Il est difficile de présenter l'activité de Louis Beaurain dans la Ligue Midi-Pyrénées de jeu d'échecs tant celle-ci est importante et impressionnante : cheville ouvrière du club de Condom, du CDJE, responsable des jeunes de la Ligue Midi-Pyrénées..... Pour ma part, j'ai toujours apprécié le travail de Louis qu'il effectuait avec beaucoup de désintéressement, d'efficacité et de cordialité. Je me souviens des réunions pour les championnats par équipe jeunes où chacun avait son mot à dire et où tout le monde était écouté. Louis défendait toujours les intérêts des équipes jeunes de la Ligue auprès de la Fédération.
C'est donc donc avec grand plaisir et fierté que j'ai demandé à Louis de répondre à quelques questions.
Quand as-tu commencé à jouer aux échecs ?
J'ai commencé à jouer aux Echecs vers 9 ans, mais sans aucunes connaissances théoriques. Vers 14 ans j'ai acheté mon premier livre d' Echecs "mes 60 meilleures parties" de Bobby Fischer.La première partie que j'ai regardé, les noirs abandonnent, pour moi, ils étaient gagnants...j'ai refermé le livre. En 3eme au collège, j'ai gagné le tournoi interne et surtout battu notre prof de math (en simultané) il m'a offert "le bréviaire des Echecs de Tartakover" puis j'ai arrêté de jouer. Mon véritable début se situe au début des années 80, j'allais chaque semaine au club d'Auch avec mon ami JP van Gennip, c'est à partir de là que j'ai appris à jouer.
Quand as-tu commencé à t'investir dans l'organisation ?
Faire le chemin Montréal -Auch, plus de 100 km aller retour était lourd, en 1986, j'ai donc décidé de relancer le club de Condom qui était en sommeil, avec l'aide de Léon Siffert, Robert Place et JP Van
Gennip. Je suis resté Président 10 ans de 86 à 96. En 1992 je suis à l'origine du 1er Marathon, idée venue en relation avec JP Seney et M Bedos. Puis en 2002 nous organisons le premier Open International
Condom est un des rares clubs a avoir créé un poste de salarié dans la Ligue Midi-Pyrénées. Peux-tu nous en parler ? Quelles difficultés as-tu rencontré et a contrario quels en ont été les effets bénéfiques ?
Nous avons commencé, au début des années 90 avec un CES (contrat emploie solidarité) le salarié travaillait 20h/semaine pour 1/2 smig, puis un autre salarié touchait un peu plus avec un horaire supérieur. Puis nous
avons eu un salarié dans le cadre des emplois jeunes. Puis nous avons pérennisé cet emploie avec l'aide du Conseil Général. Fin 2006, au moment ou on trouvait presque un équilibre financier, nous avons eu un
redressement fiscale (promesses de l'état mal interprétées ) qui nous a couté 12 000 € . En février 2007 avec l'aide de la région nous créons un véritable poste d'Entraîneur en CDI.
Il y a beaucoup à dire sur les différents entraîneurs que nous avons employé.... problème de pédophilie (si), de trafic de drogue (avec convocation de tous nos jeunes et de leurs parents à la gendarmerie) de vol (caisse et chèques), de comportement (violence vis à vis du personnel de la mairie, cela fait désordre), irrespect des horaires (écoles) etc etc... Il nous a fallu pas mal de volonté pour continuer.
Heureusement nous avons aussi rencontré des animateurs sympas et compétents, l'an dernier 3 de ces entraîneurs étaient licenciés au club de Condom. L'Entraîneur permet une présence dans la ville, il intervient
dans toutes les écoles, il permet aux licenciés de progresser, mais surtout en jouant en haut niveau (N II et N III) il nous permet de garder nos jeunes joueurs.
Sur un budget d'environ 80 000€, nous avons 20 000€ (25%) de subventions (Région, Département, Mairie, CNDS), 15 000€ d'autres recettes (licences, participations des joueurs, sponsors, FFE (Tournoi de MI)
LMPE et CDJE) le reste 45000€ (presque 60%) proviennent de notre travail, vente de marchandises (bandas, Open) inscriptions manifestations (Marathon, Open) et interventions de notre Salarié (CAF,
accompagnement éducatif, sport vacances etc....)
