J'ai hésité à rédiger deux reviews distinctes ou une seule. Mais ces deux épisodes ne peuvent être dissociés. Toutes les histoires sont tellement entremêlées que les scénaristes ont eu besoin de 80 minutes pour les traiter... Cependant par un souci de compréhension -manifestement oublié par lesdits scénaristes-, il est préférable de traiter d'une part Seattle, d'autre part Los Angeles, parce que ce jonglage de storylines a fini par rendre assez fouilli ces épisodes, cassant les rythmes et alternant des ambiances très contrastées. [Par contre, il faut m'excuser pour le roman et le délai de rédaction que cela a provoqué -c'est du 2 en 1 ^_^.]
A Seattle (Grey's Anatomy)
Les storylines ne sont pas interrompues à Seattle. La seule à réellement tirer son épingle du jeu dans ces épisodes est Cristina. Fidèle à elle-même, comme le mariage se précise, elle a la désagréable surprise de découvrir dans son salon un beau matin sa mère et sa future belle-mère en pleins préparatifs pour l'heureux évènement. Une Cristina qui râle permet de mettre un peu de piment à cette storyline dont on sent déjà les limites. Attachante dans ses défauts, Cristina réquisitionne même Callie pour être une de ces demoiselles d'honneur. En revanche, du côté de Burke, c'est l'occasion d'observer ses doutes grandir, ses inquiétudes. Si le comique de la scène de l'échange sur le mariage entre George et lui est assez drôle, cela ne sauve pas l'ensemble de cette storyline. Comment Burke peut-il constamment remettre en cause l'engagement de Cristina alors qu'il est celui qui doute constamment... Cristina fait des efforts, mais voilà qu'il doute de ses propres sentiments à l'égard de sa future épouse. C'est de l'imbroglio soapesque qui finit par être agaçant, les scénaristes ayant joué constamment sur ce même ressort depuis un nombre bien trop élevé d'épisodes à mon goût...
Je le reconnais, ce n'est pas mieux du côté de Meredith. Mais ce n'est pas vraiment la faute de cette dernière si un sorcier vaudou s'est penché sur son cas cette saison, dans le but de tester jusqu'où elle pourrait s'enfoncer avant de lâcher prise (même si techniquement, elle a lâché prise lors de sa noyade). Voyant Derek s'éloigner, Meredith se décide à prendre les choses en main, "ce n'est pas le moment d'abandonner". Pourquoi pas. Malheureusement, les scénaristes lui refusent le moindre repos. Alors qu'elle commençait à se lier avec sa belle-mère, qui s'efforçait de tendre un pont entre la fille et le père, la sympathique belle-mère est admise à l'hôpital. Ce qui était un simple hocket refusant de s'arrêter se transforme en intervention, qui finit sur la table d'opération... Les scénaristes révèlent alors des ressources insoupçonnées en terme de gâchis. Vous l'aurez sans doute compris, la belle-mère décède des complications survenues. Quelle idée d'aller tuer un personnage qui avait encore un certain potentiel à exploiter, tout juste quelques épisodes après la mort d'Ellis Grey... Pire, pourquoi dans cet épisode précisément ? Où les alternances entre l'ambiance sexy et musicale de Los Angeles entrecoupent toutes les scènes supposées "dramatiques" de Seattle ? Le téléspectateur ne se sent absolument pas impliqué, ni émotionnellement, ni vraiment intéressé par ces évènements. C'est très irréel, dépourvu de toute émotion. S'ils tenaient tellement à faire subir un nouveau décès à Meredith, ils auraient été plus inspirés d'attendre un épisode. De plus, on assiste à la réaction très émue du père de Meredith -qui saisit toute l'absurdité de la situation à défaut d'avoir la même perspective que le téléspectateur- : "Pour un hocket !". Cerise sur le gâteau, chez des scénaristes décidément très mal inspirés : Faire annoncer le décès de sa belle-mère par Meredith, tandis que tout le monde observe la scène... sans intervenir. Tandis que que sous le coup de l'émotion, son père la gifle. Derek, que l'on sent très impliqué, réussit à entrouvrir la bouche et esquisser un geste pour essayer vainement de retenir une Meredith qui s'enfuit. C'est donc une nouvelle fois, un cataclysme émotionnel pour la jeune femme, auquel s'ajoutent les doutes (encore!) de Derek. La gestion de cette storyline n'est pas une réussite.
