Plan campus, grand emprunt … Depuis plusieurs années, l’université bénéficie d’un traitement budgétaire de faveur. Elle en avait, sans aucun doute, besoin.
Cette politique n’a, cependant, pas réussi à attirer les nouveaux bacheliers. « Les orientations prises par les bacheliers au cours des dix dernières années se caractérisent principalement par une diminution de leurs inscriptions en licence au profit d’école recrutant après le baccalauréat », précise une note de la direction des études du ministère de l’enseignement supérieur(DEPP-DVE).
85 % des bacheliers ont poursuivi, en 2008, des études supérieures. Si cette proportion est restée stable au cours des dix dernières années, les premiers cycles universitaires attirent, pour leur part, de moins en moins de bacheliers.
En 1996, 50 % des titulaires d’un bac général poursuivaient leurs études en première année de licence. Ils ne sont plus que 35 % en 2008 à choisir ce type de filière, soit 30 % de moins.
Cette désaffection touche depuis plusieurs années les meilleurs bacheliers, ces derniers préférant s’orienter vers des filières sélectives (CPGE, médecine, IUT…). Elle touche également, plus récemment, les élèves les plus fragiles de la filière générale. Ces derniers préfèrent s’inscrire dans des filières sélectives et très professionnalisantes. « Les bacheliers généraux sans mention, qui sont les plus nombreux à poursuivre à l’université, sont les plus touchés par la baisse des inscriptions en licence : celles-ci ont diminué de 15 points depuis 1996. Leurs choix se reportent essentiellement sur les écoles, souvent dans le domaine paramédical. »
L’Université reste un choix par défaut pour de nombreux bacheliers.
Neuf nouveaux bacheliers sur dix ont obtenu l’orientation qu’ils voulaient, mais « c’est en licence que les inscrits par défaut sont les plus nombreux. Ils représentent plus d’un nouvel étudiant sur cinq et quatre sur dix des bacheliers technologiques inscrits dans cette filière. »
Les bacheliers technologiques et professionnels sont de moins en moins nombreux à s’inscrire à l’université : seulement, 5 % des titulaires d’un bac pro(- 1 point par rapport à 1996) et 12 % des titulaires d’un bac technologique (- 7 points par rapport à 1996). Cette évolution est très positive car l’université constituait, pour nombre de ces bacheliers, une voie royale vers l’échec.
Tout n’est pas réglé car ce sont, aujourd’hui, les bacheliers technologiques les moins bons qui se retrouvent en plus grand nombre en premier cycle universitaire. Pour eux, les difficultés seront abondantes et l’échec garanti, même si les conditions d’études en général se sont améliorées. En effet, depuis six ans, la difficulté des étudiants à s’organiser dans leur travail a diminué de 7 points, même si elle reste ressentie par 40 % des étudiants.
Ainsi, les bacheliers plébiscitent, une nouvelle fois, les filières sélectives et professionnalisantes, au détriment des licences universitaires.Malgré le discours convenu sur la défense du service public, ils n’éprouvent aucun scrupule à s’inscrire dans des écoles privées.
Il est temps de tenir compte de cette réalité, et de tourner le dos aux interdits et aux dogmes établis par les syndicats enseignants et étudiants. L’amélioration de notre système d’enseignement supérieur, universités comprises, passera par le développement des filières sélectives et la réorientation de certains crédits vers les filières professionnelles.