Il n'est pas fréquent que les organisateurs très engagés continuent de jouer à un bon niveau comme toi. Y a t-il une concurrence entre les deux activités ?
Restons modeste, je ne joue pas à un bon niveau, moyen tout au plus, mais le temps que je passe à organiser, préparer, chercher des finances, rencontrer des élus, des sponsors, si je le passais à travailler les Echecs, alors oui je serai fort. Mais peut être ai je atteint mon maximum (affaire à suivre). Ma préférence va vers le jeu, mais je trouve aussi beaucoup de plaisir et de satisfaction dans le cadre de mes responsabilités.
Quels souvenirs garderas-tu de ces nombreuses années de bénévolat ? Les bons ? Les mauvais ?
Les meilleurs souvenirs sont naturellement les rencontres faites avec des gens qui sont parfois devenus des amis, que ce soit des enfants, des parents, des dirigeants, des joueurs de hauts niveau, des élus, des
anonymes.
Parmi les bons souvenirs, il y a bien entendu le titre de Champion de France du collège filles en 94, cette année là nous avions le collège mixte et filles en finale et aussi l'école primaire de Lauraet.
Le titre de club formateur et le label FFE pour notre Open font aussi parti des bons souvenirs.
J'ai particulièrement apprécié les subventions donnés à tous les clubs gersois évoluant en N IV et au dessus par le Conseil Général, après des années de discussion entre autre avec le responsable des sport qui
m'avait dit: pour les Echecs, vous n'aurez jamais rien. Cette année nous aurons 3000 €......
Mathilde (Congiu) nous aidant pour les bandas, Benjamin (Baumann) arrivant avec un groupe de copains, pour nous aider, François (Brethes) faisant de même, tout cela se sont des moment de bonheur.
Allez un autre bon souvenir, lors d'un Open j'ai demandé à une charmante jeune fille comment elle faisait pour être plus belle chaque jour, elle m'a répondu: " et toi Louis, comment tu fais" cela fait aussi partie des
bons moments.
Lors d'un tournoi à Barcelone (2008), nos amis Espagnols (Elo 2200 ) m'aidaient à analyser et préparer mes parties, ce sont aussi des moments inoubliables.
Franchement, j'ai pris beaucoup beaucoup de plaisir, et j'espère en avoir encore beaucoup.
Passons sur les mauvais souvenirs, mais j'ai rencontré aussi quelques
cons...parents, dirigeants, élus, peu chez les jeunes.
Les années passant, tu as vu grandir des enfants au sein du club. Fiertés ? Anecdotes ? Souvenirs ?
C'est formidable de retrouver des adultes que j'ai connu petits. Il m'arrive de recevoir des faire part de mariage, de naissance, ce sont aussi des instants de fierté.Malheureusement, j'ai connu aussi le décès de plusieurs jeunes, dont Sonia une des Championne de France 94.
J'ai toujours apprécié le club de Condom pour sa convivialité et sa volonté d'aller de l'avant. Une recette ?
Si je suis, en partie, à l'origine du marathon, de l'Open et de la création d'un poste de salarié, rien n'est possible sans une équipe.
Nous avons la chance à Condom d'avoir cette équipe. avec des dirigeants, mais aussi des joueurs et des parents, bien qu'actuellement nous sommes plutôt dans le creux de la vague.
La recette est simple, la clarté, le respect des autres, la convivialité. Les décisions sont toutes prises en commun après discussion, parfois difficile, mais toujours dans l'intérêt du club. Il n'y a pas de chef, chacun donne son avis, et tout le monde bosse autour du projet commun. Il y a pas mal d'amitié entre nous.
Autre chose ?
Rien n'est jamais acquit pour toujours, nous avons connu des hauts et des bas, nous en connaîtrons d'autres.
Encore une fois merci Louis pour tout ce travail qui a permis non seulement au club de Condom, au Gers , à la Ligue Midi-Pyrénées de se développer mais également à de nombreux adultes et enfants de jouer au jeu d'échecs.