[Preview] Tripeace – Faites l’humour pas la guerre !

Publié le 02 septembre 2010 par Paoru

Première preview d'une petite série pour passer en revue quelques nouveautés que vous pourriez croiser chez vos revendeurs préférés cet automne. On commence avec l'éditeur Ki-oon, qui a sorti la semaine dernière le manga Tripeace. Bonne lecture... et bon courage à tous les lecteurs qui ont repris le chemin des études !

La Paix... Désirée par tout héros de shônen, elle est bien souvent la condition sine qua non à l'accomplissement d'un rêve, le bénéfice collatéral à l'aboutissement d'une quête. Mais ce vaste sujet, pressé comme un citron, a perdu tout son jus. C'est donc un pari risqué que tente Tripeace, le nouveau shônen des éditions Ki-oon, en abordant ce thème de front. Est-ce que ce manga de Tomoyuki Maru, dont les deux premiers tomes viennent de sortir, a de quoi relever le défi ? Voici nos premières impressions... Peace and Love

Nana est un jeune garçon qui a tout oublié, aussi bien son passé que son véritable nom. Alors qu'il redécouvre le monde qui l'entoure, son errance sans but va rapidement se confronter à la brutalité de la nature humaine.

Il assiste impuissant à la mort injuste de trois enfants, qu'il s'était juré de protéger. Sa nouvelle vie est désormais ornée d'un dogme et d'une promesse aux disparus : la paix, pour tous.

Pieuse pensée, mais éradiquer toute guerre à la surface de la Terre en étant armé de sa seule détermination est une mission impossible. Les soldats sans merci du pays de Xyece ont tôt fait de lui prouver son inaptitude à imposer sa volonté et la guerre continue, malgré lui.

La mort imminente d'innocents s'apprête à lui rappeler ses faiblesses, mais une organisation du nom de Tripeace croise son chemin. Les activistes de ce groupe ont une force hors du commun et ils possèdent un objectif simple : pacifier le monde, par tous les moyens.

Notre jeune amnésique est maintenant persuadé d'avoir trouvé sa place et n'a qu'une hâte, commencer le combat...

Mais quel est le véritable prix de la paix ?

Un premier volume pour les 6-12 ans...

Si vous vous contentez des premiers chapitres de Tripeace pour vous faire une idée, il y a de grandes chances que vous ne soyez pas convaincu(e). Le chapitre pilote met en place le personnage principal, Nana, et lui donne un but, mais cette petite histoire manque parfois de cohérence. Durant ce récit, on observe qu'un personnage quelconque et deux enfants viennent à bout d'une horde de robots dans une forteresse à priori impénétrable et qu'ils tombent sur un échantillon d'eau étoilée, l'objet de leur quête, traînant innocemment sur le sol, au détour d'un couloir.

Seul les plus jeunes lecteurs ne prêteront pas attention à ce type d'écueil, mais les autres pourront toujours pardonner ces petits défauts. Cependant ce premier chapitre n'est pas le seul fautif. Bien que mieux construit, le second chapitre fait malheureusement preuve de naïveté et les messages délivrés frôlent le mièvre : " la guerre c'est mal, la paix c'est mieux, tenons-nous tous la main pour un monde meilleur ".

L'humour omniprésent parvient à faire passer la pilule mais l'excès de bons sentiments et une intrigue simpliste tend à détourner les adolescents déjà rodés au shônen et les adultes à la recherche d'histoires plus élaborées.

Heureusement il y a Tripeace...

Mais il faut se méfier des premières impressions. Tout d'abord, le trait de Tomoyuki Maru est original et intéressant. Cet assistant d' Atsushi Ohkubo (Soul Eater) fait honneur à son ancien maître en s'éloignant, comme lui, des standards du chara-design. Le visage allongé de Nana, la grande variété de ses expressions et son talent pour le travestissement en font un héros visuellement réussi. Sa chevelure, par exemple, est un préambule séduisant à d'autres exubérances capillaires qui pourraient bien devenir une marque de fabrique de l'auteur.

Néanmoins, les personnages secondaires croisés durant les premières pages n'ont pas bénéficié du même travail et leurs représentations alternent entre simplistes et stéréotypées. Cependant, la fin du première tome et son suivant changent la donne. Narrativement d'abord... L'arrivée de l'organisation Tripeace permet au récit trop simpliste de gagner une complexité bienvenue et quelques bonnes idées accompagnent ce changement de cap.Parmi elles, les trois lois de la médiation sont la ligne de conduite de chaque escouade. Ces trois principes doivent permettre d'aboutir à la paix et ce sans concessions, quitte à faire rentrer la violence dans cette épineuse équation.

Graphiquement plus élaboré, les guerriers de cette coalition ravivent l'intérêt du lecteur et amènent un peu d'action. Point essentiel d'un shônen, les affrontements de ce manga sur la paix sont alors proposés en deux versions : d'un côté les subterfuges de Nana, toujours sans pouvoir, et de l'autre des combats plus classiques, mélangeant force brute et machines. La première alternative est pleine d'humour, avec des travestissements aussi loufoques que réussis. Les démonstrations de force sont malheureusement plus rares. Le seul combat d'envergure contre un haut-gradé de Xyece est rapidement expédié, rendant difficile voire prématuré tout premier jugement.

Malgré une introduction simpliste et naïve, Tripeace se rattrape de justesse grâce à son humour et fait finalement preuve de davantage de maturité, à mesure que son histoire se développe. À l'image de sa narration, le trait de Tomoyuki Maru demande encore à être maitrisé, mais sait faire preuve d'originalité. Tripeace débute logiquement comme le premier manga d'un jeune auteur ambitieux, qui s'attaque à un sujet déjà traité par les plus grands mangakas. Néanmoins le potentiel demeure, il faut donc se montrer patient... la bonne surprise n'est pas loin ! Visuels © Tomoyuki Maru / SQUARE ENIX CO., LTD.
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