Il écoute les Sparks ? J'écoute les Sparks (je plaisante). Il regarde "L'homme du Picardie" ? Je regarde "L'homme du Picardie" (je plaisante). Il porte des t-shirts avec col en V ? Je porte des t-shirts avec col en V (je plaisante. Plutôt crever). Bref, j'ai décidé d'accorder à Théodore Poussin une seconde chance, et j'ai vraiment bien fait, c'est excellent.
Mais pour ne pas lire que des BD, j'ai aussi acheté "Zizi the kid", de David Abiker. Il écrit des chroniques dans GQ, que je trouve plutôt amusantes. Au dos de son livre, il y a cet extrait : Mon cousin a trois sujets de conversation. La taille de son zizi, le funky et les super-héros. Il prétend pouvoir allonger son sexe rien qu'en pensant à sa copine Stéphanie Poulain qui danse sur Kool and The Gang. Le rapport de cause à effet m'échappe totalement. Question super-héros, il m'assure posséder un tee-shirt Valéry Giscard d'Estaing donnant à celui qui le porte des pouvoirs illimités. Devant un mensonge aussi évident, je ne trouve rien à répondre. Je me suis senti concerné : mes trois surnoms sont "Mr. Marvel", "Mr. Dynamite" et "Le Tripode". Bon, j'avoue, un de ces surnoms est inventé. Hmm, à la réflexion, les trois, c'est du flan. Mais quoi qu'il en soit, je me suis dit que ça serait parfait pour lire sur la plage. Entre les cris des gamins qui se lancent du sable, les harangues des marchands de beignets vantant les qualités de leurs concentrés de cholestérol en rondelles et les ados qui se font écouter à plein volume l'intégralité des sonneries de leur portable, mieux valait remettre la lecture de Sun Tzu à plus tard.
Le livre raconte la découverte de la sexualité par le jeune David. C'est sympa. L'auteur nous livre une succession d'anecdotes et de souvenirs drôles et émouvants qui ont marqué son enfance. Il a à peu près mon âge, donc forcément quand il parle des frites Végétaline, de Wattoo Wattoo ou des soutien-gorge Coeur Croisé de Playtex, ça m'interpelle. Mais pour être parfaitement honnête, ça m'a quelque peu déçu. Je m'attendais à quelque chose de plus amusant, de plus dynamique. C'est un peu mou, quoi, ce qui l'a fiche mal pour un livre qui parle de zizi, vous en conviendrez avec moi.
Ce bouquin m'a beaucoup rappelé "Pattes d'eph et col roulé" de Fred Neidhardt, avec plus de mots et moins de dessins. Du coup, je l'ai relu, ainsi que le "Petit dictionnaire de mon enfance" par Rodolphe. La sanction a été immédiate : j'ai cherché mes Big Jim et mes soldats Starlux dans un carton, je me suis rappelé ma propre jeunesse et je me suis tapé un gros coup de spleen et de nostalgie. Saleté de temps qui file... Tout ce que je voulais faire dans ma vie, que je n'ai pas fait et ne ferai jamais. Tout ce que j'ai fait et que je ne ferai plus.... O tempora ! O mores ! Pfff, excusez-moi, j'ai parfois l'impression d'être Goudurix. Sans les t-shirts col V, quand même.
Bref, un livre que je recommande aux moins de vingt-cinq ans, pour qu'ils découvrent comment vivaient les enfants à la
préhistoire. Pour les autres, oubliez, risque de déprime. Bravo Monsieur Abiker, c'est malin. En plus, il n'a pas fait très beau sur la plage.
Zizi the kid, par David Abiker
205 pages. Editions Robert Laffont, 2010.