A Serbian Film: la colère nous vient de Serbie !

L'histoire: En Serbie, Milosh, une ancienne star de films porno est désormais marié à une ravissante femme et père d’un jeune garçon. Sa nouvelle vie pourrait être parfaite, s’il n’avait besoin de faire attention aux fins de mois. Un jour, une ancienne collègue de travail lui propose de rencontrer Vukmir, un homme riche ayant pour ambition de réinventer le cinéma pornographique. L’offre que fait Vukmir à Milosh est astronomique et le mettrait à l’abri du besoin pendant un long moment. Après une petite hésitation, Milosh accepte la proposition. Ce qu’il ne se doutait pas, c’est que cette acceptation allait l’embarquer dans un Snuff porn, film dans lequel femmes, enfants, hommes allaient être humiliés, torturés, violés puis assassinés.

Attention, il ne s'agit pas d'une chronique de A Serbian Film, le film ayant déjà été évoqué sur ce blog. Non, il s'agit plutôt de parler des différentes thématiques de cette oeuvre qui continue de faire du bruit sur la Toile. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresserait, A Serbian Film est enfin disponible en téléchargement: il suffit de taper le titre du film sur google...

Toujours est-il que cette oeuvre choc et probablement la plus violente et la plus malsaine de l'histoire du cinéma (Philosophy Of A Knife est enfin détrôné !) fait polémique.
Comme souvent pour ce genre de film, il y a ceux qui aiment le style et ceux qui détestent... Quoi qu'il en soit, A Serbian Film fait parler de lui et secoue, tant par ce qu'il montre que tant par ce qu'il dénonce.

Attention, SPOILERS ! La Serbie est désormais un pays sans repères et Milosh, une ancienne star du porno, tente de survivre et de nourrir sa petite famille (sa femme et son petit garçon).
Pourtant, un jour, un producteur de films pornographiques propose à nouveau à Milosh de se mettre en scène pour un salaire qui lui permettrait enfin d'écouler des jours paisibles.
Milosh accepte... Bienvenue en enfer !

Sous l'emprise de la drogue, Milosh tourne des séquences chocs pour le besoin d'un nouveau marché qui se développe en Europe. En effet, il existe un public toujours plus demandeur de films pornos hardcore, le but étant de proposer des long-métrages toujours plus trashs et malsains.
Bienvenue dans le monde de la torture porn ! Et dans ce domaine, A Serbian Film ne plaisante pas et délivre largement la marchandise, le tout étant présenté par une mise en scène pour le moins bluffante.

Drogué à son insu, Milosh découvrira les vidéos qu'il a tournées... On verra notamment le héros violer une femme, la torturer puis lui couper la tête après évoir éjaculé...
Et encore, là je cite l'une des scènes les plus softs de ce long-métrage... Mais attention, A Serbian Film n'est pas uniquement une boucherie sanguinaire totalement débile.
Le but est ici de dénoncer un nouveau marché de vidéos malheureusement visibles sur le net: femmes abuseés et exécutées, enfants violés et même des jeunes bébés déjà utilisés dans cette nouvelle industrie qui échappe à tout contrôle dans un pays ruiné et dénué de tout repères.
Telle est la critique de A Serbian Film, justement interdit aux moins de 18 ans. Vous êtes désormais prévenus...

Ensuite, hier, un article des Inrocks est paru sur A Serbian film. Je vous laisse découvrir l'article en question (que je me suis permis de retranscrire ici):

Une question a obsédé le public du festival britannique Film4 FrightFest qui s’est achevé hier : "What the f*** with "A Serbian Film" ?" Après une semaine de tractation qui a opposé le comité de censure de la Grande-Bretagne, le British Board of Film Classification (BBFC), aux distributeurs de la société Revolver, les programmateurs du festival ont décidé d’annuler la diffusion d’A Serbian Film, jugé trop violent.

Une première pour le Film4 FrightFest, rendez-vous du cinéma bis et des péloches les plus dérangées, qui comptait dans sa sélection 2010 des films comme le remake du rape and revenge sulfureux I Spit on Your Grave. Mais aussi A Serbian Film, qui suscite la polémique depuis le début de sa carrière internationale.

Les programmateurs refusent de présenter une version censurée

Après avoir visionné A Serbian Film, le comité de censure britannique avait exigé des distributeurs 49 coupes pour une durée censurée d’environ 4 minutes, conditions impératives pour que le film soit "simplement" interdit aux moins de 18 ans et non pas classé X.  "Le réalisateur à lui-même déclaré que "A Serbian Film" était conçu comme une allégorie de la Serbie. Et le Conseil admet que les images sont destinées à choquer, mais la violence sexuelle et sexuée va bien au-delà de ce qui est acceptable pour une classification aux moins de 18 ans", a déclaré la BBFC dans un communiqué.

Plus précisément, c’est une scène de viol sur un enfant qui a alerté le comité : "Bien que la Commission ne considère pas ces images comme susceptibles de contrevenir à l’acte de protection des enfants daté de 1978 (…) nous pensons que l’intervention est plus prudente", ajoute le communiqué. Refusant de présenter une version censurée du film, les programmateurs du Film4 FrightFest ont donc préféré annuler la projection de samedi soir.   

"Une représentation des méfaits du gouvernement"... subventionnée par l'Etat

Mais pour le réalisateur du délit, Srdjan Spasojevic, qui signe avec fracas son premier film, cette violence infligée à ses personnages est "une représentation des méfaits du gouvernement serbe". Un discours d’autant plus surprenant que le film a été financé en partie par la très sérieuse institution d’Etat Film Center Serbia, équivalent du CNC français. Destiné au marché international et à une diffusion en festival, il devait être un outil de promotion de la nouvelle scène culturelle serbe.

Dans la Serbie de Srdjan Spasojevic, il est donc question de prostitution, de pornographie et du vieux mythe du snuff movie (qui entretient toujours l’imaginaire du cinéma bis). Mais le réalisateur, qui invoque les premiers Cronenberg et David Lynch comme figures de référence, défend son film –conspué à peu près partout où il est montré– et rejette les accusations de racolage. L’opération de marketing fonctionne malgré tout, et le film poursuit sa petite tournée internationale qui le mènera à Paris le 10 septembre à l’Etrange Festival. Sauf si la Commission de classification du CNC s’en mêle.

Voici le lien qui mène vers l'article: http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/49848/date/2010-08-31/article/a-serbian-film-trop-violent-pour-le-comite-de-censure-britannique/