Le bel et lumineux juillet est passé... Passé, en même temps que les tournesols et les maillots jaunes, jour après jour froissés sous le cycle de l’été. C’est déjà le tournant mélancolique après l’ultime sprint des Champs-Elysées. La voix de Fignon au commentaire, le souvenir de Greg Lemond et des 8 secondes... la vie comme étincelle... les derniers discours, les promesses et les perspectives pour l’année suivante et puis l’ensommeillement du lourd mois d’août.
C’est le moment où « l’Aigle de Tolède » prend son envol, dans le soir qui tombe... le ciel est presque noir. « L’Extra-terrestre » plante son « Espada » tout au fond de la terre et « le Cannibale » s’endort près du torrent, le ventre repu... Les chemins sont désertés, le soleil a disparu. « Il Diavolo » enfonce sa fourche au sommet du Mont-Chauve. Le sol vibre de chaleur accumulée. L’écho s’emplit d’une rumeur sauvage, le « Champion hénissant » retourne à l’écurie du même pas que « le Texan ». L’air est lourd, il descend doucement dans la vallée. Au pied du col de l’Angoisse, « Le Blaireau » inspecte son terrier, et, au seuil de la grande traversée, « le Pirate » plante son drapeau noir...
Ils sont encore tous là, autour du sommet impitoyable. Ils savent qu’aujourd’hui le maillot jaune de Laurent Fignon s’est en allé avec le jour. Federico Bahamontès, Miguel Indurain, Eddy Merckx... Le vent se lève. Claudio Chiapucci, Ferdi Kubler, Lance Armstrong. La lune pointe... Bernard Hinault, Marco Pantani. La nuit tombe. Les ombres immenses décollent des montagnes et viennent alimenter les rêves.