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Faire maigrir l’Etat : pourquoi ?

Publié le 24 décembre 2007 par Pierre

dd.jpgNicolas Sarkozy nous le serine à longueur de journée : il est le Président de la rupture, de l’efficacité et du pragmatisme. Un des exemples fréquemment évoqué pour justifier cette posture est la réforme de l’Etat. L’Etat-Providence lourdement endetté, l’Etat obèse qui écrase les plate-bandes du secteur privé, l’Etat bureaucrate qui étouffe les entrepreneurs dynamiques.

Au nom de cette recherche d’efficacité et de minceur, Sarkozy justifie nombre de réfomes visant à faire reculer la présence de l’Etat. En vrac, citons :

  • La réduction du nombre de fonctionnaires,
  • La responsabilisation des salariés pour améliorer leur pouvoir d’achat ‘ (« je suis pas le Père Noël, prenez-vous en main, travaillez plus »),
  • La poursuite de la réduction de la présence des hôpitaux,
  • Etc.

A côté de cela, on constate que les banlieues sont dans une situation de plus en plus grave, résultat d’un déficit dramatique de l’Etat dans des quartiers qui cumulent déficits urbanistiques, économiques et sociaux.

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On constate aussi que la recherche contre les maladies est de plus en plus financée par des associations qui font appel à la générosité populaire. Sidaction, Téléthon, etc. Le principe est louable en soi, mais il marque quand même la démission dramatique de l’Etat dans la recherche médicale. Résultat, cette recherche dépend de la capacité des associations à émouvoir le public, dans une sinistre concurrence entre les maladies.

Parallèlement, on peut pointer de nouveaux champs dans lesquels la présence de l’Etat sera indispensable lors des prochaines années :

  • Le réchauffement climatique, et la nécessité d’imposer une régulation à des forces économiques qui raisonnent sur des logiques de court terme, non compatibles avec la pérennité de notre planète ;
  • Le vieillissement de la population, et la forte hausse à venir des besoins en santé… tendance très peu cohérente avec la stratégie de repli de ces services imposée par les réformes successives de l’Etat ;
  • Les phénomènes de précarisation et d’émergence des travailleurs pauvres, qui démontrent chaque jour davantage que croissance économique n’est pas forcément synonyme de justice sociale ;
  • Le déficit de compétitivité de l’économie française (qui se traduit notamment par la faiblesse de sa balance commerciale), qui ne pourra se résorber que par une action forte sur la recherche et l’innovation.

Bref, sur tous ces thèmes, on a besoin de plus d’Etat. Il ne s’agit pas de promouvoir un Etat omnipotent, mais de reconnaître que les années à venir ne seront pas forcément celles du « marché-roi ».

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Plutôt que d’affirmer de manière idéologique qu’il faut moins d’Etat, pourquoi ne pas commencer par améliorer l’efficacité de son fonctionnement ? Les 96 mesurettes proposées par Eric Woerth sont bien loin du compte. Pourquoi garde-t-on 36 500 communes en France ? Pourquoi encore des départements ? Pourquoi une décentralisation inachevée, donc lourde, redondante et illisible ? Tout cela nous coûte des milliards d’euros chaque année.

Commençons donc par clarifier ce système lourd et inadapté, et par nous demander sur quels champs l’action de l’Etat est et sera utile. Une telle réflexion de fond semble indispensable ; il serait dommage que celui qui fut élu en mai dernier la sacrifie sur l’autel d’une illusoire pseudo-modernité.

Fred


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