On les attend toute l’année ces grandes vacances, on économise souvent pour se les offrir qu’il s’agisse de l’emplacement de camping sur la côte, du bungalow en club à Tataouine, du treck de la mort avec sac à dos de 25 kg autour des Annapurna, avec un peu de moyen on peut aussi louer des sherpas et se la jouer l’edelweiss à la bouche mais à chacun ses vacances. Pour l’instant, et bien oui, faut se faire une raison, l’été ce ne sera plus avant l’année prochaine. Il nous reste l’espoir de l’été indien comme au Canada mais les jours ont commencé à raccourcir, on voit déjà le moment où on ne le verra plus en sortant du métro, j’entends tous ceux qui ne le prennent pas se mettre à ricaner, les chanceux. Il n’aura échappé à personne que les soirées et les nuits fraîchissent, il va falloir songer à ressortir les couettes pour s‘y blottir ou faire du feu dans la cheminée..
Les pros du camping ont rangé, balayé, nettoyé tout le matériel, au passage, c’est le moment de profiter des soldes pour changer la toile de tente laissant passer l‘eau, la glacière produisant du chaud, le matelas qui se dégonfle lentement chaque nuit. On peut aussi songer à investir dans un gonfleur électrique de préférence silencieux, les voisins apprécieront, surtout si vous ne changez pas le matelas, ce n’est pas une fois mais deux qu’il faudra le regonfler toutes les nuits l’année prochaine, de bien bonnes vacances en perspective.
Pour rire, si on se livrait à une typologie du vacancier :
Le béat, tout lui va, du moment qu’il est en vacances, la vie est belle, il se contente de peu, bouge encore moins, mange, sieste, s‘oblige à quelques heures d‘activités ou plage ou marche et recommence. Il pleut, il exulte à l’idée d’attaquer le roman acheté l’année d’avant. Il fait trop chaud, une petite sieste s’impose. Il passe le plus clair de son temps à apprécier celui qui passe et cela suffit à son bonheur et à le re-booster pour attaquer l’automne.
Le jamais content, il continue ce qu’il fait toute l’année, il râle. Les gosses font trop de bruit, il fait trop chaud, le voisinage est déplorable, la plage sale, l’eau pas assez chaude. Petit rappel, la Bretagne possède un climat tempéré, chaque copain de cette belle région m’explique que son petit coin bénéficie d’un micro climat, qu’il pleut moins, qu’il y a moins de vent et que l’eau est plus chaude que chez le voisin. A la finale, comme Coluche le disait si vous vous obstinez à partir en Bretagne, prévoyez les bottes en caoutchouc et les cirés, il pleut tous les jours un petit peu ou beaucoup mais pas longtemps, la température de l’eau est constante et égale à : intouchable mais on y mange remarquablement bien et pour fabriquer du gras en prévision de l’hiver afin de préparer une indispensable thalasso, c’est la destination à ne pas rater.
Quoi que pour les kilos de l’été n’importe quelle destination fait l’affaire, l’apéro/restau/sandwich/glâce/goûter fera le reste.
Le déçu, il a étudié son itinéraire, il a réservé tout bien comme il faut mais ça ne lui convient pas. Pas tout, bien sûr, mais lui reste un sentiment d‘inachevé, d‘insuffisant, d‘envie d‘ailleurs. Il n’y a qu’un pas pour qu’il rejoigne la catégorie précédente et oublie de profiter de son temps libre et gâche celui de ceux qui l’accompagne. Un boulet à consoler tous les matins au lever, à booster à l’heure du déjeuner sans oublier de lui récapituler les bons moments de la journée au dîner. En tant que membre de la famille, faut faire avec, en tant qu’ami, étudier la possibilité de le garder mais l’éviter pour les prochaines vacances.
L’arnaqué, a réservé un appartement de folie sur internet à payer avec sa carte bleue ou par Paypal, est arrivé à New York à 23 h, pris un taxi avec ses quatre mômes pour arriver… nulle part. Se rend compte qu’il s’est fait arnaqué, doit trouver un hôtel pour la nuit, vu l’heure pas le choix, l’addition sera de nouveau salée. Le lendemain doit fissa trouver un autre appartement pour loger sa petite famille et faire preuve de bonne humeur pour pas gâcher ses vacances tant attendues. Carte bleue dans le rouge, banquier au bord de l’apoplexie, il lui reste le tranxéne et ses yeux pour pleurer. Une histoire parmi tant d’autres d’arnaques à la réservation.
