24 mois seulement auront été nécessaires pour achever la construction de l’
A88 reliant Caen à l’
A28.C’est avec 2 mois d’avance qu’Alicorne, la société concessionnaire de l’
A88 annonce la mise en circulation du tronçon Falaise-Mortrée. Inaugurée le 26 août, ouverte dès le lendemain, la nouvelle autoroute suscite l’enthousiasme des acteurs économiques locaux. En reliant Caen à l’
A28, cette liaison rapide Nord-Sud de 75 km devrait désenclaver la Basse-Normandie et permettre le développement des entreprises de l’Orne.La nouvelle bande d’autoroute a décidément tout pour plaire. Les constructeurs ont prêté une attention particulière au volet environnemental, incontournable après le vote des lois du Grenelle de l’environnement. 32 millions d’euros ont été sacrifiés à la préservation de la faune et de la flore dans la Vallée de l’Orne : passages pour les animaux, protection du sous-sol, prévention des pollutions, etc. Mais la conformité aux critères de l’écologie politique a un prix, et pour les automobilistes, il sera élevé : l’
A88 comptera en effet parmi les autoroutes les plus chères de l’hexagone. Gratuite au nord entre Caen et Falaise et au sud entre Argentan et Mortrée, l’autoroute devient payante entre Falaise et Argentan (3,50€) ainsi qu’entre Mortrée et Sées (3€).Partant de Caen, les automobilistes devront débourser 9,60€ pour atteindre Alençon, 13,20€ pour Le Mans, et 21,10€ pour Tours. Certes, la construction de cette nouvelle autoroute à 270 millions d’euros repose entièrement sur des fonds privés. Le contribuable n’a donc pas investi un centime dans ce projet : ne paieront que les automobilistes qui emprunteront cette autoroute.A première vue, rien que de très normal et légitime, et la question de savoir si oui ou non cela valait le coup de dépenser autant pour relier Caen à l’
A28 ne se pose donc pas : les automobilistes en décideront eux-mêmes et “consommeront” ou ne “consommeront” pas l’autoroute, comme n’importe quelle marchandise sur le marché.Mais une chose est certaine, c’est que le modèle de construction et de financement de nos autoroutes françaises pose aujourd’hui un très sérieux problème.Anisi un rapport du Sénat sur le financement des infrastructures de transport précise :« Sagissant des autoroutes concédées, la renonciation à la procédure de l’adossement freine l’investissement. La nouvelle procédure de mise en concurrence entraîne un très net ralentissement des investissements.
S’agissant du secteur routier non concédé, c’est la faiblesse des moyens de l’Etat qui explique le faible investissement. Les crédits d’entretien et d’exploitation de la route ne sont pas à la hauteur de la conservation du patrimoine routier. »
Par conséquent, compte tenu du fait que le seul moyen possible de rentabiliser les investissement découle aujourd’hui du seul trafic de l’axe construit et que l’investissement privé recherche une rentabilité des capitaux investis la plus immédiate possible, nous n’échapperons pas à un prix toujours plus élevé des nouveaux tronçons qui seront désormais construits, sauf à penser un nouveau modèle économique qui permettrait une meilleure maîtrise des tarifs de péage afin qu’ils restent dans les normes existantes et sachant que la vocation première d’une autoroute est de capter le maximum de trafic qui bénéficie d’une sécurité maximale et allège in fine le coût de la mobilité pour la collectivité.
« 40 millions d’automobilistes » formulera prochainement des propositions dans ce sens.