photo-source: Saint Nazaire.net
Je n’ai rien dit...
" Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose... "
Pasteur Niemoller, Dachau 1942
(Saint-Nazaire) A l'appel d'une trentaine d'organisations politiques, associations, syndicats ...samedi 4 septembre
15 h-esplanade des droits de l'homme (la bien nommée) afin de:
"-S’opposer à la politique gouvernementale de la haine et de la peur.
-Refuser les stigmatisations et les discriminations racistes et xénophobes.
et manifester leur solidarité avec les populations menacées (en particulier les Roms, les gens du voyage et nos compatriotes d’origine étrangère.
Cette manifestation locale s’inscrit dans le cadre d’un appel national face à la xénophobie et à politique du pilori soutenu par une cinquantaine d’organisations."
” Les plus hautes autorités de l’état ont fait le choix de jeter la vindicte publique des catégories entières de population : gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.Vous pouvez signez cet appel en ligne sur Non à la politique du pilori.
Ce qui est à l’oeuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sureté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.
La constitution de la France, république laïque, démocratique et sociale assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.”
"En 1867, Gustave Flaubert écrivait dans une lettre à George Sand : « Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois, et toujours avec un nouveau plaisir.L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j’ai entendu des jolis mots à la Prud’homme. Cette haine là tient à quelque chose de très profond et de complexe… C’est la haine que l’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. »
Etranges étrangers
"Kabyles de la Chapelle et des quais de Javelhommes des pays loincobayes des coloniesDoux petits musicienssoleils adolescents de la porte d’ItalieBoumians de la porte de Saint-OuenApatrides d’Aubervilliersbrûleurs des grandes ordures de la ville de Parisébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur piedau beau milieu des ruesTunisiens de Grenelleembauchés débauchésmanœuvres désœuvrésPolacks du Marais du Temple des RosiersCordonniers de Cordoue soutiers de Barcelonepêcheurs des Baléares ou bien du Finistèrerescapés de Francoet déportés de France et de Navarrepour avoir défendu en souvenir de la vôtrela liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjustiraillés et parquésau bord d’une petite meroù peu vous vous baignezEsclaves noirs de Fréjusqui évoquez chaque soirdans les locaux disciplinairesavec une vieille boîte à cigareset quelques bouts de fil de fertous les échos de vos villagestous les oiseaux de vos forêtset ne venez dans la capitaleque pour fêter au pas cadencéla prise de la Bastille le quatorze juilletEnfants du Sénégaldépatriés expatriés et naturalisésEnfants indochinoisjongleurs aux innocents couteauxqui vendiez autrefois aux terrasses des cafésde jolis dragons d’or faits de papier pliéEnfants trop tôt grandis et si vite en allésqui dormez aujourd’hui de retour au paysle visage dans la terreet des bombes incendiaires labourant vos rizièresOn vous a renvoyéla monnaie de vos papiers doréson vous a retournévos petits couteaux dans le dosÉtranges étrangersVous êtes de la villevous êtes de sa viemême si mal en vivezmême si vous en mourez."Jacques PRÉVERT Grand bal du printemps Éditions Gallimard, 1955
L'homme qui te ressemble
"Pourquoi me demander
La longueur de mon nez
L'épaisseur de ma bouche
La couleur de ma peau
Et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi mon frère !Je ne suis pas un noir
Je ne suis pas un rouge
Je ne suis pas un jaune
Je ne suis pas un blanc
Mais je ne suis qu'un homme
Ouvre-moi mon frère !
Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton coeur
Car je suis un homme
L'homme de tous les temps
L'homme de tous les cieux
L'homme qui te ressemble."René Philombe,
Espaces essentiels
"Nous hommes ne
sommes-nous
pas tous des Roms ?
Sous hommes en devenir
hommes saouls de tout
et d’abord des chemins qui mènent à Rome
hommes avant tout
fous d’arums et de rhums
hommes en dessous
de tout et surtout de tous
ceux qui mènent Rome
de ceux qui l’ont menée et la mèneront
en dessous des ronds
en dessous même des roues
nous sommes sous les nouilles
et les poux
nous sommes les dessous du monde
Venus reçus
de nulle part et d’autre
nous sommes des flous
et des rimes inutiles
nous sommes des coupes des tomes
des vers et des souillures
nous dormons du somme
du faible et du rat
nous sommes les pommes
du jardin sans un sou
nous sommes la promenade
qui fuit les coups
le vent qui joint les bouts
avaleurs de boue et d’étoiles
hommes sans home ni dôme
chair à pogroms
on nous gomme
par tous les trous
on nous dégomme
de tout égout
nous les Roms nous les hommes
qui s’en fout ?"
Poème inédit de René Le Pilouer
-texte et poèmes proposés par Patch Barret -