Plague Town
Résumé: Une famille américaine en vacances en Irlande se retrouve coincée au milieu de nulle part après avoir loupé le dernier bus. Ils ne tardent pas à arriver aux abords d’un étrange village déserté dans lequel les enfants sont particulièrement agressifs.
Dernier film en date offert avec Mad Movies, Plague Town est un long métrage singulier, sur lequel il est assez difficile de se faire un avis. La jaquette et les photos de la récente preview parue dans le journal laissaient espérer un film envoutant à l’ambiance gothique, mais le résultat final n’est pas forcément toujours à la hauteur…
Le gros problème de Plague Town, c’est l’amateurisme qui ressort souvent du film. David Gregory a beau tenter de donner une atmosphère éthérée et glauque à son long-métrage (ce qu’il réussit ponctuellement), ses efforts sont souvent minés par de nombreux défauts, à commencer par des acteurs uniformément mauvais. De la petite famille propre sur elle aux défauts exagérés (la sœur pimbêche, la belle-mère jeune et sympa pas acceptée, le père sans autorité) aux habitants du village qui surenchérissent dans le glauque (la grand-mère qui recueille l’un des héros), tous sont souvent à côté de la plaque. Il faut dire que le scenario à la fois basique (au final il s’agit d’un simple survival) et nébuleux (on ne comprendra jamais vraiment ce qui arrive aux enfants de la ville, ni pourquoi) ne prend pas vraiment le temps de les développer correctement, ni de rendre leurs actions logiques (du genre « tiens, et si on passait la nuit dans cette voiture abandonnée au bord de la route ? »). L’autre problème, ce sont les maquillages souvent assez ringards des enfants mutants, qui ont l’air d’avoir des bandes de plâtre collées sur la tronche, ce qui le fait moyen. Heureusement, certains sont plus réussis que d’autres (la troublante Rosemary, qui illustre la jaquette du DVD).
Mais malgré tout ces défauts qui pourraient transformer le film en nanar bas du front, il ressort de Plague Town une ambiance putride assez dérangeante. David Gregory réussit parfois à vraiment inquiéter (la scène de l’arrivée de Rosemary), voire à révulser (lorsque les enfants pendent l’un des personnages par les cavités oculaires avant de le lapider). L’ambiance particulière qui se dégage du film n’est finalement pas sans rappeler les longs métrages de Lucio Fulci, qui n’étaient pas non plus des modèles de scénario ou de direction d’acteurs. Ce village déserté rappelle Frayeurs, les sévices infligés à certains personnages évoquent l’ouverture de L’Au-delà, etc. Cela ne fait pas de Plague Town un bon film pour autant, ni ne parvient à rattraper l’amateurisme de celui-ci, mais cette singularité en fait un film à découvrir…
Note : 5/10
USA, 2008, DTV
Réalisation: David Gregory
Scénario: David Gregory, John Cregan
Avec: Josslyn DeCrosta, Erica Rhodes, David Lombard, Lindsay Goranson
Splice
Résumé : Un couple de scientifique parvient à créer une nouvelle espèce animale en combinant l’ADN de plusieurs espèces. Sans l’aval de la compagnie pharmaceutique qui les emploie, ils poussent leur expérimentation plus loin en ajoutant de l’ADN humain à leur mélange. Une expérience qui ne sera pas sans conséquences…
Que ce soit dans les années 50 avec le péril atomique (Des Monstres attaquent la ville), ou dans les années 80 avec les progrès de la médecine (Faux Semblants), les dérives de la science ont toujours été un sujet porteur pour le cinéma d’horreur. La principale préoccupation des années 2000 étant les progrès de la génétique, un certain nombre de films de genre se sont attaqués au sujet. Citons notamment le magnifique Bienvenue à Gattaca d’Andrew Nicoll, ou le tendu Isolation de Billy O’Brien. Cette année, c’est au tour du talentueux Vincenzo Natali (Cube), absent des écrans depuis un petit moment (son dernier long-métrage, Nothing, étant sorti directement en DVD dans de nombreux pays) de s’intéresser aux dangers de la manipulation du génome.
Fortement influencé par La Mouche, le film prend la forme classique du chef d’œuvre de Cronenberg : l’euphorie de la découverte, l’expérience interdite sur l’humain, la phase d’observation froide et scientifique, et bien évidemment la « contamination » des protagonistes et le dérapage final. Rien de très novateur donc, mais Natali se débrouille parfaitement dans la première partie du film pour créer un climat de tension constant, avec même quelques très bonnes scènes de trouille (dont un « accouchement » très flippant). Sarah Polley est excellente en scientifique jusqu’auboutiste rongée par un lourd passif familial, et porte le film sur ses épaules, aux côtés d’un Adrian Brody un peu fade (la faute surtout à un personnage un peu moins développé et intéressant). Mais la principale attraction du film, c’est bien évidemment Dren, la créature à laquelle les deux héros donnent vie. A la fois fascinante et dérangeante (son visage est particulièrement troublant), touchante et effrayante, elle est peut-être l’une des plus belles et originales créatures vue sur un écran depuis très longtemps. Et le tour de force de Natali, grandement aidé il est vrai par l’interprète de Dren, Delphine Chaneac, c’est de rendre cette étrange créature parfaitement crédible, malgré son aspect peu ordinaire (une allure humaine, mais avec des pattes d’oiseau, une queue, des ailes rétractables).
