Dans la nuit de mardi à mercredi, trois fonctionnaires de police, délibérément pris pour cibles, ont failli perdre la vie à Gennevilliers. Le Parti socialiste juge intolérable ces attaques quasi quotidiennes visant ceux qui travaillent, dans des conditions dégradées, à la sécurité des Français.
Face à ce type d'actes qui se multiplient, et qui rend chaque jour plus périlleuse la mission des policiers, la seule réponse du ministre de l'Intérieur est l’instauration d’une « peine plancher » incompressible de 30 ans. Qui peut croire qu’une nouvelle modification de la sanction, aussi importante soit-elle, aura un quelconque effet dissuasif supplémentaire ? Le meurtre d'un fonctionnaire de police est déjà puni de la réclusion criminelle à perpétuité (art. 221-4 du Code pénal). Cela a-t-il dissuadé les délinquants de Gennevilliers ? En réalité, les annonces de Brice Hortefeux ne visent pas, une fois de plus, à l'efficacité.
Pendant ce temps-là, les policiers continuent de risquer chaque jour davantage leurs vies. Victimes d'une politique du chiffre qui les a progressivement éloignée des citoyens, victimes du manque de moyens, victimes aussi d'une société où la violence s'est en huit ans considérablement radicalisée. En 2004, on recensait 9 758 blessés en mission ou en service, en 2005, ils étaient 10 376 et 10 908 en 2008 soit une hausse de 11 %. Et si l’on isole les fonctionnaires actifs atteints en mission dans un contexte de violences urbaines, la progression est de 39 % entre 2004 et 2009 !
Ce n'est pas d'une énième modification du Code pénal dont les policiers ont besoin, mais d'un ministre qui leur donnent les moyens de mener à bien leur mission, au service des Français. Ce n’est pas d’une surenchère législative dont les Français ont besoin, et encore moins de discours de division, mais d’une action efficace, déterminée et dans la durée.
Jean-Jacques Urvoas, Secrétaire national à la sécurité