Orgun est un traître à sa race, les Evoluders, des biomécanoïdes surhumains et assoiffés de conquête. Sa fuite le mène sur Terre où il se lie de façon symbiotique au jeune Tomoru, un esprit curieux épris du passé. Tous deux luttent comme un seul pour sauver la Terre de ces envahisseurs implacables… Mais la symbiose est douloureuse pour le jeune homme, en raison des expériences guerrières d’Orgun ; il semble d’ailleurs qu’un lien mystérieux unit les Evoluders à la Terre – cette guerre serait-elle fratricide ?
On reconnaît bien le style Bubblegum Crisis propre à Masami Obari dans la réalisation générale et celles des combats en particulier qui, pour le coup, témoignent d’un savoir-faire assez rare bien qu’il n’étonnait déjà plus de la part du studio Artmic à l’époque. Les designs sont de bonne facture mais sans être révolutionnaires pour autant : certains Evoluders présentent beaucoup de détails et ne vont d’ailleurs pas sans rappeler les Paranoids de Gall Force en général – gage de qualité. Si le niveau d’animation ne présente rien d’extraordinaire, il se place néanmoins plutôt au-dessus de la moyenne d’une OVA de l’époque et je n’ai noté aucun passage vraiment faiblard sur le plan technique.
En fait, le seul véritable défaut de cette production tient dans sa brièveté. Un ou deux chapitres supplémentaires auraient permis de développer davantage l’intrigue et les personnages, mais surtout les mœurs des Evoluders qui restent à peine survolés, afin de donner plus de profondeur à l’ensemble : quelques bonnes idées bien présentes restent hélas mal exploitées, voire simplement expédiées, ce qui est dommage car la plupart présentaient un potentiel certain et auraient pu largement contribuer à porter Detonator Orgun hors des sentiers battus. Sous de nombreux aspects, d’ailleurs, cette OVA ne va pas sans rappeler Super Dimension Cavalry Southern Cross (1) – et il y a de pires références que celle-là, quoi qu’en disent certains – mais aurait toutefois mérité de s’en démarquer davantage pour éviter de tomber dans ce qui apparaît maintenant comme une sorte de « stéréotype » – du moins pour ceux d’entre nous qui sont nés au début des 70s.
Mais l’ensemble reste de bonne tenue, en dépit d’un scénario assez linéaire et d’une idée déjà vue sur le média anime, bien que sous un angle pour le moins différent (2) : Tomoru a eu le choix d’accepter la symbiose, lui, contrairement à d’autres, moins chanceux, et c’est maintenant à lui de se montrer à la hauteur de sa décision ; c’est la responsabilité qu’il a accepté et elle lui coûtera, surtout en regard de sa relation à celle qui lui est chère… Au final, Detonator Orgun vaut bien qu’on y jette un coup d’œil, d’autant plus qu’il a le mérite de faire dans le bref – et si, comme moi, vous êtes fan d’animes de mechas qui sentent bon les années 80, vous apprécierez d’autant plus ce retour aux racines.
(1) au passage, et si vous êtes fan, des celluloïds originaux de cette série sont actuellement mis en vente aux enchères sur Yahoo! Japan.
(2) le thème de la symbiose entre un être humain et une entité lui conférant des pouvoirs surhumains rappelle bien sûr Guyver (Yoshiki Takaya, 1985) qui à l’époque de la sortie de Detonator Orgun avait déjà connu plusieurs adaptations ; la série TV de 2005, réalisée par Katsuhito Akiyama, en est d’ailleurs à ce jour la plus recommandable.
Note :
Cette OVA fut adaptée en jeu vidéo pour Mega-CD en 1992.
Detonator Orgun, Masami Obari, 1991
Central Park Media, 2003
3 épisodes, pas d’édition française à ce jour
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka
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