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Plaidoyer pour un grand incompris

Publié le 01 septembre 2010 par Delanopolis
Notre ami Jean-Marie Saugey nous a envoyé un texte où il livre son analyse du projet de transaction entre Delanoë, l'UMP et Chirac. Comme d'habitude PariBao, le Dazibao de Paris, ne censure pas une virgule de ce qu'on lui envoie, quand bien même il n'est pas d'accord sur tout, vous le comprendrez dès la première ligne ! Plaidoyer pour un grand incompris "Je raffole de Bertrand Delanoë, je ne m’en lasse pas.

Certes l’homme ne m’est pas sympathique, j’ai peu de goût pour l’hypertrophie de l’égo camouflé par une modestie ostentatoire, le creux dissimulé sous le strass et les paillettes, l’étalage de grands sentiments et la réalité des petites combines. Mais le politicien…le politicien, il est inégalable… je ne me lasse pas de l’admirer. On pourrait parodier à son sujet la formule d’Audiard : « Si les pantalonnades se mesuraient il servirait de mètre-étalon….Il serait à Sèvres ».

Certes, il y a dans la droite parisienne des politiciens retors, des égos hypertrophiés, des fanatiques de la « com », mais on est très loin de l’excellence atteinte par l’actuel Maire de Paris. Seule, peut-être, madame Dati dans le domaine du strass et des paillettes peut espérer approcher les performances de monsieur Delanoë, encore qu’il lui faille encore un peu de temps pour donner sa pleine mesure. Ayons confiance, elle est encore jeune… Mais surtout sur le plan de la manœuvre politicienne, la droite ne boxe pas dans la même catégorie de poids. Prenons par exemple, la récente histoire du remboursement de l’UMP et de Jacques Chirac lui-même à la Ville de Paris des frais liés aux « emplois fictifs » du RPR.

Je n’hésite pas à dire qu’il s’agit de la part de Bertrand Delanoë d’un coup de génie politicien. Faut-il vraiment tout expliquer ? Quant au fond, ce n’est rien : deux millions par rapport au budget de Paris, c’est une somme dérisoire. C’est donc de la poudre aux yeux que les déclarations du Maire de Paris sur son souci de préserver les intérêts du contribuable parisien. En réalité c’est une manœuvre politique. Pour la droite, c’est démontrer qu’on n'est pas dans la lutte du Bien (le PS) contre le Mal (l'UMP) mais dans une lutte démocratique apaisée n'en déplaise aux Robespierre de prisunic. Accessoirement c'est éviter d'en remettre une couche en pleine campagne présidentielle, ce qui serait très inopportun. C’est gentil, c’est classique, mais ça ne va pas très loin.

Autrement plus brillante est la manœuvre Delanoesque. Elle se situe selon moi sur trois niveaux, et je ne suis pas sûr d’avoir tout vu. Dans un premier temps, il a fallu que notre Bertrand Delanoë justifie vis-à-vis du PS d’avoir passé l’éponge dans cette affaire. De fait, c'est éviter en pleine campagne électorale de s'en prendre judiciairement à un vieil homme, tellement populaire qu'on lui amène les enfants à bénir dès qu'il met les pieds hors de chez lui. Faire ça, aller au procès, ça aurait été perçu comme de l’acharnement et du sectarisme de la part du PS, ce dont l’électorat à toujours eu horreur. Mais en réalité pour Delanoë, passer un tel accord avec l’UMP c’est faire étalage d’une connivence entre les deux grands partis et c’est donc sciemment affaiblir le PS sous prétexte de le renforcer. C’est aussi démontrer à postériori que les fameux qualificatifs dont le P.S. accablait à une certaine époque le « Chi » : "facho-chirac", "super-menteur", "super-voleur", « Chirac l’agité », c'était en définitive une posture de marketing politique et rien de plus.

Le calcul de Bertrand Delanoë, c’est que l’électorat, y compris de gauche, ne manquera pas de faire le rapprochement avec ce qu'on entend aujourd'hui sur Nicolas Sarkozy... Car l’objectif réel de notre subtil Maire de Paris est en réalité de savonner la planche de ceux qui ont été ses compétiteurs pour les primaires du P.S. Ceux qui ont eu l’impudence de l’écraser dans le vote militant, madame Aubry, madame Royal.... Alors, comme le dit monsieur de La Fontaine : « ils sont trop verts dit-il et bons pour les goujats »…qu’importe handicaper, ou même faire perdre le candidat du P.S. puisque ce candidat, ce ne sera pas LUI.

Chez Bertrand Delanoë, la vengeance est un plat qui se mange froid. Chapeau l’artiste, ça c'est de la politique. Honnêtement, trouvez moi un seul, je dis bien « un seul » politique de la droite parisienne capable d’imaginer un truc aussi tordu…il n’y en a aucun.

Jean-Marie Saugey"


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