Quels ingrats ces Inuits. Ils n'apprécient même pas tous les efforts que les verdillons des classes moyennes font en leurs noms.
Le premier ministre du Groenland, un socialiste, pas moins, a attaqué Greenpeace pour avoir saboté une plateforme d'exploration pétrolière arctique. Kuupik Kleist, c'est son nom, n'est de toute évidence pas un politicien qui tourne sept fois sa langue dans sa bouche.
"Le gouvernement considère les actions de Greenpeace comme une attaque très sérieuse et illégale contre les droits constitutionnels de notre pays. Il est inquiétant que Greenpeace, dans sa chasse à l'attention des médias, viole des règles de sécurité faites pour protéger des vies humaines et l'environnement."
Mes amis de gauche encaissent souvent mal d'être rejetés de la sorte. Les peuples aborigènes dans les pays pauvres sont supposés être dans leur camp. Je me rappelle combien étaient inconsolables les eurodéputés verts et socialistes quand la principale opposition à l'interdiction par l'UE des importations de phoque est venue, non pas de méchantes grosses compagnies multinationales, mais de tribus indigènes au Canada.
La gauche a toujours aimé l'idée qu'elle parle pour ceux qui, sans cela, n'auraient pas de voix -ce qui est , bien sûr, un motif tout à fait louable. Le problème c'est que, quand ceux qui n'avaient pas de voix en trouvent une, ils disent souvent des choses qui mettent mal à l'aise leurs protecteurs. Il y a cent ans, les socialistes se targuaient de parler pour le prolétariat. Quand le prolétariat s'est révélé avoir des vues inconfortablement conservatrices, ils ont tourné leur attention vers les paysans du tiers monde. Quand ceux-ci aussi se sont trouvés ne pas avoir les opinions correctes, ils sont alors passés à des communautés plus recherchées : des chasseurs cueilleurs dans la forêt et compagnie.
Maintenant, même ces groupes ont rejeté le paternalisme des blancs bien pensants. Mais il reste une catégorie dont on peut garantir qu'elle ne repoussera jamais ses champions autoproclamés : les bêtes qui n'ont pas la parole. D'où la terrifiante ferveur de certains défenseurs des droits des animaux : ils n'ont plus nulle par ailleurs où aller.
Un article de Daniel Hannan pour son blog sur le site du Telegraph.