« Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Récemment, je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien. »
André Gorz, philosophe, revient sur plusieurs de ses écrits en déplorant de ne pas avoir parlé de l'essentiel. Et l'essentiel, c'est Elle.
Un indispensable. Bien plus. Au-delà. Une mise à nu, un streap-tease, une mise en abyme, un plongeon dans l'intime. La plus belle déclaration d'amour.
André Gorz fait preuve d'une honnêteté brutale et nous offre avec une incroyable générosité la foi. Foi en l'amour, dans le couple, dans le mariage, dans la vie.
Honorée, j'accepte ce précieux cadeau avec reconnaissance.
« La nuit je vois parfois la silhouette d'un homme qui, sur une route vide et dans un paysage désert, marche derrière un corbillard. Je suis cet homme. C'est toi que le corbillard emporte. Je ne veux pas assister à ta crémation ; je ne veux pas recevoir un bocal avec tes cendres. J'entends la voix de Kathleen Feffier qui chante « Die Welt ist leer, Ich will nicht leben mehr » et je me réveille. Je guette ton souffle, ma main t'effleure, nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble .
Lettre à D. fut publié en octobre 2006. Le 24 septembre 2007, l'auteur alors âgé de 84 ans et sa femme, atteinte d'une maladie grave, se sont donnés la mort. Ensemble.
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