Autre soupir, mais celui-ci dure depuis quelques temps déjà, pour le triangle Callie/George/Izzie. "Je t'aime, moi non plus, je pars, mais reste"... Ou l'art de vivre en passant son temps à se contredire. J'aimerai pouvoir faire preuve de plus de patience. Certes, on pourrait souligner qu'il y avait une alchimie dans cet ascenseur entre Izzie et George, que ce baiser ainsi (à nouveau) échangé est lourd de sens. Il faudrait pouvoir gloser sur cet amour impossible et s'extasier sur cette fable traitant de la fragilité des frontières entre l'amour et l'amitié. Mais ce serait à des années lumières du sentiment de lassitude dans laquelle cette histoire me plonge. Pour couronner le tout, j'avoue toujours analyser leur affaire du point de vue de Callie, ce qui biaise un peu plus mon opinion. Une Callie qui a des soupçons, mais qui fait des efforts, acceptant même à contre coeur de jouer les demoiselles d'honneur pour l'hypothétique mariage de Cristina. Elle offre un excellent écho à l'humeur de cette dernière d'ailleurs ! ^_^ Une remarque encore et toujours inutile de la part d'Izzie -qui se révèle de façon chronique incapable de réfléchir quelques secondes avant d'ouvrir la bouche pour critiquer la femme de George- achève de faire oublier toute tentative de conciliation avec la jeune femme : "Hein ? Callie, demoiselle d'honneur aussi ?", évidemment lâchée juste devant celle dont elle parle. Je peux essayer de comprendre les émotions conflictuelles d'Izzie, mais cet absolu mépris ?
Alex et Ava continuent de développer une certaine complicité. D'un côté j'apprécie, car cela permet d'avoir une autre perspective sur Alex, et la franchise d'Ava est remarquablement rafraichissante, notamment quand elle s'insurge du traitement d'Addison par Alex. C'est agréable à suivre. Reste en mon for intérieur, que je ne veux surtout pas pour ces deux-là de fin Denny-esque. Je reste donc un peu inquiète.
Enfin, un désespoir qui fait plaisir au téléspectateur : celui de Mark que les congés pris par Addison ont considérablement perturbé, au point qu'il se tourne vers Derek. Ce dernier ironise sur le fait qu'il ait surpris (enfin, déduit plutôt) Addison avec un autre homme -que Mark ne nomme pas, même s'il indique très clairement à Alex qu'il le considère comme responsable. Si j'ai apprécié de voir le personnage de Mark ainsi troublé, je trouve en revanche dommage que la discussion d'Addison et du Chef ne soit que mentionnée. J'aurais été curieuse de voir comment elle avait présenté sa demande de s'éloigner quelques jours de Seattle.
Car, c'est la base de ce double épisode : Addison part pour la Californie.
A Los Angeles (futur éventuel Private Practice)
La voiture rouge décapotable est sympathique, mais premier cri du coeur devant les images "clichés des clichés" que le réalisateur nous montre pour nous indiquer que nous sommes à L.A. Un petit effort n'aurait pas été de trop. L'ambiance à L.A. est plus entraînante -très très musicale- et plus colorée que les murs aseptisés de l'hôpital de Seattle. Les inspirations Grey's Anatomy-esques sont là, ainsi que les schémas classiques pour installer un soap au soleil. Les scénaristes prennent le parti de ne pas seulement suivre les tribulations d'Addison, mais également de nous introduire tous les personnages potentiels du projet de spin-off. Une fonction de pilote donc pleinement assumée, mais qui aurait gagné en clarté à ne pas être mélangé avec Grey's Anatomy (pour des raisons d'audience ?). Ce "pilote" est très orienté soap, avec un certain penchant pour aller dans les excès -en sexe comme en humour-. Il faudra évaluer/vérifier cette propension sur un plus long terme. J'ai trouvé finalement l'ambiance dans ce cabinet (de médecins) très Ally McBeal, peuplé de situations assez improbables et une Addison plus délurée que dans mes souvenirs. Ce à quoi je ne m'attendais pas vraiment. La première scène dans l'ascenseur où elle aborde Tim Daly pour lui vanter les mérites aphrodisiaques de ce cliché impose un ton beaucoup moins drama que Grey's Anatomy.
Addison se rend à L.A. pour retrouver de vieux copains de la fac de médecine, en particulier Naomi (Merrin Dungey), sa meilleure amie qu'elle a perdue de vue ces derniers temps. Le coup du BFF oublié est un classique des classiques, mais pourquoi pas, il convient d'établir un lien d'une façon ou d'une autre. Cette amitié sonne un peu forcée au départ. Cependant, les piques finissent par faire mouche malgré tout, même s'il manquait quelque chose pour que s'établisse une complicité à l'écran entre les deux personnages. Naomi a eu le temps de divorcer durant la période où elles se sont perdues de vue. Mais elle travaille toujours pour et avec son ex-mari. Addison lui révèle la véritable raison de sa visite : elle souhaite avoir un bébé -si les hommes ne sont pas faits pour elle. Malheureusement, Naomi doit lui annoncer qu'elle ne pourra pas avoir d'enfant. La réaction d'Addie sonnait assez juste.
