Anthologie permanente : Jean-Paul Michel

Par Florence Trocmé

« Dignement vêtir qui nous peignons... »

Enviés bonnets rouges – vénitiens, mantouanes toques 
labyrinthes d’or plafonds écrits chausse de trois couleurs 
de valets peints en 
  Princes (d’Uccello chasses chiens lances) 
Pareils à des flammes ils donnent 
contenance hiératique épaisseur humaine poids 
à des visages 
  sans grâce – sauvent élèvent sacrent lors 
que tant nous manquons d’attributs colorés pour 
dignement vêtir qui 
  nous peignons 
(rechignent par trop nos arts maigres à la couleur la 
fresque – tout juste s’ils ne rêvent 
  peindre l’or avec 
du noir). 
 
Enviées Chances des Temps de naïve 
  Gloire 
(Allaient les arts à l’éclat sans craindre!) ô 
puissions-nous colorier sans peur ce qui 
demande le sang la pourpre les vi 
olets d’Église – jaunes de flammes bleus 
royaux – vous dussé-je border – beautés défuntes – d’un 
large cerne de deuil – ô 
boucher nos oreilles aux cris des Aveugles qui 
ratiocinent quand 
seulement il faut 
d’un juste vers sauver 
un éclat juste 
 
  Mantoue, Août 1993 
 
Jean-Paul Michel, Le plus réel est ce hasard, et ce feu, poèmes 1976 – 1996, Flammarion, Flammarion, 1997, édition de 2006, p. 179. 
 
Rappel : Matthieu Gosztola vient de publier sur le site une étude sur la poétique de Jean-Paul Michel 
 
Jean-Paul Michel dans Poezibao :
Bio-bibliographie"Lecture" poétique 9extrait 1extrait 2notes sur la poésie 1in notes sur la poésie, ext. 3, Je ne voudrais rien qui mente dans un livre, de Jean-Paul Michel (par P.Vinclair) 
 
 
 
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