Le soufflé retombe malheureusement quelque peu dans la deuxième moitié du film, lorsque l’action se déplace du centre de recherche à une ferme isolée. La crédibilité en prend un peu un coup, notamment parce qu’on a l’impression que Dren pourrait s’échapper à tout moment si elle le voulait. Certains rebondissements sont assez mal amenés, notamment la fameuse scène de sexe entre Brody et la créature, qui semble peu crédible, faute de développement du personnage incarné par l’acteur de Predators. Le final est aussi un peu expédié, mais reste intéressant (et le clin d’œil a La Mouche est très appréciable).
S’il ne tient pas toutes ses promesses, Splice reste tout de même un plutôt bon film et relève le niveau d’une année 2010 un peu pauvre en frissons pour le moment.
Note : 7/10
USA, 2010
Réalisation : Vincenzo Natali
Scénario : Vincenzo Natali, Antoinette Terry Bryant, Doug Taylor
Avec : Adrien Brody, Sarah Polley, Delphine Chanéac
CJ7
Résumé : Dicky est un enfant pauvre rejeté par la plupart des élèves de l’école privée dans laquelle il étudie. Son père Ti (Stephen Chow) travaille sur des chantiers et dépense toutes ses maigres économies pour offrir à son fils un meilleur avenir que le sien. Un jour, il découvre une étrange sphère verte qu’il ramène à Dicky. Celle-ci ne tarde pas à donner naissance à un chien extraterrestre, qui va bouleverser la vie du petit garçon.
Stephen Chow a toujours été un grand admirateur de Steven Spielberg. Avec CJ7, il paie son tribut au réalisateur américain en réalisant son ET personnel. Mais bien évidemment, si le film est fortement influencé par le chef d’œuvre de Spielberg, il n’en est pas moins un long métrage appartenant à 100% à son réalisateur / scénariste / acteur principal. On retrouve dans CJ7 l’humour loufoque du réalisateur de Shaolin Soccer, notamment lorsque Chow s’imagine les pouvoirs de son chien et la déconvenue qui s’ensuit. Les séquences à la Tex Avery sont aussi présentes, ainsi que les combats d’arts martiaux (même si ceux-ci sont très peu nombreux, le sujet s’y prêtant peu), et l’amour des laissés pour compte (Chow et son père, mais aussi la fille au corps de géante). Le fan ne sera donc pas dépaysé.
Cependant, la sauce a un peu plus de mal à prendre que dans ses précédents opus, peut-être a cause du ton enfantin du film, mais aussi à des personnages secondaires un peu fades. Les films de Chow ont toujours été un peu bordéliques, et c’est d’ailleurs ce qui fait leur charme (voir le passage chanté dans Shaolin Soccer), mais ici le réalisateur se disperse un peu trop pour totalement remporter l’adhésion. On aurait aimé qu’il se concentre un peu plus sur le fameux CJ7 qui au final n’est que peu exploité (dommage car les effets spéciaux lui donnant vie sont plutôt convaincants). Le film recèle tout de même de bons moments de comédie, et développe une très touchante relation père-fils. Le réalisateur injecte de plus une certaine dose de noirceur assez inattendue dans ce genre de production, lors d’un moment-clé du film.
CJ7 n’est donc pas un très grand cru pour le réalisateur hongkongais, mais permet au fan de patienter en attendant son prochain projet.
Note : 6/10
Hong Kong, 2008
Réalisation : Stephen Chow
Scénario : Stephen Chow, Vincent Kok, Kan-Cheung Tsang
Avec: Stephen Chow, Jiao Xu
Laid to Rest
Résumé : Une jeune femme se réveille dans un cercueil, ne se rappelant plus ni son identité, ni comment elle est arrivée là. Elle ne tarde pas à sortir de sa prison de bois, et se retrouve poursuivie par un implacable tueur portant un masque chromé en forme de tête de mort.
N’y allons pas par quatre chemins, le premier film de Robert Hall (fondateur de la compagnie d’effets spéciaux Almost Human) est un très mauvais film, raté à quasiment tous les points de vue. Les personnages sans aucune épaisseur sont tous plus débiles les uns que les autres, à tel point qu’on se demande pourquoi certains d’entre eux ne parviennent pas à se tuer tout seuls par accident (d’ailleurs l’héroïne y parvient presque au début du film en arrachant par accident le cordon du téléphone sur lequel elle est en train d’appeler la police, la cruche !)… Le scénario du film donne l’impression d’avoir été écrit par un gamin de 10 ans et enchaine les situations abracadabrantes et les dialogues ineptes. Au rang des quelques perles faisant lorgner le film vers le nanar pur jus, on peut citer la scène au cours de laquelle les héros débarquent chez un sosie de Steve Buscemi, sorte de geek un peu crétin qui leur explique qu’il n’a pas de téléphone pour appeler la police, mais qu’à la place ils vont envoyer un email ! Ou encore cette autre scène totalement surréaliste au cours de laquelle les personnages piquent la voiture du tueur, mais avant de s’enfuir avec décident de vider le coffre de celle-ci des cadavres qui y sont entreposés. Ben oui, on sait jamais, des fois que le tueur n’aurait pas le temps de les rattraper !
Bref, la seule chose qui sauve le film de l’amateurisme total, ce sont les maquillages et effets spéciaux gores, réalisés bien évidemment par l’équipe d’Almost Human. Sur ce point-là, Robert Hall s’en est bien évidemment donné à cœur joie et c’est un festival d’effets crados : gorges tranchées, têtes tranchées dans toutes les directions, tête qui explose, qui fond, etc. Cela ne sauve pas le film de la ringardise, mais permet de le rendre à peu près regardable.
Note : 3/10
USA, 2009, DTV
Réalisation: Robert Hall
Scénario: Robert Hall
Avec: Bobbi Sue Luther, Kevin Gage, Sean Whalen