FOREST FIRE ( usa / talitres )
Dans l’anonymat le plus complet, repéré uniquement par quelques passionnés du web aux choix éclairés, FOREST FIRE offrait il y a quelques semaines encore son premier album “Survival ” en téléchargement gratuit (édité à l’origine en juin 2008 sur le micro label Catbird Records). “L’affaire du siècle” proclame la Blogothèque. On ne dira pas le contraire.
Les membres du groupe étant séparés géographiquement, ‘Survival’ fut enregistré sur une période de huit mois à la fois à Brooklyn, New York (côte est) et Portland, Oregon (côte ouest). De longues intervalles séparèrent les différentes sessions studio et nombreuses chansons restèrent ainsi en suspens pendant plusieurs semaines. La plupart d’entre elles furent enregistrées dans les conditions du live, 5 prises à peine, peu de moyens techniques, aucun sentiment d’urgence. Puis chacune fut triturée, modifiée avec une obsession quasi maniaque.
“Cet album porte la marque d’une certaine intégrité stylistique, importante pour chaque membre du groupe, à un moment donné de notre existence” analyse Mark Thresher. Synthétiseurs fantômes, cuivres étouffés, noirceur et poésie des textes, compositions drapées d’instruments divers (mandoline, violon,..), produit par Adam Splittler avec un savoir faire artisanal incontestable, ce premier opus dégage un véritable sentiment d’insouciance et de liberté.
Disque touffu et riche, ‘Survival’ se dévoile à l’origine comme une succession de scènes, d’instants saisis, qui brillent au final par leurs cohérences et leurs implications. Hymne entêtant (’Fortune Teller’), divine complainte languissante (’Sunshine City’), tensions velvetiennes (’Promise’), ou le sentiment d’avoir là un album auquel on restera attaché longtemps.
http://www.myspace.com/fuckforestfire
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THAT SUMMER ( fr / talitres )
Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis Drowsiness of Ancient Gardens, premier album de David Sanson sous l’alias That Summer. A l’époque, le musicien était seul aux commandes d’un projet dont les premiers pas eurent lieu sur la scène gothique - et valent aujourd’hui à cet opus de 1994, réalisé avec Tony Wakeford (Sol Invictus, Death In June, Current 93…), de figurer en bonne place - comme précurseur de la scène “dark-folk” française ! - dans deux ouvrages consacrés à ces mouvements (1).
Depuis, D. Sanson a enregistré plusieurs disques, délaissant les sphères élégiaques et minimalistes de ses débuts pour vagabonder - de l’Allemagne à Belleville en passant par Montréal, et au gré de sa curiosité musicale panoramique - du post-rock à la musique électronique, de la pop excentrique au rock atmosphérique. Sans jamais perdre cependant un penchant prononcé pour une mélancolie héritée de son adolescence post-punk et new-wave, et un goût immodéré des collaborations : en compagnie de musiciens tels que Bernd Jestram (Tarwater), Sylvain Chauveau, Benoît Burello (Bed), Jérôme Minière, Pierre-Yves Macé, Malcolm Eden (McCarthy, Herzfeld) ou Alain Frappier (Baroque Bordello), il a pu poursuivre un parcours musical dont l’aboutissement a été la constitution, après la parution de Clear (Talitres, 2005), d’un véritable groupe. Pour les besoins de la scène d’abord - du Café de la Danse (avec The National et Flotation Toy Warning) à la Route du Rock 2009, en passant par le Centre Pompidou. Par désir ensuite d’explorer les vertus de l’émulation collective. That Summer est aujourd’hui un quatuor de multi-instrumentistes composé de David Sanson, Etienne Bonhomme (Innocent X, Claire Diterzi, Louisville…), Olivier Cavaillé (Louisville, Sylvain Chauveau, My Broken Frame…) et Nikolu Jorio (La Chatte, Genau, ii, Lustrine, Louisville…).
C’est en groupe qu’a ainsi été composé Near Miss, sixième disque de That Summer. En groupe et à la campagne, avant d’être enregistré à Berlin, en deux semaines, à l’été 2008, dans le studio de Bernd Jestram. Et cela s’entend, d’abord dans l’homogénéité et la dynamique d’un son qui ont notamment permis à David Sanson, sur la première partie du disque, de laisser enfin libre cours à son goût des morceaux rapides. Certains titres dataient du début des années 1990 : c’est le cas de Ghost Tracks ou de The Hues of You, dont la production a été confiée à Krikor. Tous ont toutefois été développés et composés collectivement, pour être ensuite confiés à Geoffroy Montel (Minizza, Brocoli Records…), qui en a assuré le mixage et le mastering.
Huit morceaux (plus un), adressant au passage un clin d’œil à certaines idoles (All Cats Are Grey / Cure), séparés par des interludes, comprenant des collaborations de Cyril Secq (astrïd) et Matthias Grübel (Phon°noir, Telekaster). Un panoramique qui confirme la singularité de That Summer dans le paysage rock français, combinant un goût pour la mélodie à la Depeche Mode (la ballade Obviously, chantée par Sylvain Chauveau) et un sens des ambiances qui doit autant à la pop asthénique de Bark Psychosis ou Slodwive qu’à celle, oblique, de Mark Hollis, Robert Wyatt ou Brian Eno, ou à la musique classique.
http://www.myspace.com/thatsummer
20h>23h | 8 €
@ l’Espace B
16 rue Barbanègre
75019 PARIS
metro ligne 7 station Corentin Cariou