Si Dexter avait eu un grand père texan, ce serait sans doute le personnage qu’incarne Casey Affleck dans The Killer Inside Me, shérif adjoint d’une petite ville plantée en milieu désert, et nué de pulsions violentes et meurtrières qui vont l’emmener sur de sombres chemins.
Winterbottom (9 Sons, 24 Hour Party People) nous colle aux basques de Casey Affleck, qui n’est plus un jeune débutant et a pris du galon depuis Ocean’s Eleven. Dans ces grandes rues plantées au milieu de l’Amérique, Lou Ford est un jeune shérif tranquille, occupé à faire respecter la loi à sa façon. Dénué de réels sentiments, il couche avec une prostituée (Alba, toute en formes), pour mieux s’en séparer lorsque l’occasion se présente d’éliminer un de ses ennemis. Ou encore de réduire au silence les éventuels témoins, ou de battre à mort sa petite amie officielle. Lou cherche donc à s’occuper, et dans sa propre conception du monde il a écrit ses propres règles. Sans réelles justifications, mais avec de nombreuses pulsions vers la violence ou certaines pratiques un peu extrême, il tente de s’exprimer. Évidemment on tentera d’expliquer qu’il a eu une enfance difficile…
Le film réserve peu de surprises, mais tente d’étaler son atmosphère sur deux heures de film, oubliant un peu le manque d’intensité de l’ensemble. Affleck joue à merveille l’implacable demeuré psychopathe qu’on attend de son rôle, sans forcément de nuances, mais son visage angélique suffit à faire peur et insérer un climat de terreur centré uniquement autour de son personnage. Plongé dans une atmosphère humide et dépourvue de rebondissements inédits, The Killer Inside Me est un film en équilibre sur un sentiment de tension extrême, ponctué de petites musiques apaisantes, aux limites du ridicule quelquefois, qui laisseraient supposer que le réalisateur tente de surmonter quelques scènes difficiles avec un tempo plus léger. Difficile de comprendre pourquoi le film a fait crier au scandale dans les différents festivals, et à moins de n’avoir eu qu’une version cinéma dénuée des scènes « osées », il n’y a là rien de bien inédit.
La grande force de The Killer Inside Me, malgré quelques longueurs, réside donc dans sa marche en avant essentiellement consacré à son personnage principal. Gloire et décadence de Lou Ford, ou des excès de l’Amérique, où les pires des choses passent comme tout à fait classique. Un brillant exercice de style qu’on aurait aimé plus compact, mais qui n’hésite pas à aller au bout de ses idées.