Sauf quand Tim Daly se met en tête de lui redonner goût à la vie lorsqu'il la découvre en pleurs dans les escaliers, en l'embrassant. D'accord, les imbroglios romanesques et sexuelles sont une marque de fabrique pour Grey's Anatomy et son éventuelle déclinaisons, mais il n'était pas nécessaire qu'ils s'embrassent dès le premier épisode -enfin, techniquement le deuxième-. En tout cas, Pete est tout désigné pour jouer les McDreamy californien d'Addison. Sauf que Tim Daly est loin (très loin) d'avoir le charisme d'un Patrick Dempsey. Certes leurs échanges dans l'ascenseur, sans être "aphrodisiaques", fonctionnaient, mais cela restait très unilatérale.
Je ne saurais me prononcer sur l'ex-mari de Naomi, qui explique à Addison qu'il s'est réveillé un matin avec l'envie subite de divorcer, mais sans savoir pourquoi... Ce qui laisse le téléspectateur aussi perplexe que ce pauvre Jackson (Taye Diggs). Est-ce une façon de nous imposer une future reconstruction du couple amenée de façon quelque peu maladroite ?
Ce double épisode nous introduit donc la gallerie des autres personnages potentiels. Commençons par mon principal problème en la personne de Piz (je n'ai pas retenu son nom, mais les téléspectateurs de Veronica Mars s'y retrouveront ^_^). Premièrement, je dois avouer ne l'avoir jamais imaginé -mais alors jamais- en l'incarnation du "sexy boy". L'image du surfeur torse nu sur laquelle fanstasment trois trentenaires en mal de sexe va me hanter quelques temps. Il aurait déjà fallu qu'il subisse un rapide relooking par rapport à VM, car j'ai devant moi l'image du Piz étudiant très loin d'être un tombeur. Je ne sais pas si mon jugement est trop biaisé, mais quel rôle saugrenu lui a-t-on confié là... Allez draguer ostensiblement Naomi qui doit avoir le double de son âge... Désolée, l'image ne passe pas.
Enfin, je retrouve avec plaisir Amy Brenneman (de Judging Amy) en psychanalyste névrosée. Le personnage n'a rien d'original, mais a un certain potentiel. Elle s'insère bien dans l'ambiance. Impression renforcée par sa complicité avec Cooper (Paul Adelstein). Si comme pour Piz, on a encore le réflexe de l'associer à Prison Break, son rôle est tellement à contre-courant que Kellerman est instantanément oublié. Cooper est en résumé une sorte de George de la première saison, en adulte et en pire... qui recherche désespérément l'âme soeur sur internet, ayant pour habitude de ramener chez lui des internautes qui finissent par partir avec sa voiture, par exemple. La scène à la casse lorsqu'il retrouve sa voiture dépecée, mais qu'il se met à pleurer en réalisant (enfin) que sexyboobs316 n'est pas l'âme soeur qu'il croyait est une des plus drôles de ce double épisode. C'est excessif et du pur fluff mais ça fonctionne.
Bilan : Du côté de Grey's Anatomy, il n'y a pas d'éclairci, mais plutôt une enchaînement de mauvais choix de la part des scénaristes. J'ai l'impression d'assister au gâchis d'une série qui était en son temps très agréable à suivre. J'espère toujours qu'ils vont se reprendre. Il y a matière à faire des choses bien, ils ont déjà fait des choses bien, voire très bien : retrouvez l'ambiance vaudeville alliant drama et humour.
Du côté des scènes pouvant faire office de "pilote" pour Private Practice, ressort une impression mitigée. Mais il est toujours difficile d'apprécier un pilote. Il est très soap, très sexe, plus déjanté que GA (le cas médical abracadabrantesque de ces trois hommes pères potentiels, se déchirant autour d'une mère porteuse ou encore la voix mystérieuse élucidée à la fin comme venant de la surveillance, dans l'ascenseur). Il faut faire attention à ne pas tomber dans les excès à vouloir faire trop d'effets de style.
Reste que les défauts sont accentués par l'alternance constante entre deux ambiances très différentes, L.A. et Seattle. Je pense que tout aurait déjà beaucoup gagné en clareté et en continuité à être diffusé de façon distincte.