Pas facile de faire l’unanimité quand on est affublé d’un patronyme à la con, se répète souvent le commissaire Jules-Dominique Lecocq. Et de fait, depuis cinq ans qu’il en occupe le poste, le responsable de la police de Toulon ne s’y est pas fait que des amis. Car outre le nom d’oiseau qu’il se trimballe, son tempérament nonchalant ( à mi-chemin entre Gainsbourg et Dutronc - les pères ) et les quelques casseroles qui lui collent toujours au cul, ne lui attirent la sympathie ni de sa hiérarchie ni des ses subordonnés. « Té ! De son équipe, parlons-en, vé ! », comme dirait le lieutenant Annie Castagne, que Juldo surnomme « Le Boulet » pour des raisons qui, dit-il à qui veut l’entendre, lui paraissent évidentes : trop de mots, trop d’accent, trop de tout : un boulet, quoi ! Quant à Adam Tessier, son antipathie à l’égard du commissaire est désormais patente. Mieux que ça : le jeune lieutenant soupçonne Lecocq d’avoir replongé dans les eaux boueuses des petits trafics qui ont autrefois entaché sa renommée, à l’époque où il bossait aux Mœurs, à Paris… Il faut dire que le goût toujours prononcé du commissaire pour les milieux interlopes et les prostituées transgenres n’améliore pas vraiment sa réputation aux yeux des policiers. Pas plus d’ailleurs qu’il ne facilite son insertion sociale au sein de la bonne bourgeoisie toulonnaise… C’est dans ce contexte délétère qu’intervient la mauvaise publicité faite aux époux Delange, les chirurgiens plasticiens de la clinique Beaurivage de St Tropez. Car ce n’est pas un, mais bien cinq cadavres qui sont retrouvés sur leur propriété de l’île d’Or, au large du petit port d’Agay. Et lorsque Juldo et ses équipes y débarquent, c’est d’abord le corps d’une jeune femme au crâne fracassé par la chute d’une pendulette de marbre rose qu’ils y découvrent. Cette explosion littérale de tête préfigure les difficultés que devra lui-même surmonter le commissaire avant de parvenir à boucler une enquête qui ira en se ramifiant, et qui, de Toulon à Paris - où Juldo sera confronté aux pénibles souvenirs de son propre passé, s’avèrera plus compliquée qu’il ne l’aurait pensé. Car pris en tenaille entre les tentatives de manipulation d’un journaliste peu scrupuleux et au nom aussi emplumé que le sien : Zachary Poussin, et les vicissitudes de sa propre vie privée alliées aux pressions de sa hiérarchie, il aura mille difficultés à conduire un jeu dont le tueur s’avèrera être le véritable meneur. Et quand bien même l’instinct de Juldo le pousse dans un premier temps à choisir la fuite, il se verra contraint d’effectuer une inévitable plongée en eaux troubles, dictée par un tueur implacable et qui affirmera pour sa part se dissimuler dans… un livre. Car c’est avant tout cela, MetaThriller : comme son nom l’indique : un livre qui met à jour la matrice d’un livre qui a lui-même permis d’écrire un livre. Mettez-vous en abîme : entrez dans le thriller-gigogne, faîtes-vous un polar au cube !