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Licencier plus pour gagner plus !

Publié le 02 septembre 2010 par Xaviercaron

Une etude aux USA montre que plus les patrons de grandes entreprises licencient plus ils sont payes . Les patrons des 100 plus grosses entreprises ayant le plus licencie gagnent 40 % de plus que les patrons des 100 plus grosses entreprises ayant le moins licencie. Ce n’est pas rien.

Comment pouvons nous expliquer ce paradoxe : dans un monde dans lequel l’essentiel des renumerations des grands patrons est lie aux resultats, comment les patrons des entreprises malades ( celles qui licencient) peuvent-ils gagner plus que ceux des entreprises en bonne sante (qui ne licencient pas) ?

Cette question semblera surement futile mais dans le cadre d’une tentative desesperee de trouver du sens, si ce n’est un sens, a un monde qui semble perdre le nord, elle ne me parait point inutile

Candide de retour a Paris en ce debut de 21 eme siecle pourrait croire que cette augmentation du salaire des patrons licencieurs est destinee a compenser leur inconfort moral; licencier des milliers de personnes ne devant pas aller, chez un etre humain normal sans quelques douleurs de tete.  J’ai eu un patron, a Lyon, qui n’avait jamais pu se remettre completement du suicide d’un directeur d’agence alcoolique qu’il avait licencie sur l’insistance de la DG, en depit de son intuition qui lui disait que ca n’aller pas se passer bien …

Detrompons rapidement notre naif ami:Les grands patrons dont nous parlons partagent en effet avec les communistes et les fascites la conviction qu’il est moral d’agir en fonction du bonheur du groupe,serais-ce au prix du desespoir de l’individu. (La difference entre les trois etant sur ce point uniquement dans la definition du groupe).Le proces des criminels de guerre nazis a Nuremberg a suffisement demontre que l’homme qui estime
obeir a des lois justes et morales ne souffre en rien des crimes, quelque atroces qu’ils soient commis au nom de
l’ideologie qu’il partage.
Serait-ce alors que ce sursalaire est destine a compenser l’effroyable reputation qui entacherait la reputation d’un patron elagueur ? Que Nenni,nous ne sommes plus au dix neuvieme siecle,mais au 21 eme et la reputation d’un patron n’est en rien salie par les coups de sabres qu’ils va donner ici ou la pour pratiquer des coupes claires dans les effectifs, bien au contraire. Sa valeur augmente, comme en 14 18 augmentait le prestige des generaux dont les troupes etaient le plus decimees.

Plonge dans ma recherche,je me rappelais d’une reflexion de mon pere. Celui ci qui avait fait toute sa carierre dans le meme gros groupe (ABB) avait mis du temps a comprendre les changements qu’il avait vecu. Apres coup, il les expliquait comme ceci: Dans le debut des annees 50, les employes entraient dans une grande entreprise pour y faire toute leur carierre: le plus important etait donc l’entreprise et sa sante ; personne n’aurait pris de decisions contraire aux interets de l’entreprise, cela serait revenu a scier la branche sur laquelle on etait assis. A partir des annees 80, le cadre devient vagabond, il est fidele a son plan de carierre plus qu’a son entreprise. Durant les dernieres annees du vingtieme siecle, la financiarisation croissante de l’economie et la modification de la repartition de la richesse cree par l’entreprise conduit a valoriser les resultats financiers a court terme au detriment de la creation de richesse a long terme. Je m’explique car j’ai promis que cet article serait aussi pour les nuls: Prennons Monsieur LEGOISTE et Monsieur LESERIEUX, Tous les deux sont nommes le meme jour dirrigeants de deux filiales de deux grands groupes . Les deux filiales fabriquent des moulinets de canne a peche et font a peu pres le meme CA (10 millions d’euro) et le meme resultat (5% du CA).

Monsieur Legoiste sait bien ce que lses patrons du board veulent, des son arrivee il travaille la rentabilite. Un poste represente a lui seul 10 % du CA: la recherche et developpement. Dans ce secteur tres technique, le temps de maturation pour transformer une idee en produit et d’environ cinq ans. Monsieur Legoiste espere bien qu’il ne sera plus la dans cinq ans, pour lui ce poste est un tremplin pour une direction europe dans le groupe ou a l’exterieur. En diminuant par deux le cout de la R et D, il fait mecaniquement passer son resultat de 5% du CA a 10 %.

Dans le meme temps, Monsieur Leserieux pense benoitement que ses patrons lui confient la maison pour en assurer le futur, il garde une R et D performante et tout son zele lui permet de grapiller un petit point de resultat . Au bout de trois ans, Monsieur Legoiste est nomme DG europe du groupe grace aux resultats remarquable qu’il a connu chez MOULINEAU. Monsieur Leserieux (qui n’a pas reussi a empocher le moindre bonus compte tenu de la stagnation de ses resultats) lui, sera licencie lorsque MOULINEAU rachetera sa societe grace aux remarquables resultats financiers degages permettant de lever des fonds …

Le rwpport avec notre question sur le licencier plus pour gagner plus ? L’application continuelle de ce principe de valorisation des resultats a court terme (imposee par une renumeration BASEE SUR DES DONNEES ANNUELLES)a conduit les dirrigeants a une vision autocentree: leur salaire devenant en quelque sorte la note de fin d’annee. Pour etre fier de soi, il faut gagner plus, il faut donc que le resultat de cette annee soit meilleur que celui de l’annee derniere si ce n’est en valeur absolue, pour le moins en pourcentage. Il existe de nombreux moyens pour y parvenir, mais le moyen le plus rapide et le plus efficace a court terme est indeniablement le licenciement des travailleurs les moins directement productifs,  seniors en tete. (car ils ont beneficies a leur embauche de salaire infiniment superieur a ceux d’aujourd’hui et ont avec l’anciennete un differentiel de salaire tres important avec leurs collegues jeunes alors meme que certains sont totalement demotives par une entreprise qu’ils ne comprennent plus et voient donc leur productivite diminuer)

Mon pere,sur ce coup avait tout compris et le degout que ce vieux patron a l’ancienne avait pour les nouveaux jeunes loups (dont il craignait que je ne fasse partie) lui avait permis de prendre avec plaisir la porte qu’on lui montrait alors meme que le travail avait represente toute sa vie…

Au vingtieme siecle, les entreprises qui allaient mal licenciaient et se redressaient parfois, celles qui allaient bien faisaient du gras et les beaux jours de leurs employes. En ce debut de 21 eme post industriel, les entreprises qui vont bien licencient pour augmenter leur ROA* Peu leur importe ce que sera leur Bizness demain, ce qui importe est de degager un ROA maximum afin d’atirer des fonds permettant de racheter des entreprises saines, degageant un ROA inferieur afin de renouveller l’operation, licencier pour augmenter le ROA, etc…
Et les entreprises ainsi massacrees, que deviennent’elles au bout des cinq ans ? Soit elles disparaissent tout simplement (nouveaux chomages a la clef), soit elles sont fusionnees avec des entreprises saines rachetees ( economie de postes a la clef), mais c’est bien le cadet des soucis de nos dirrigeants qui amassent de plus en plus. Jusqu’a quand ce non sens durera-t’il ? Et comment les pays les plus riches qui semblent peu a peu comprendre l’impasse de la situation  vont-ils faire face a la deferlante des groupes industriels de pays emergeants, ayant compris a fond les regles du jeux qui entrent chaque jour un peu plus dans la danse et n’acceptent aucune regulation ?

XAVIER CARON 01/10/2010


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