Un grand nom du cinéma d’animation nous a quitté la semaine dernière alors qu’il n’etait âgé que de 46 ans. C’est l’occasion pour moi de revenir sur la carrière pleine de chef-d’oeuvres du grand Satoshi Kon.
Ses débuts
Satoshi Kon a fait son entrée dans le monde du manga en travaillant avec Katsuhiro Otomo (le papa d’Akira) sur la Bd World Apartment Horror. Il continua de collaborer avec Otomo pour le film Roujin Z sur lequel il s’occupa de la conception des décors, et il fit ses débuts dans l’écriture en scénarisant le court-métrage Magnetic Rose, un des trois segments du film Memories.
Sa carrière de réalisateur
-Perfect Blue (1997): ce film est la première réalisation de Satoshi Kon. On y suit Mima Kirigoe, une jeune chanteuse dans un groupe d’idôle japonaise qui décide d’arrêter sa carrière pour devenir actrice. Ses débuts sont difficiles, les rôles peu intéressants et la jeune femme se pose des questions sur son avenir. Pendant ce temps, l’arrêt brutal de la carrière de chanteuse de Mima aggace certains fans dont un, Me-Mania, qui va commencer à harceler son idôle.
-Millenium Actress (2001): deuxième film du réalisateur, Millenium Actress raconte l’histoire de deux journalistes faisant un documentaire sur une très fameuse actrice japonaise. Au travers de l’interview et de ses films, nous allons suivre la vie de cette femme, à la recherche de son premier amour.
-Tokyo Godfathers (2003): Trois sans-abris, Gin, Hana et Miyuki trouvent un bébé à la veille de Noël. Ils vont ensemble écumer la ville à la recherche des parents du petit.
-Paranoia Agent (2004): cette fois-ci, Satoshi Kon touche au petit écran avec cette série de 13 épisodes, très bizarre dans son atmosphère. Paranoia Agent raconte comment les agissements d’un jeune voyou surnommé Bat Boy vont avoir des répercussions sur la vie d’une partie des habitants d’un quartier de Tokyo. La série est bien trop complexe à expliquer.
-Paprika (2006): Paprika est un film de science-fiction où un simple appareil appelé DC Mini permet à son utilisateur de pénétrer dans les rêves de personnes. Le docteur Atsuko Chiba se sert de cet appareil pour soigner ses patients jusqu’au jour où le DC Mini est volé. Bref, Inception avant l’heure.
Pourquoi il va nous manquer
Avec des réalisateurs comme Otomo ou Oshii, Satoshi Kon a donné ses lettres de noblesse aux films d’animation japonais. Tous ces films ont été distribués à l’étranger et ont tous recu des critiques positives. Beaucoup de journalistes comparait son travail à celui de réalisateurs tels qu’Alfred Hitchcock ou David Lynch, tant le propos de ses oeuvres et la réalisation faisaient preuve d’une grande maturité.
Le cinéma de Kon est destiné aux adultes tant la violence de certaines images est dure à supporter, en particulier dans Perfect Blue. La scène de viol de ce film est un grand moment de perversion et de malsain. Mais le réalisateur japonais a su nous mettre le coeur en fête avec des oeuvres plus légères comme Millenium Actress et Tokyo Godfathers, films tendres et drôles mais toutefois emplis de tristesse et de nostalgie.
On n’a cesse d’être perdu dans les films de Satoshi Kon, ce dernier aimant ballader les spectateur dans des univers haut en couleur, jouant avec les réalités pour mieux servir sa narration. Le maître faisait preuve d’une imagination débordante pour raconter ses histoires, Paprika en est le meilleur exemple tant le film passe de délires en délires, tout plus fantasques les uns que les autres.
Le cinéma de Satoshi Kon est sombre, tendre, drôle, triste, plein d’humanité, servi par une réalisation finement travaillée et des dessins très détaillés. Bref, il était, à mon humble avis, le réalisateur le plus intéressant du Japon et l’attente entre chacun de ses films va beaucoup me manquer.
Rest In Peace Satoshi Kon.