J’ai lâché mon Cerveau – Mon Âme est gourde -
Les Veines qui jadis coulaient
S’arrêtent, figées – Paralysie
Mieux rendue dans la pierre -
Vitalité Sculptée et froide -
Mon nerf gît dans du marbre -
Femme Respirante
Hier – dotée de Paradis.
Non muette — quelque chose bougeait —
Un Sens en éveil, en émoi -
Des instincts de Danse — un art de pirouette -
Une Aptitude d’Oiseau —
Qui a fait oeuvre de Carrare en moi
Et buriné mon chant
Que ce soit magie – que ce soit la Mort -
Si j’ai une chance de tendre
À l’Être, quelque part – au Mouvement – au Souffle -
Fût-ce par-delà les Siècles,
Et chaque limite une Décennie -
Je frémirai, comblée.
***
I’ve dropped my Brain – My Soul is numb —
The Veins that used to run
Stop palsied – ’tis Paralysis
Done perfecter in stone -
Vitality is Carved and cool —
My nerve in marble lies —
A Breathing Woman
Yesterday – endowed with Paradise.
Not dumb – I had a sort that moved -
A Sense that smote and stirred —
Instincts for Dance – a caper part —
An Aptitude for Bird -
Who wrought Carrara in me
And chiselled all my tune
Were it a witchcraft – were it Death -
I’ve still a chance to strain
To Being, somewhere – Motion – Breath -
Though Centuries beyond,
And every limit a Decade -
I’ll shiver, satisfied.
(Emily Dickinson)