Le boulimique, il n’en a jamais assez, il vous traîne dans tous les musées, tous les parcs, toutes les églises, il a coché toutes les cases : à voir. S’il s’agit de votre mari, madame vous pouvez ranger les tongs, sandalettes avec ou sans talons et prévoir la paire de baskets et la crème décontractante après le bain de pied du soir. Il épuise son monde, veut tout voir, tout faire, il subit une poussée de boulimie quasi exclusivement culturelle. Suggérer une après-midi à la plage ou un pique-nique bucolique revient à commettre un crime de lèse majesté. Une alternative, prouver guides et cartes à l’appui qu’il s’agit d’un parc naturel ou pendant que les enfants s’amuseront tellement de cette descente en kayak, il pourra admirer et photographier l’un des plus beaux canyons au monde.
Le pressé, catégorie au-dessus du boulimique, n’apprécie rien, va trop vite, veut en voir trop, stresse son monde parce que sortir trop tard du marché artisanal signifie trop peu de temps au musée des beaux arts juste avant la visite de la basilique, ouf ! En une semaine de ce régime, la fatigue le gagne, sa famille aussi, tout le monde s’écharpe ou se fait la tronche.
Le stressé, se demande sur le pas de la porte si la cafetière est éteinte, fait demi-tour trois fois, pour vérifier la fermeture des portes et fenêtres, à ranger trois fois le coffre de la voiture en optimisant chaque fois la place et la stabilité des bagages. Angoisse la moitié du trajet en songeant aux oublis possibles et l’autre moitié sur ce qu’il va trouver en arrivant sur le lieu des vacances. A fait des listes pour avant, pendant, après, préparé les numéros des médecins et des hôpitaux les plus proches, refait le plein tous les 200 km avant l‘arrivée. Il inspecte d’un air suspect le contenu de son assiette, vérifie qu’il a emporté le numéro du centre anti-poison, essuie ses couverts et ceux de ses gosses. En résumé, rend la vie impossible à son entourage même respirer comporte un risque.
Le malchanceux, un genre particulier, il emmène maman ou belle-maman en vacances, supportable parce que pratique lorsque les enfants sont petits, la Co-habitation peut devenir un enfer. Le patron sur le dos toute l’année, pas de repos en congés, fais-ci, fais ça, il arbitre les conflits femme/mère/belle-mère/enfants, va faire les courses pour avoir la paix, se fait engueuler parce qu‘il manque la moitié des denrées, son avis n‘intéresse personne, de toute façon avec tout ce bruit personne ne l‘entend. Finalement, se repose en rentrant au bureau, content de retrouver ses collègues, prend le temps de boire son café sans personne pour lui casser les pieds.
Les vacances entre copains, deux solutions, soit on se connaît, on est déjà parti ensemble, chacun sait à quoi s’attendre, encore que, avec les enfants au milieu personne ne sait comment les choses peuvent évoluer. Ceux de l’autre couple, petits, ils braillent plus, en grandissant ils ne disent jamais merci, ne savent même pas débarrasser leur assiette, répondent effrontément, devenus adolescents, ils dorment jusqu’à pas d’heure, font la tronche dès le lever et ressemble à des estomacs sur pattes jamais contents sauf un pistolet à peinture ou un hamburger à la main. Si les enfants sont du même âge, l’amitié peut y résister si les écarts sont trop importants, c’est mort.
Soit, on partage la même location pour la première fois, là tout est possible, passé l’euphorie, surtout à l’heure de l’apéritif des premiers jours chacun surveille qui va se lever en premier pour débarrasser, la vaisselle s’empile, le linge reste sale et humide, le partage des tâches tourne au pugilat et dés qu’on aborde les questions budgétaires, la hache de guerre est déterrée.
Les heureux, espérons qu’ils sont les plus nombreux, ceux ayant choisi le lieu de leurs vacances ou leur itinéraire, emmenant enfants, amis, maman, belle maman ou amis de leurs enfants ou tout cela à la fois. Ceux-là prennent les aléas et les petits tracas comme des bons souvenirs à raconter, râlent modérément, souvent plein d’entrain, proposant alternativement des activités pour tous les goûts et tous les âges, ils finissent par devenir indulgents envers leurs enfants et ceux des autres qui ne sont ni mieux, ni pires.
Ils savent profiter chaque jour du bonheur de posséder une famille et des amis comme les leurs, les coups de gueule alternent avec les fous rires, à la finale ceux-là emportent toute la tribu dans la même vague de bonheur.
Oui, on dirait un peu le pays de Candie, mais si chacun y met du sien, mêlant bon caractère, patience, bienveillance et conciliation, il y a vraiment de quoi passer les meilleures vacances possible.
En général, ne nous y trompons pas chacun se fabrique ses vacances, certes à la mesure de ses moyens mais, en fonction de sa personnalité et des moments qu’il souhaite vivre et partager. En plus de savoir faire bonne figure en toutes circontances, il faut avant tout bien prévoir ce qu’on veut vivre et avec qui.
L’heure est au bilan, les vacances sont finies, vive les vacances ! Et vivement les prochaines !